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16 juin 2015 10 h 16

PALETTE DE COULEURS POLITIQUES

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Plus près de nous, le comté de Bonaventure a été associé pendant longtemps à la couleur rouge, surtout à compter de 1956, lorsqu’un jeune avocat de 30 ans, Gérard D. Levesque, s’est fait élire pour la première fois. Cela se passait le 20 juin, alors que le nouveau député Levesque a défait l’unioniste Henri Jolicoeur qui avait été député de Bonaventure durant une quinzaine d’années, soit de 1936 à 1939 et de 1944 à 1956.

Dans cette campagne électorale du printemps 1956, Gérard D. Levesque a profité d’un vieux fond rouge, selon l’expression consacrée, présent dans le comté de Bonaventure. En effet, si on retourne dans l’histoire, on se rend compte que le député Lévesque n’a fait que prendre la relève d’une très longue occupation du comté de Bonaventure par le parti libéral, entrecoupée par les deux mandats de l’unioniste Jolicoeur.

À compter de 1890 et jusqu’en 1936, c’est le parti libéral qui a occupé le siège du comté à l’Assemblée législative du Parlement de Québec. Durant ces 46 ans de règne libéral, quelque six députés se sont succédé à ce poste, le plus connu d’entre eux étant Honoré Mercier, député de Bonaventure de 1890 à 1894, qui a été alors premier ministre du Québec jusqu’au 21 décembre 1891. En 1936, une vague unioniste frappera le Québec avec Maurice Duplessis en tête qui remportera 76 sièges contre 14 pour le libéral Adélard Godbout. Vingt ans plus tard, les libéraux se réinstalleront solidement dans le siège de Bonaventure au Parlement de Québec

Cette occupation du parti libéral s’est étalée sur 10 élections consécutives, soit 1956, 1960, 1962, 1966, 1970, 1973, 1976, 1981, 1985 et 1989, toutes remportées par Gérard D. Levesque. Phénomène assez particulier, la longévité de Gérard D. Levesque lui a permis de vivre plusieurs étapes importantes de l’histoire politique du Québec. Ainsi de 1956 à 1960, il fut aux premières loges pour assister au dernier mandat du gouvernement unioniste de Maurice Duplessis, qui allait mettre fin à cette période qualifiée de « Grande noirceur » par les historiens. Il a également connu la Révolution tranquille des années 60 et la mise en place du Québec moderne, la montée du nationalisme québécois, avec l’Union nationale de Daniel Johnson puis les années Robert Bourrassa au début des années 1970 et les grands chantiers de la Baie James et des Olympiques de 1976. Sans oublier bien sûr, la vague péquiste qui balaya le Québec en novembre 1976, mais sans toucher le comté de Bonaventure.

Avec ses dix mandats consécutifs, au sein de cette forteresse libérale, Gérard D. Lévesque a établi un record de longévité à l’Assemblée nationale, depuis sa première élection le 20 juin 1956 jusqu’à son décès, le 17 novembre 1993. Un record s’étalant sur 37 ans et 5 mois, ce qui a permis à Gérard D. Levesque de devancer Louis-Alexandre Taschereau qui détenait ce titre avec 35 ans et 8 mois. Une distinction effacée depuis par le péquiste François Gendron qui siège dans le comté d’Abitibi Ouest depuis l’élection du 15 novembre 1976, soit presque bientôt 40 ans.

Le comté de Bonaventure est-il encore une forteresse rouge? Rien n’est moins sûr, car, au cours des 20 dernières années, une alternance s’est installée, le comté de Bonaventure s’étant teinté successivement de bleu, de rouge et puis de bleu. À suivre…