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10 mars 2015 18 h 47

Connaissez-vous Les Délices de Jérémy?

Karyne Boudreau

Rédactrice en chef

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BONAVENTURE – En entrant dans la maison des parents de Jérémy, on constate tout de suite que l’atmosphère est à l’entrain et à la bonne humeur. La fierté se lit d’entrée de jeu dans les yeux des trois jeunes stagiaires aux « capacités restreintes » qui y apprennent le travail bien fait et des bénévoles qui mettent vaillamment la main à la pâte.

Les Délices de Jérémy est une toute nouvelle entreprise d’aliments vivants et crus, mais d’abord et avant tout, c’est un projet communautaire d’insertion sociale pour les personnes vivant avec un handicap comme Jérémy, Kassandra et Samuel qui y œuvrent depuis novembre dernier avec ardeur.

« C’est le fun parce que mes parents ont pensé à me faire une entreprise comme ça avec beaucoup de monde. Il y a une grosse équipe là-dessus. C’est pour que je travaille quand je vais être plus grand. Je suis content qu’on fasse ça. C’est beaucoup de travail, beaucoup de monde travaille pour moi, pour toute l’entreprise et c’est le fun! », s’exclame Jérémy qui est âgé de 21 ans.

« De la nourriture vivante, ça veut dire que c’est cru et c’est santé pour le monde qui le mange. Il y a beaucoup de noix et ce sont des produits bio », explique savamment Jérémy, qui a suivi une formation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour apprendre les règles d’hygiène et les comportements sécuritaires dans la cuisine.

« Le but, c’est d’apprendre à travailler. J’aide à la cuisine, à l’emballage et bientôt j’aurai mon permis pour faire la livraison », promet fièrement Jérémy.

Les contributions de nombreux bénévoles auront permis dans la dernière année de fignoler le projet par la réalisation de différents événements aux succès inattendus et plus qu’encourageants selon les nombreuses personnes à l’œuvre dont les parents de Jérémy, Josée Villemaire et Réjean Arsenault.

Trois jeunes de Bonaventure présentant un handicap visible participent au projet pilote entrepris en novembre dernier. Ces trois stagiaires de la classe La Géode de l’école Aux Quatre Vents de Bonaventure, Jérémy Arsenault Villemaire, Kasandra Charest Cyr et Samuel Desbiens Bujold sont employés sous l’encadrement de Manue Babin qui travaille de concert avec les parents de Jérémy et un nombre croissant de bénévoles.

« Quand on met les tartes dans les boîtes, Jérémy dit tout le temps : « Ah! Le monde va dire : qui c’est qui a fait ça, toutes ces belles tartes-là ? » Il a un sentiment de fierté indéniable, difficile à exprimer vu ses limites mais la fierté est très, très présente. Et chez les autres aussi, parce qu’ils savent que ces choses-là vont être vendues et qu’il y a des gens qui vont les manger en se disant que c’est eux qui ont fait ça ! », explique Manue Babin, devant une Kassandra attentive et tout sourire, offrant une expression valant mille mots…

Âgée de 18 ans, Kassandra a confié à GRAFFICI qu’elle était heureuse de participer à l’aventure. « Je suis aux Délices de Jérémy pour apprendre à faire tout plein de choses. Comment faire à manger et tout préparer pis c’est ben le fun ! Ça m’apporte plein de choses ! », dit-elle avec entrain.

« Elle est toujours contente quand elle arrive et quand elle repart », confirme Mme Babin.

Samuel Desbiens Bujold, 18 ans, reconnaît aussi que l’expérience est « le fun ». Ce qu’il aime le plus, c’est faire les tartes. Comme les deux autres d’ailleurs. De savoureuses tartes au citron et à l’avocat.

« Heureusement, dit Manue Babin, parce que c’est le produit le plus populaire. Mouler les fonds de tartes, c’est ce qui est le plus facile pour les jeunes, mais il y a aussi les craquelins et les brownies qu’ils aiment bien faire», mentionne-t-elle.

Mais la tarte à l’avocat et au citron fait l’unanimité et a été l’objet d’un fou rire général le au tout début de l’aventure, raconte Cassandra : « Le premier jour, j’ai fait une gaffe en mettant une tarte dans la boîte. J’ai trop penché la boîte et ça a tout coulé dedans », confie la jeune fille en riant.

« Au début, précise Manue Babin, on ne savait pas trop combien de temps il fallait attendre avant que le mélange fige dans la tarte et ça donné lieu à ce genre de situation cocasse, mais ce que ç’a fait, c’est qu’on l’a mangée, la tarte. Donc tout le monde était content finalement ! »

Objectifs à atteindre pour la fin février

« Il y a deux choses là-dedans, poursuit Mme Babin. Il y a l’alimentation crue et il y a le travail avec les jeunes handicapés. Le projet pilote vise à nous faire savoir si l’alimentation crue, c’est un besoin des gens de la place, si c’est quelque chose qu’ils vont vouloir consommer sur une base régulière. Avant les fêtes, ça biaise un peu la donnée parce que tout le monde aime bien les pâtisseries pour Noël. En janvier, on va aussi changer et offrir d’autres produits. Ça va nous permettre de voir s’il y a un besoin, si les gens le consomment et aussi, côté travail avec les jeunes, si c’est facile pour eux. Si ça se fait bien. Si les produits qu’on a choisis, ils sont capables de les faire jusqu’à la fin », explique-t-elle en mentionnant que le projet pilote est planifié jusqu’à la fin février 2015.

« Si l’entreprise part… on dit que ça part ! Sinon, on attend ! », exprime spontanément Jérémy en entendant Manue Babin parler de la fin du projet pilote.

« Avec les jeunes, on travaille quatre heures par semaine pour l’instant, poursuit Mme Babin. Et c’est sûr qu’avant les fêtes, avec toutes les commandes, ç’a été beaucoup plus de travail qu’on pensait. Pour éviter d’épuiser tout le monde, on est allé chercher des bénévoles comme Carole, le frère de Jérémy et tous les membres du c.a. Il y en a qui travaillent à la livraison, d’autres aux communications et il y a des bénévoles aussi à New Richmond et Maria qui nous permettent de livrer jusque-là. Et depuis peu, il y a même des gens de Chandler qui nous ont contactés parce qu’ils voulaient nos produits aussi », ajoute Mme Babin avec enthousiasme.

«On se donne aussi une mission d’éducation pour une saine alimentation et c’est de la socialisation pour ces jeunes-là. Pour nous, tout ça est aussi super important ! », conclut Manue Babin.

Depuis le 17 novembre et jusqu’à la fin février, il est donc possible de se procurer la liste des produits et de passer une commande en ligne sur la page Facebook Les Délices de Jérémy ou par téléphone au 581886-1299.  Les produits sont livrés tous les jeudis aux Ateliers du Funambule de Bonaventure, à L’Intégrale Épicerie écologique de New Richmond et à La Boîte aux Belles Choses de Maria. Il suffit de récupérer les commandes au point de chute le plus près de chez soi, le jeudi entre 15h30 et 18h.