Climat tendu dans le Grand Gaspé
Gaspé | « Il y a plusieurs autres places à aller se baigner que dans les rivières à saumon, c’est tout simplement une question de respect pour les gens qui payent. » Pour Marc Philibert, qui pratique la pêche sportive au saumon depuis plus de 10 ans, la situation n’est tout simplement plus acceptable.
«Sur la rivière Saint-Jean, il y a la fosse Burnett et la Blackwell qui sont aménagées en collaboration avec la ville de Gaspé, mais en plus de ça on a la plage de Douglastown, Boom Defence et Haldimand et même la rivière aux Émeraudes qui n’est pas une rivière à saumon. Les gens ont d’autres endroits», poursuit-il. En même temps, il ne justifie pas une attitude agressive à leur endroit. « C’est mieux de sensibiliser les gens au respect mutuel et d’être capable d’aller se baigner à des endroits qui ne sont pas des fosses à saumon, comme ça tout le monde va être heureux. »
Le directeur de la Société de gestion de rivières de Gaspé (ZEC-Gaspé) Jean Roy, songe de plus en plus à utiliser la manière forte. « Nous, comparativement à la Bonaventure, on a des très petites rivières, donc la collaboration est impossible. Il y a techniquement un règlement qui, depuis cinq ans, nous permet d’interdire la baignade dans la majorité des fosses à saumon et d’émettre des contraventions de 250$ aux contrevenants. On ne l’a jamais appliqué parce qu’on souhaitait être plus proactifs qu’être en réaction tout le temps. Jusqu’à maintenant ça fonctionnait assez bien; l’été dernier, il y a eu tellement d’abus, qu’on se demande si on ne devrait pas faire quelque chose. Ça fait 150 ans que la pêche sportive existe à Gaspé, les retombées économiques sont majeures et il faut la préserver », présente-t-il.
Une ZEC trop puissante?
Antoine Bazinet est co-propriétaire de l’Auberge Griffon Aventure depuis son ouverture il y a 10 ans. Au cours des saisons estivales, il a organisé plusieurs activités nautiques pratiquées sur les rivières de Gaspé, comme du canot et du rafting. Ces activités ne font plus partie de l’offre aujourd’hui. «C’est sûr que ce n’était pas agréable d’avoir des conflits avec les pêcheurs et de ne pas se sentir bienvenus par la ZEC, et c’est en partie pour ça que certaines activités ne font plus partie de notre offre aujourd’hui. » mentionne-t-il.
Il poursuit par la suite en expliquant le processus précédant la mise en place de ce genre d’activité: «Pour pratiquer une activité sur une rivière à saumon, il y a un processus à suivre afin de la réaliser de façon légale. Il faut d’abord avoir un permis de commerce fourni par le ministère des Ressources Naturelles et un avis de la ZEC expliquant que cette nouvelle activité ne rentrera pas en conflit avec l’activité primaire de celle-ci, la pêche au saumon. Tant que cet avis n’est pas retourné au ministère, la pratique n’est pas légale. C’est donc facile pour eux de retarder l’avis et qu’on ait à demander et redemander au directeur de la ZEC qu’il l’envoie finalement. C’est réellement épuisant à la longue. »
La solution par la prévention?
Pour Jean Roy, la majorité du problème se présente avec les individus qui, sans groupe organisé, prennent contrôle de la fosse de ses environs. « Ils vont prendre les tables de pique- nique et les avancer sur le bord de la fosse, empêchant ainsi le moucheur de pouvoir moucher correctement, et se servir de l’abri pour planter leurs tentes. On s’entend que le pêcheur qui investira autour de 500$ pour sa semaine ne reviendra plus malheureusement », rajoute le directeur.
Est-ce que la communication dans cette situation-là devient la meilleure solution? La future plateforme touristique Destination Gaspé, qui sera lancée cet été ne s’en cache pas, une campagne d e sensibilisation est à prévoir. «La situation n’est pas simple, et on veut pouvoir aider», suggère Stéphane Sainte- Croix, créateur de cette plateforme en ligne.