TERRA NULLIUS
Terra Nullius
Il y a des visages
À tous les carreaux de toutes les fenêtres
Il y a des milliers de carreaux
Des milliers des milliers
De carreaux de verre
Suspendus dans les plaines
Sur les collines
Et sur des îles du nord du monde
Il n’y a plus de bâtisses on les a démolies
On a tenté d’ôter la honte
Du paysage
Mais les carreaux sont restés là
Avec les visages dedans
Des visages et des yeux
Et des petites mains imprimées dans le givre
Des milliers de mains gelées
Tous ces adieux figés
Tous ces cris silencieux tous ces yeux toutes ces mains
Tous ces visages
Tendus vers le jour vers la nuit vers le loin vers le proche vers le chaud vers le frette
Vers le rien
Vers le pas d’espoir pantoute
Juste vers autre chose
Que ce qu’il y avait de l’autre bord
Que ce qu’il y avait dedans
Il y a des visages à tous les carreaux et des carreaux d’un océan à l’autre
Et des voix qui chuchotent
Dans des langues étranglées
Des histoires pas contables
Je les vois les visages
Les joues les sourcils
Les dents de lait les petits mentons mouillés
Menton fourchu bouche cousue nez quinquin joue bouillie joue rôtie un oeil deux oeil sourcillon sourcillette
Cogne cogne la caboche
Cogne cogne
Cogne
Cogne à la fenêtre
Pour qui pourrait venir
Te sortir
De là
Cogne
Cogne
Cogne encore
Peut-être qu’à force de cogner le carreau se brisera
Et que tu pourras sortir
T’envoler
Vaut mieux parfois mourir de froid
Et n’avoir jamais existé
Que ça