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Blogue citoyen

7 février 2015 10 h 58

LA CHASSE AUX PHOQUES GRIS

| Chaque histoire de chasse a ses secrets, ses stratégies, un mariage de sérieux, de patience, de passion et un gibier farouche mais GROS comme ça!

Voici l’histoire de la toute première expédition de chasse aux phoques gris. Quatorze hommes sont partis le 22 janvier dernier à minuit, à bord du Jean Mathieu, un acier de 65 pieds, en direction de l’Île Brion. L’Île Brion c’est la manne. Inhabitée depuis plusieurs décennies, on estime à environ 5000 têtes son troupeau de phoques gris. Il y en a tellement là-bas, qu’il y en a jusque dans le bois. Le voyage a duré trois jours, la chasse s’est faite sur quelques heures seulement et les gars sont revenus avec 400 phoques dans la cale du bateau. Pas mal pour une première!

Paperasse et pépperettes

Avant cette première de chasse il y a nécessairement eu beaucoup de documents à remplir et de paperasse à gérer. Contrairement au phoque du Groenland, chassé et commercialisé depuis longtemps, ça fait seulement, environ un an, qu’on a octroyé à Réjean la permission de commercialiser le phoque gris. Réjean, c’est  le maître-boucher, le chasseur, le négociateur, le point central de cette industrie qui survit. L’expédition dont je vous parle s’est déroulée il y a environ 2 semaines et déjà la viande est sur les tablettes …chez Réjean! Steak, terrine, rillette, saucisse, loup marin fumé et le produit préféré de mes enfants : le mini-saucisson communément appelé la pépperette de loups marin. Si vous venez aux Îles et que vous voulez y goûter, si vous voulez comprendre les enjeux de l’industrie ou juste entendre une bonne histoire de chasse, demandez où vous pouvez le trouver. Réjean Vigneau. Trésor national.

Chasser des phoques, récolter des questions

Pour réussir à stabiliser le troupeau de phoques gris du Golfe qui, en cinquante ans, est passé de 5000 à 500 000, on m’a expliqué qu’il faudrait tout dérèglementer : chasser plus longtemps des phoques de tous âges, avoir droit à de plus gros bateaux, obtenir le droit de chasser à l’Île de sable  (Parc National) où se situe 80% du troupeau,  chasser avec à des techniques plus efficaces, des silencieux sur les carabines et pourquoi pas des filets…Par souci pour la tradition et par passion, les chasseurs madelinots chassent toujours. Leur patience est plus vive que la volonté des gouvernements. Contrairement aux chasseurs du continent qui planifient leurs congés en fonction de leur envie de chasser le gros gibier en forêt, ici les chasseurs peuvent aller chasser seulement quand certaines conditions sont réunies et rarement ils avouent qu’ils ont hâte. Naviguer sur une mer d’hiver pour atteindre les bêtes, c’est difficile, mais devoir faire avec la règlementation en place c’est extrêmement dur. Les gars disent tous que c’est leur dernier voyage. C’est pas rentable, ils n’iront plus, y’a pas de marché… Heureusement, chaque fois, on leur propose quand même de faire partie du voyage. Chaque fois, ils en font partie.

Si vous voulez comprendre les enjeux de l’industrie ou juste entendre une bonne histoire de chasse, demandez où vous pouvez le trouver. Réjean Vigneau. Trésor national.