• vendredi 28 mars 2025 14 h 37

  • Météo

    4°C

  • Marées

Actualités

Concours
27 mars 2025 15 h 26

Concours d’écriture ; gagnant de la catégorie Adulte

C’est avec une joie renouvelée que GRAFFICI a le plaisir de partager avec vous les textes gagnants de son sixième concours d’écriture, dont la thématique cette année s’articulait autour d’articles journalistiques. À priori, toute l’équipe du journal tient à féliciter les lauréats, mais également tous ceux qui ont participé. Encore une fois, le gagnant de chacune des catégories (Adulte, Élève du primaire et Élève du secondaire) se verra remettre un prix de 250 $ et de même que le gagnant du Coup de coeur du jury. GRAFFICI est donc fier de distribuer des prix totalisant 1000 $ aux auteurs de la région. Aujourd’hui, nous vous présentons le récipiendaire de la catégorie Adulte. Les textes gagnants des deux autres catégories et celui du Coup de coeur du jury suivront dans la prochaine édition. À noter que les élèves du primaire et du secondaire ont jusqu’au 2 mai pour envoyer leurs textes. Bonne lecture!

Quel avenir pour nos patinoires extérieures ?

Par Julien Huard de Chandler

Au panthéon des sons d’hiver, aux côtés du grincement de la neige sous les bottes, et les craquements sourds de la glace d’un lac, on retrouve sans doute celui de l’impact entre une rondelle gelée et la bande de bois d’une patinoire extérieure.

Plusieurs générations d’amateurs de hockey gardent en tête les souvenirs de parties improvisées avec les enfants du voisinage. Certains en gardent même quelques cicatrices. De Guy Lafleur en Outaouais, sur une patinoire construite par son père, en passant par Sydney Crosby, coiffé de sa tuque, les soirs où l’Océanic était en congé, rares sont les futures légendes qui n’ont pas raffiné leur tir du poignet au clair de lune avant d’aller soulever la coupe Stanley quelques années plus tard. C’est ce jeu au grand air qui unit les idoles et ceux dont le seul fait d’arme est d’avoir gagné un tournoi de carnaval ou une quelconque partie entre amis après souper. Mais est-ce que le rapprochement est encore valide ? Malgré le faible niveau de participation et les hivers doux, les municipalités continuent à entretenir des glaces naturelles, mais pour combien de temps ?

Chandler compte deux patinoires extérieures, situées de part et d’autre du centre-ville dans les quartiers de Pabos et Pabos-Mills. Le Centre des Loisirs de Pabos est depuis longtemps un refuge pour les jeunes patineurs malgré son emplacement isolé qui a toujours nécessité la participation d’un parent pour s’y rendre. C’est « chez Cousineau » (en l’honneur de feu Gaétan Cousineau, qui a opéré le site durant presque trente ans) que de nombreux enfants ont chaussé les patins pour la première fois. Le Centre Multigénérationnel de Pabos-Mills, quant à lui, existe au coeur d’un quartier résidentiel et il est donc facile de s’imaginer une scène digne du court métrage Le chandail de Roch Carrier où on se rend jouer au hockey après l’école, le bâton à la main et les patins suspendus sur une épaule.

Au magasin Sport Élite de Chandler, on estime à environ 5 % la proportion de patins aiguisés aujourd’hui pour un usage extérieur. Le propriétaire, Stépane Clavet, se souvient d’une époque, qui date de bien avant les fusions de 2001, où les employés municipaux installaient chaque automne les bandes des patinoires qui étaient ensuite entretenues par les parents dans différents quartiers de la ville. Au début des années 2000, à la suite de la fermeture de l’usine Gaspésia, un anneau de glace avait été aménagé sur le lac Vachon durant quelques saisons, mais l’idée fut abandonnée avant de pouvoir devenir une tradition. M. Clavet, qui en plus de son rôle de commerçant, dirige un club de vélo de montagne depuis bientôt trente ans, déplore la drastique diminution du sport pratiqué dehors en toute liberté, sans arbitres, et sans cadran. Pour un résident de Chandler, il est en effet devenu très rare de voir et surtout d’entendre les enfants jouer au hockey à l’extérieur des murs de l’aréna Clément-Tremblay.

Depuis 2003, la Ligue Nationale de Hockey joue la carte de la nostalgie en organisant des matchs de saison régulière en plein-air. Une quarantaine de rencontres plus tard, l’intérêt persiste même si pour de nombreux professionnels
américains, européens, et même canadiens, le jeu sur les patinoires extérieures ne fait tout simplement pas partie de leurs souvenirs d’enfance. Présentées devant des foules énormes, ces classiques hivernales – malgré l’ironie du coût élevé des billets – rappellent que le hockey joué à l’extérieur a toujours été, d’abord et avant tout, accessible. Dans la même veine, la Fondation des Canadiens pour l’enfance construit depuis 2008 des patinoires réfrigérées, et recouvertes dans certains cas, dans différentes villes du Québec, priorisant les quartiers jugés comme étant défavorisés. Le programme Bleu Blanc Bouge a récemment inauguré une 15e patinoire, dans la Basse-Ville de Québec, et on peut se poser la question : à quand notre tour en Gaspésie ? Avec les redoux qui sont devenus synonymes de nos hivers, l’entretien des glaces naturelles est continuellement à recommencer et la nature de nos infrastructures extérieures sera éventuellement à reconsidérer.

En entrant dans la dernière minute de cet article il est surtout important de rappeler l’importance du jeu chez les plus jeunes. Si les municipalités en venaient à ne plus voir le bien-fondé de l’entretien des patinoires extérieures, c’est une petite page d’histoire qui serait tournée mais certains y verraient peut-être aussi une occasion d’investir autrement, et plus simplement. Malgré tout ce qui a déjà été dit, le hockey devient souvent plus amusant, pour un plus grand nombre d’enfants, quand les patins sont remplacés par des bottes chaudes, et la rondelle par une balle alourdie par le froid. Débarrassé de ses lames, il devient comme par magie beaucoup plus facile de s’imaginer dans les patins de Caufield, Suzuki, ou Montembeault.

___

Ce texte est un travail de reporter ou de chroniqueur très bien dirigé, qui porte à la réflexion et qui conduit à des pistes de solutions. Une certaine poésie s’en dégage. Dès que l’on commence la lecture, l’auteur nous incite à continuer. Il a déjà capté notre intérêt. La qualité de l’écriture et le style se démarquent. Le sujet est bien campé dans une région, développé avec une suite logique. Le texte choisi nous incite à poursuivre car en plus d’être poétique, il offre une place à la réflexion. Une belle écriture quoi.
– Les membres du jury