PKP : LE BON CHOIX?
Le lendemain de l’élection, l’effet PKP se faisait déjà sentir. L’appui de la population au PQ est passé de 23 % à 34 %, reléguant le PLQ au second rang avec 32 % des intentions. Péladeau est même pressenti comme le meilleur chef de gouvernement avec 30 % d’appui, et ce, devant le premier ministre Philippe Couillard qui voit son pourcentage d’appui à 20 %. Un sondage se veut une photo prise à un moment, et surtout, dans un contexte bien précis. Et comme on le dit souvent en politique : six mois, c’est une éternité! N’empêche, PKP en a déjoué plus d’un et des défis herculéens l’attendent.
PKP et les régions
En pleine tournée dans l’Est-du-Québec en janvier dernier, PKP s’est porté à la défense des régions prétextant que le PLQ laissait tomber les entreprises, les régions et les PME. Sur les ondes de Radio-Canada, il déclare : « S’il y a un tissu industriel qui est extrêmement important, notamment pour les régions, ce sont les PME. Elles ont besoin d’être accompagnées et lorsqu’on diminue les crédits d’impôt, lorsqu’on abolit les CLD ou réduisons de façon significative les budgets qui y sont associés, par définition, nous créons un préjudice aux régions et cela m’apparaît extrêmement dommageable ». Pour ce qui est de la question du développement pétrolier, c’est une question qui devrait être posée à l’ensemble des Québécois, selon PKP. Bon.
Qu’en penser? Sera-t-il attentif aux régions et à leur place dans le développement socioéconomique du Québec? Mon premier réflexe est le suivant : comment faire pire que le saccage en règle qu’a subi la Gaspésie depuis l’élection du gouvernement Couillard? Notre propre gouvernement vient pratiquement de nous ramener à l’Âge de pierre. Cela prendra des années à rebâtir tout ce qui a été déconstruit en l’espace de quelques mois. PKP n’a pas particulièrement un sens des régions très développé. Sera-t-il à l’écoute de la Gaspésie? Ce n’est pas un personnage qui carbure à l’écoute. Il aime plutôt se faire écouter. Je ne suis pas très rassuré, mais laissons la chance au coureur.
Des défis…
PKP aime les défis? Tant mieux, il sera servi! On le sait, le PQ s’apparente à un panier de crabes tant l’unité du parti est fragile. Le PQ et PKP devront faire mentir leurs détracteurs qui prétendent de plus en plus que le parti, fondé par René Lévesque en 1968, n’est rien de plus que le parti d’une génération. Actuellement, le PQ stagne avec ses 70 000 membres, soit la moitié de ce qu’ils étaient en 2007. Quant aux résultats des élections du printemps 2014, le PQ a subi un électrochoc en dégringolant à 25 % des appuis, un score atroce qui remonte à leur performance aux élections de 1970 (23 %). PKP aura besoin de tout un défibrillateur pour briser cette tendance, pour reconquérir les jeunes et, bien sûr, pour mobiliser la population autour du projet de pays. Rallier Québec Solidaire et Option Nationale au rêve souverainiste sera également primordial puisque la division du vote fait mal au vaisseau amiral. Pas de prise de pouvoir par le PQ, pas de pays.
À gauche, à droite, au centre?
Historiquement, le véhicule qu’est le PQ a toujours plus tiré à gauche qu’à droite. Défini par ses premiers membres comme un parti à tendance social-démocrate, le parti, depuis plusieurs années déjà, se déplace de plus en plus vers le centre droit sur l’échiquier politique québécois. Le couronnement de PKP ne ralentira pas ce rythme. Tous savent à quelle enseigne il loge. Il est connu pour ses positions antisyndicales et reconnu pour avoir décrété, en janvier 2009, un lock-out des 253 employés au journal de Québec et de Montréal qui a perduré pendant 25 mois. Il s’agit du plus long conflit de l’histoire de la presse écrite au Canada.
Il n’y a désormais ni gauche ni droite au PQ. Il y a cependant un chef, résolument plus de droite que de gauche, sur le plan idéologique. À preuve, une centaine d’artistes se sont ligués récemment pour louanger PKP et Quebecor comme grand mécène et libérateur de la culture québécoise. Avant le couronnement, Paul Piché, grand indépendantiste de gauche, a donné son appui à PKP. En somme, le message a le mérite d’être clair : l’indépendance d’abord, peu importe comment. C’est à se demander qu’est-ce qui distinguera le PQ et du PLQ, hormis le projet d’indépendance, si PKP échoue dans sa quête de pays.
Vendre ou ne pas vendre?
On dit souvent — et avec raison — que le quatrième pouvoir, celui des médias, est la continuité des trois autres pouvoirs classiques que sont les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. D’un côté, les médias peuvent exercer un contre-pouvoir d’une extrême importance contre un gouvernement ou une entreprise qui souhaiterait mettre à jour un projet allant dans le sens contraire de l’intérêt collectif. Les médias peuvent donc servir de remparts, de chiens de garde contre d’éventuelles dérives.
D’un autre côté, les médias peuvent être utilisés de façon abusive sur les plans moral et éthique pour faire accepter une idée ou un projet auprès de la population. Qui plus est lorsque le propriétaire desdits médias possède un empire médiatique et qu’il devient chef d’un parti politique! Ajoutons à l’équation le fait que PKP, pour ne pas le nommer, pourrait devenir le premier ministre du Québec… C’est comme confier la souricière à une bande de chats affamés. Quel journaliste de l’empire Quebecor osera confronter celui qui le nourrit? Celui qui milite pour l’indépendance devrait être en mesure de comprendre cette situation. PKP doit vendre ou alors trouver une formule magique qui le tiendra loin de toutes ambiguïtés du genre, ce qui est loin d’être une évidence.
Les sauveurs en politique finissent souvent par tomber de leur piédestal. Au point où en est rendu le PQ, le parti n’a rien à perdre…
Pour le reste, l’histoire s’en chargera…