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Société
2 avril 2015 11 h 00

L’ISOLATION

Hiver 2015. Les blizzards font la queue leu-leu quelque part dans le ciel. Ils ont tous pour destination l’archipel des Îles-de-la-Madeleine. Plongés à répétition dans l’isolement total, alors que les murs de la maison définissent le seul territoire possible, plusieurs insulaires vivent leurs expériences sur la toile. Les réseaux sociaux : une autre façon d’être ensemble. Par dizaines, des images explicites aux bancs de neige disproportionnés apparaissent. Parmi le lot, un titre d’album photo Facebook me plonge dans une réflexion. Il est écrit : « Encore en isolation ».

Le choix du mot isolation plutôt qu’isolement m’a fait sourire. J’ai cru à une faute. Puis, un grand frisson a traversé mon esprit : et si on se trompait depuis toujours en parlant d’isolement? Pourtant si près dans le dictionnaire, l’isolation m’est alors apparue comme une solution de rechange contrastée au mot isolement et au négatif qu’il contient. Mot doux, intime, confortable, chaud comme une couverte et sympathique comme un chalet construit avec amour, le mot isolation contient une sorte de : « Je choisis ma position », tandis que le mot isolement possède une connotation de force plus grande que soi.

Faites l’exercice à voix haute. Dites : j’aime l’isolation. Puis, dites : j’aime l’isolement. Lequel vous convainc le plus?

Si plutôt que d’avoir le sentiment d’être cloué au milieu d’une mer glacée, où partout ailleurs sur les côtes continentales ça grouille, ça se réjouit et ça jouit, nous nous sentions pour une fois, à l’abri de la jungle, du bruit qui court, de cette vie sans pause qui rend fou. Car la tempête à ceci de gentil, elle permet l’arrêt. Dans l’hiver madelinot réside un équilibre. Choisir d’habiter la cible de nombreuses et fortes tempêtes, y résister collectivement, en isolation, permet la modestie nécessaire pour habiter le paradis de l’autre côté de l’hiver.

Bon printemps!