LA LEÇON D’HENRI…
Ça m’est arrivé il y a quelques semaines, en jasant avec un collègue. Un collègue que tout le monde aime. Ok, je n’ai pas sondé tout le monde, mais c’est impossible de ne pas l’aimer! Toujours le grand sourire, toujours une étincelle dans les yeux. Ce collègue, c’est Henri.
Chaque fois que je le croise, il me parle hockey. Pas du Canadien, ni des Bruins, mais des Vikings de Carleton-sur-Mer, niveau novice. Voyez-vous, un de mes fils joue avec le petit-fils à Henri. « Quelle game! » me dit-il, « On a patiné comme ça se peut pas! », « Sont-tu assez beaux à voir!». Il ne tarit jamais d’éloges pour ces petits hockeyeurs.
Mais mon collègue-grand-papa a un enthousiasme que je n’ai pas, ou que je n’avais pas du moins, en parlant de hockey. Jusqu’à ce fameux mercredi où il me confie avoir pris son vendredi de congé pour assister au tournoi à Bonaventure : « Ça n’arrive qu’une fois! » me dit-il, toujours avec son grand sourire. Ce à quoi j’ai failli répondre du tac au tac « Une chance! »
Et c’est à ce moment-là que ça s’est produit. Vous savez ces instants où l’on a l’impression de sortir de son corps et de se regarder comme on regarde un étranger? Ça m’a frappée en pleine face : j’ai détesté ce que j’ai constaté.
Comment se faisait-il qu’Henri puisse être si positif, si plein d’entrain en parlant du hockey de ses petits-fils et que moi je maugréais plus souvent qu’autrement quand ce sport était évoqué? Pourtant, mes garçons s’y investissent avec cœur, plusieurs heures par semaine. Ce ne sont pas des maniaques qui tapissent leurs chambres d’affiches de Carey Price ou PK Subban, mais tout de même, ils travaillent fort pour devenir meilleurs et ont un réel plaisir à jouer au hockey. Comment expliquer qu’à chaque fois que j’entends parler d’un tournoi à venir, ou d’un match à l’extérieur, je roule les yeux au ciel, et je n’hésite jamais à dire qu’on peut bien passer un tour…
J’ai réfléchi à l’effet que ça pouvait avoir sur mes fils de me voir si négative, si désintéressée d’une activité qu’ils affectionnent, qui fait partie de leur vie. Je faisais preuve d’égoïsme. Moi qui ne cesse de leur répéter d’être positifs, de s’intéresser aux autres, que le don de soi était primordial pour une société harmonieuse. Bravo championne! Je faisais exactement le contraire de ce que je prêchais.
Parce que dans le fond, l’important, c’est que je sois là pour les encourager et les appuyer dans leurs choix à eux. Que ce soit un sport, un ami, un travail éventuellement, je vais devoir respecter leurs choix, peu importe qu’il me plaise ou non. À quoi bon bouder? À qui est-ce que ça sert?
Non, je ne deviendrai pas la gérante de leur équipe de hockey. Oui je vais continuer à détester le froid, l’humidité et l’odeur des arénas. Non je ne serai pas élue « hockey mom » de l’année. Mais oui je vais m’efforcer de m’intéresser à eux dans la pratique de notre sport national, de leur poser plus de questions, d profiter de ces moments où ils sont encore si présents dans notre vie, et où ils ont encore tant besoin de nous au quotidien.
C’est fou comme parfois, quelques mots suffisent à nous faire voir la vie autrement.
Merci Henri…