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Blogue citoyen

20 mars 2015 16 h 01

LA FATIGUE : ENNEMI NUMÉRO UN D’UN PARENT

DES STATISTIQUES ENDORMANTES
Le guide Mieux vivre avec notre enfant, la référence québécoise, indique une période d’adaptation approximative de deux ans à une femme avant d’équilibrer les différentes sphères de son existence et son nouveau rôle de mère. Les risques de dépression chez les parents y sont également mentionnés. D’après une étude britannique réalisée en 2013, papa et maman accuseront un déficit [un investissement rentable] de 44 jours de sommeil au cours de la première année de vie d’un bébé. Imaginez si on effectuait le calcul jusqu’à la majorité.

ATTENTION AUX GÉRANTS D’ESTRADE
Au hockey, les gérants d’estrade abondent; dans la parentalité aussi. Même le gars, célibataire endurci, incapable de prendre soin d’une plante verte sans en causer la perte, recèle de bons conseils en matière d’éducation des enfants. Chers parents, il faut malheureusement s’y résigner! Des recommandations infantiles et infantilisantes vous en obtiendrez sans en demander. Personnellement, elles m’amènent parfois à douter de moi-même…

En fin stratège, je hoche la tête en signe de consentement devant toute proposition. Par la suite, bien… j’agis à ma guise. De cette façon, j’évite un débat interminable pour défendre mon point de vue qu’ignorerait mon interlocuteur, détenteur de la vérité sur, notamment les coliques, le choix des activités parascolaires ou encore sur l’heure du couvre-feu. De précieuses minutes sont ainsi préservées. Ce n’est pas du luxe, considérant le mois et demi d’insomnie provoquée.

DES MYTHES À ÉCRASER
J’éprouve beaucoup de respect et d’admiration pour les générations qui m’ont précédée. Cependant, de comparer ma maternité à celle de l’aïeule, dont la descendance est aussi nombreuse que les étoiles dans le firmament, ne m’avance en rien. Sur quelles bases effectuer la comparaison entre moi et une arrière-grand-mère, qui a accouché à son insu de ses triplets en finissant de labourer à mains nues le jardin de deux acres? Comme un insecte qui troue un morceau de tissu, cette image de femme forte s’attaque à mon estime. Et, ma confiance en mes aptitudes s’en trouve effilochée. Alors, pour préserver mon énergie, les histoires de supers ancêtres, je les range dans les boules à « mythes ». Autres temps; autres mœurs.

PAS PLUS VERT CHEZ LE VOISIN
Trop souvent, les parents excellent dans l’autoflagellation. En experte de « je me mets de la pression inutile sur le dos », je me fixe des objectifs familiaux irréalistes tout en me sentant médiocre de ne pas les atteindre. Je me culpabilise de ressentir de la fatigue. C’est pourquoi je partage mes angoisses avec mes pairs. Eh oui, d’observer que d’autres mamans et papas ont les traits du visage tirés me rassure. De constater sur les réseaux sociaux que ces derniers ont, eux aussi, été photographiés à leur insu lorsqu’ils étaient profondément endormis, avachis sur un sofa avec, tel un nourrisson qui perce ses premières dents, un filet de bave sur le menton me soulage.

EN TOUTE NORMALITÉ
Mes filles et mon fils trônent sans conteste parmi les sept merveilles de mon monde. Même si j’éprouve pour eux un amour inconditionnel, je reconnais que quelquefois je modifierais la définition du mot « enfant » du Dictionnaire jeunesse, qui me semble incomplète : « Petit garçon ou petite fille avant l’âge de l’adolescence ». Je préciserais par : « syn. Petit monstre [moɔ̃str] selon l’équation niveau de patience parentale par opposition au dynamisme enfantin déployé. Termes tenant compte de variables conjoncturelles telles les journées de la semaine et la quantité de friandises ingurgitées ».

Loin de l’androïde, je suis un humain normalement constitué. Je juge comme une force, et non une faiblesse, de reconnaître mes limites et de demander de l’aide au besoin. Il reste que c’est tout un défi d’assumer au quotidien la responsabilité d’un petit être, qui grandira, mais demeurera toujours un garçonnet, fillette ou petit monstre, à nos yeux de parent.