Des anciens travailleurs d’Orbite manifestent à Cap-Chat
Une douzaine d'employés, sur la vingtaine qui ont été mis à pied par Orbite Aluminae, ont manifesté, mardi, pour dénoncer leur renvoi de l'usine de Cap-Chat.
En partant de la halte municipale, ils ont marché dans les rues de la municipalité jusqu’à l’usine du parc industriel, après avoir fait un arrêt devant l’hôtel de ville de l’endroit.
Les manifestants voulaient faire connaître leur mécontentement par rapport à leur licenciement qu’ils qualifient d’injustifié. Après avoir été formés par l’entreprise et après avoir travaillé pendant plusieurs mois au sein de l’usine de haute pureté, Orbite exige maintenant que ces hommes de soutien détiennent une attestation d’études collégiales en technique de procédés chimiques qui sera offerte, dès 2013, par le Groupe Collégia.
«Je ne suis pas contre la formation, mais le Centre local d’emploi m’offrira, quand mon chômage sera terminé, 240$ par semaine pour suivre cette formation, déplore Johnny Kenney, qui est père de trois enfants. Connaissez-vous beaucoup de gens qui peuvent vivre avec ce montant?», questionne-t-il.
«Mais on était fiers de faire ce qu’on faisait, poursuit M. Kenney. Ça faisait 20 ans que j’étais un travailleur saisonnier dans un restaurant. Là, j’avais une job à l’année. On travaillait à 16,50$ de l’heure. On acceptait notre salaire, même si on savait qu’à Montréal, on aurait eu plus de 25$ de l’heure. On était heureux, On n’a jamais parlé de syndicat. Quand on travaillait, on ne nous a jamais parlé de formation. Quand j’ai su qu’on me mettait dehors, j’ai braillé.»
Un cadre en appui
Un ancien superviseur aux approvisionnements et à l’entretien de l’usine s’est joint au groupe de manifestants. Denis Piuze a subi le même traitement que ces ouvriers parce que, selon lui, les dirigeants d’Orbite n’auraient pas apprécié qu’il se montre favorable aux employés mis à pied. «Ces gars-là faisaient l’affaire au début, estime-t-il. Le «know how», ils l’avaient. Ils ont travaillé par essais et erreurs. Ils sont à l’origine du procédé développé par Orbite.»
Cet ancien employé cadre, qui a été acheteur senior pour une entreprise connue de la rive sud de Montréal, affirme avoir accepté de venir travailler pour l’usine d’Orbite à Cap-Chat en novembre 2011, après avoir été approché par un chasseur de têtes. Six mois après sa période de probation, il a acheté une maison à Sainte-Anne-des-Monts.
Le 28 août, il reçoit une lettre l’informant qu’il était congédié sur le champ, sans préavis. «Le 29 août, je suis parti pour aller souper dans un pub à Sainte-Anne-des-Monts et là, j’ai rencontré des sous-traitants d’Orbite, raconte le technicien en génie mécanique. Je leur ai dit qu’Orbite entendrait parler de moi, que ça ne resterait pas là. Ces sous-traitants sont allés dire ça à un des patrons. Quelques minutes plus tard, je me suis fait arrêter au pub par les policiers, devant tout le monde, pour harcèlement criminel et menaces de mort.»
«Le 30 août, un huissier cogne à ma porte avec une mise en demeure comme quoi je devais me taire, ne pas divulguer d’information concernant Orbite, ne rien faire pour leur nuire et ne pas aller sur le terrain d’Orbite à moins de 100 mètres, continue-t-il. Le procureur a carrément rejeté la plainte deux mois plus tard. Mais, pendant deux mois, je me suis senti mal.»
Réaction de l’entreprise
Le directeur des relations avec la communauté d’Orbite Aluminae a évité toute confrontation avec les manifestants devant l’usine. André Lemieux a livré un très bref point de presse devant la porte d’entrée, se permettant de répondre à quelques questions seulement.
«Orbite est une entreprise technologique et chimique qui demande une qualification particulière des employés, soutient-il. C’est Groupe Collégia qui a développé le programme. On est en attente du positionnement du ministère pour le financer. Donc, il y aura, après les Fêtes, des soirées d’information pour ceux et celles qui sont intéressés à se former et à se qualifier pour les postes. Ils devront déposer leur candidature. On va faire une sélection des individus pour les former.»
L’entreprise ne s’engage pas à réengager les ex-travailleurs qui auront complété la formation. «Ça va être comme l’ensemble des candidatures qui vont se pointer, indique-t-il. On ne peut pas garantir à 100%. C’est sûr qu’à compétences égales, on va favoriser la main-d’oeuvre locale.»
Réaction du préfet
Le préfet de la Haute-Gaspésie, qui était mandaté par le conseil des maires pour aller à la rencontre des manifestants, s’est fait refuser l’accès à l’usine. «Un cadre est venu me dire, de façon assez baveuse, qu’il n’aimait pas que je fasse partie des manifestants, raconte Allen Cormier, visiblement abasourdi. Je lui ai répondu que je n’étais pas là comme manifestant, mais comme un facilitant pour avoir le maximum de gens heureux. Je veux que l’entreprise fonctionne. J’étais là pour essayer de trouver la meilleure solution possible. Les citoyens, ce sont eux qui m’ont élu. C’est de mon devoir de les accompagner là-dedans.»
«Est-ce qu’il y a possibilité d’intégrer, au sein de l’entreprise, des travailleurs non spécialisés, qui ne sont ni techniciens, ni ingénieurs?, se questionne l’élu. Ça pourrait être des gens à l’entretien ménager ou à la sécurité, des acheteurs ou des commis aux pièces.»
Le maire de Cap-Chat, Judes Landry, n’a fait aucune apparition publique, pas plus qu’aucun de ses conseillers municipaux.
Les porte-parole du groupe de manifestants se donnent encore un délai afin que leur message soit entendu. Si rien ne bouge, ils promettent de revenir avec un plan B.
Sur la trentaine d’employés que comptait l’usine d’Orbite à Cap-Chat, il ne resterait que trois employés spécialisés, soit un technicien de laboratoire, un électromécanicien et un mécanicien d’entretien. L’entreprise engage également des agents de sécurité.