PKP N’Y CHANGERA RIEN
Le premier grand défi de PKP est d’abord d’unifier les troupes au sein du PQ et d’y rallier les partisans de la souveraineté qui ont quitté le navire péquiste pour aller vers d’autres partis. Le PQ était traditionnellement plus près des syndicats et des fonctionnaires, un chef issu du monde des affaires et connu pour ses positions antisyndicales risque d’avoir de la difficulté à s’imposer.
Qu’en est-il maintenant de l’appui du public en général? Ça commence déjà mal à mon avis. Au moment où je finalise ce texte, on annonce dans le Journal de Québec que le PQ bénéficie maintenant de 34 % d’appui, comparativement à 32 % pour le PLQ. Cet écart de 2 % n’est-il pas faible dans les circonstances?
Aussi, PKP a-t-il le profil de personnalité d’un politicien? Être un homme d’affaires et vendre un produit est une chose, mais en politique, on doit se vendre soi-même, car on devient le produit. Il y a là un monde de différences.
On tente de nous dresser un portrait positif de sa personne sur le plan public. Toutefois, dans le privé, c’est autre chose, et le portrait est beaucoup moins flatteur. Dans le monde des affaires, PKP est connu pour son caractère impulsif et ses nombreuses sautes d’humeur. C’était déjà un fait connu à la fin des années 1990, comme on le souligne dans un article du magazine Forbes.
PKP a cumulé les gaffes depuis ses débuts en politiques. Les péquistes l’encensent, mais oublient que son fameux poing en l’air lors de la campagne de 2014 a marqué un autre point, de départ celui-là, celui de la chute du PQ et de la défaite qui a suivi en avril. Ajoutez à cela son « En français s’il vous plaît » dans une salle de spectacle en Abitibi, ses blagues qui ne passent pas dans les débats ou bien son discours « syndicaliste » adressé à des travailleurs d’une fonderie de sa circonscription l’hiver dernier, sans oublier ses manques évidents comme orateur, et vous en viendrez peut-être à la conclusion qu’il a encore du chemin à faire comme politicien.
Ajoutez à cela des histoires plus récentes, comme ses menaces à l’endroit de Pierre Céré durant la campagne à la chefferie, ou bien quand il a attrapé par le collet Pierre Rodrigue, un dirigeant d’Astral, lors d’un événement lié à une souscription, il y a deux ans. Comment PKP va-t-il se comporter face à la critique, qu’elle provienne d’autres partis politiques, des médias ou du peuple? Ses adversaires vont hors de tout doute utiliser ses faiblesses pour le discréditer, d’autant plus qu’il n’aura pas toujours l’occasion de prononcer des discours comme celui qu’il a tenu suite à son élection, du « chiqué d’avance ». Quand des questions lui seront posées et qu’il devra répondre à brule-pourpoint, la partie va être différente.
On m’a demandé également de donner mon opinion relativement à ce que PKP peut faire pour notre région. Je ne crois pas que nous devons nous attendre à plus, advenant le cas où Pierre Karl Péladeau obtenait le pouvoir. Il y aura certainement des promesses, mais peu de projets concrets en bout de ligne.
Ma principale crainte en lien avec PKP est le risque de « berlusconisation » qu’il représente, puisqu’il est à la tête d’un puissant empire médiatique. Il a beau s’être retiré de la direction de Québecor, j’estime qu’il faut être naïf pour croire qu’il ne continue pas à y exercer de l’influence. L’empire a vendu ses hebdomadaires régionaux, mais le réseau TVA, de même que le Journal de Montréal et le Journal de Québec, occupent encore une importante part du marché et il peut compter sur sa femme, Julie Snyder, pour mousser sa popularité.
D’ici aux prochaines élections, bien de l’eau va couler sous les ponts, et la cote d’amour de PKP pourrait bien connaître une baisse significative. J’irais même jusqu’à dire qu’il pourrait bien ne même plus être chef du PQ à ce moment s’il ne réussit pas à se démarquer. Et ses alliés d’hier et d’aujourd’hui, pourraient bien devenir ses ennemis de demain.