Silence
Faire enfin silence
Dans ma tête et dans mon cœur
Savourer mon absence
Oublier le jour et l’heure
Du départ et de l’arrivée
M’abriter sous le porche
Des croyances millénaires
Pour laisser passer l’orage
De tonnerre et de lumière
Entendre toutes les langues du monde en même temps
Soigner un chat noir
De toutes mes forces
Des éclats de miroirs
pointus au fond des poches
Marcher dans les orties nu-pieds
Deviner l’âge des pierres
Qui glissent sous mes doigts
Me rappeler les histoires
Que l’on ne raconte pas
Me sentir cousin d’un passé lointain
Effleurer du regard
Tous les verts de la terre
Boire un coup de cafard
En écoutant les ânes braire
Et rêver d’importer le chant des cigales
Tzigane pour l’été
Sur une route pas tranquille
L’horizon à bouffer
Et la chance d’être inutile
Comme un caillou roulé par la force des marées
La terre dans le cœur
Et le cœur terre à terre
Prendre un break de la rage
Me sauver de la guerre
Accorder du temps à ce qui est important
À l’essentiel, qui me les crève
À l’invisible pour les yeux
Il faut bien vivre quelques rêves
Avant d’être trop vieux
Pour semer un horizon plus grand dans l’âme d’un enfant