Des élus détenant des actions d’Orbite ne se considèrent pas en conflit d’intérêts
CAP-CHAT – Ni le préfet de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier, ni le maire de Cap-Chat, Judes Landry, qui détiennent des actions de la compagnie Orbite Aluminae en Bourse, ne se considèrent en conflit d'intérêts.
Lorsqu’il est question d’Orbite à l’ordre du jour du conseil des maires, le préfet, qui détient 3000 actions de la compagnie en Bourse, ne se sent pas obligé de se retirer pendant les discussions. « Comme on n’a pas donné d’argent à Orbite, je n’ai pas à me retirer, explique M. Cormier. C’est sûr que si on avait une demande d’Orbite qui serait adressée au CLD, par exemple, je me retirerais. » Il ajoute qu’il inviterait le maire de Cap-Chat à en faire autant.
« Les actions, je les ai achetées dans les débuts où j’ai commencé en politique, il y a quatre ans, raconte Allen Cormier. Je croyais que je n’avais pas le droit, mais je me suis informé au MAMROT et ils m’ont dit que je pouvais en acheter, en autant que je fasse une déclaration d’intérêts pécuniaires au conseil des maires, une fois par année. » Il signale toutefois qu’il n’est pas obligé de mentionner les intérêts rapportés. « De toute façon, je les ai achetées à 80 cents l’action et là, l’action est aux alentours de 40 cents, ajoute-t-il. Donc, si je les vendais, je perdrais de l’argent. »
Le rapport d’Orbite avec le maire de Cap-Chat
Le maire de Cap-Chat, qui détient de 3000 à 4000 actions, indique qu’il se retire du conseil municipal lorsqu’il est question d’Orbite. « Mais je ne serais pas obligé parce que c’est une compagnie inscrite en bourse, justifie Judes Landry. J’ai vérifié ça au MAMROT et il n’y a pas de problème. Sinon, comme élu, il ne faudrait pas non plus qu’on soit membre de la caisse populaire! Ça ne finirait plus! »
Le maire loue également à Gastier un bâtiment situé à Cap-Chat et dont il est propriétaire. Gastier est l’entrepreneur qui a réalisé la construction de la nouvelle usine d’Orbite à Cap-Chat. M. Landry admet également que tant Gastier qu’Orbite achètent des matériaux de construction et de la marchandise diverse à la quincaillerie BMR de Cap-Chat, dont il est aussi le propriétaire. M. Landry n’y voit aucun problème, ni même apparence de conflit d’intérêts.
Remontée difficile du titre
Le titre d’Orbite Aluminae remonte difficilement à la Bourse de Toronto depuis que l’entreprise a déclaré qu’elle avait des problèmes de liquidités. Mardi, il s’est échangé à 39 cents.
La société montréalaise accuse un manque à combler de 31 millions $ pour compléter la construction de son usine d’alumine de haute pureté de Cap-Chat, dont les travaux et l’achat d’équipements sont évalués à 106 millions $.
Lors de son passage à Gaspé, il y a deux semaines, la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb, a déclaré que son gouvernement participerait au financement inhérent aux dépassements de coûts de la construction de l’édifice situé dans le parc industriel de Cap-Chat.
« J’ai parlé au vice-premier ministre, François Gendron et il m’a dit que le gouvernement analysait la demande, mais qu’il faudrait trouver d’autres partenaires », rapporte, pour sa part, Allen Cormier.
« Ça va se régler, affirme avec confiance Judes Landry. Le gouvernement va injecter de l’argent. Pour le PQ, ce sera une façon de se faire du capital politique! »