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27 octobre 2020 15 h 47

Pourquoi le 3 novembre 2020 est une date à retenir de ce côté-ci de la frontière

| Est-ce qu’on en parle trop? Est-ce qu’on s’intéresse trop à nos voisins du sud et pas assez à nos enjeux? Au début octobre, le débat vice présidentiel et la sortie de l’hôpital de Donald Trump ont attiré plus d’attention médiatique dans nos médias québécois que l’élection du nouveau chef du Parti québécois, selon Influence Communication. Comme nos 332 millions de voisins forment toujours la plus grande économie mondiale[1] et qu’ils achètent 75% de nos exportations, il faudrait être de mauvaise foi pour dire que le choix que feront les Américains le 3 novembre prochain entre Donald Trump et Joe Biden n’est pas également important pour nous. Voici quelques raisons pourquoi cette élection mérite notre attention.

COVID-19

Au moment d’écrire ces lignes, les sondages indiquent une solide avance de dix points au candidat démocrate. Quoi qu’il en soit, et encore davantage en cas de vote serré, les craintes de tumultes sont fondées sur les propos de M. Trump, qui refuse de garantir une transition pacifique. Il y a un risque d’instabilité politique. Une période de flottement marquée par des recomptages judiciaires, diverses procédures et des manifestations des deux camps pourraient aussi avoir un effet sur les efforts de lutte contre la COVID-19. La nécessaire coordination des mesures sanitaires entre gouvernement et citoyens pourrait à tout le moins être affectée, et ce, à un moment où le respect des règles est primordial. Certains craignent une hausse du taux d’infection. Plusieurs s’attendent en conséquence à ce que la frontière Canada-États-Unis demeure fermée aux voyages non essentiels au-delà du 21 novembre prochain.

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET ÉNERGIE

Sur la question centrale du réchauffement climatique, le choix du 3 novembre aura un impact déterminant pour nous et la planète entière. Sous l’administration Obama, les États-Unis ont participé en 2015 à l’élaboration de l’Accord de Paris qui vise à réunir tous les pays pour maintenir l’augmentation de la température sous les deux degrés et à plafonner les émissions de gaz à effet de serre. Donald Trump a renié l’accord en 2017 et maintiendra, si réélu, le retrait américain. Joe Biden promet pour sa part de réintégrer l’accord. Il propose également un plan de 1,7 trilliard US$ pour lutter contre le réchauffement climatique avec pour objectif d’éliminer leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 en favorisant les énergies renouvelables. Son élection pourrait bien ouvrir de nouvelles opportunités pour les surplus d’hydroélectricité québécoise, entraînant des revenus supplémentaires pour Hydro-Québec.

À l’autre bout du Canada, l’Alberta souhaite au contraire la réélection de Donald Trump. La province albertaine a investi 1,5 milliard $, qu’elle risque de perdre, dans la construction de l’oléoduc Keystone XL pour transporter 830 000 barils de pétrole par jour des sables bitumineux albertains jusqu’au Nebraska. À lui seul, cet oléoduc contiendrait 20% des exportations totales de pétrole canadien vers les États-Unis. Alors que Barack Obama l’avait bloqué en 2015, Donald Trump l’a approuvé une fois élu. Joe Biden a quant à lui promis qu’il annulerait ce projet d’oléoduc de ces « sables bitumineux dont nous n’avons pas besoin et qui sont vraiment, vraiment polluants[2]». Une élection de Joe Biden voudra probablement dire une Alberta encore plus revendicatrice au sein du Canada.

INDUSTRIE FORESTIÈRE

L’industrie forestière devra malheureusement prendre son mal en patience, car il n’y a pas de changement prévu, peu importe le résultat le 3 novembre. Les États-Unis imposent depuis 2017 des tarifs de 20 % sur notre bois d’œuvre, ce qui a fait perdre 900 millions $US à l’industrie forestière du Québec dans les trois dernières années[3]. Le Canada a obtenu une première victoire devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en août dernier, mais les États-Unis maintiennent leur tarif et le conflit demeure. Il est prévisible qu’autant Biden que Trump maintiendront la politique protectionniste. La seule mince consolation, c’est que si le candidat démocrate déloge Donald Trump, l’arrogance et l’imprévisibilité du gouvernement américain devraient diminuer, ce qui donnera peut-être une plus grande ouverture aux diplomates pour convaincre nos voisins que pour relancer leur économie, ils pourraient profiter de notre bois de construction moins cher.


Photo : Pixabay

 

 

 

[1] The Economist «pocket world in figures» 2019 edition.

[2] https://www.cbc.ca/news/biden-kxl-interview-1.5580115

[3] https://www.lapresse.ca/affaires/2020-09-29/bois-d-oeuvre/le-conflit-est-dans-un-cul-de-sac.php