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26 mars 2025 15 h 56

Des mots, des notes et des images : amitié cinématographique

L’amitié entre la Gaspésie et la Louisiane à travers le cinéma

PERCÉ | Depuis 2018, une belle alliance entre le cinéma gaspésien et la Louisiane s’est tissée grâce à un partenariat entre le Festival international de cinéma Les Percéides et le Festival Cinema on the Bayou, à Lafayette, reconnu comme le plus grand foyer du cinéma francophone aux États-Unis.

Ce lien, créé de manière naturelle, prend racine dans l’héritage français profond de la région, notamment en raison de la colonisation et de la déportation des Acadiens en 1755. Aujourd’hui, encore 250 000 francophones peuplent cet état du Sud, où l’histoire et la culture francophone continuent de briller. Récit d’une histoire d’amitié, de passion et de partage autour du 7e art.

L’aventure a commencé en 2017, lorsque François Cormier, directeur général des Percéides, envoie une lettre à Pat Mire et Rebecca Hudsmith (photo ci-contre), les cofondateurs de Cinema on the Bayou, afin de proposer un projet d’échanges artistiques entre les deux festivals. « L’idée nous a tout de suite emballés, et les choses se sont mises en place rapidement. Dès 2018, une grosse délégation gaspésienne [six réalisateurs, quatre membres de l’équipe de Les Percéides, ainsi que l’historien de la Gaspésie bien connu Jean-Marie Fallu], a rejoint les festivités du 15e anniversaire du festival. C’était un moment merveilleux », se souvient Pat Mire, directeur artistique du festival.

Parmi les artistes présents, Moïse Marcoux-Chabot, documentariste de Mont-Louis, a présenté son court métrage Lespouère, réalisé en 2013 et tourné dans la Baie-des-Chaleurs. Ce film engagé et poétique rend hommage au militant écologiste Bilbo Cyr, poète et slameur gaspésien. « La Louisiane est le seul endroit des États-Unis que j’avais envie de découvrir. Je trouve fascinant son lien avec la langue française et l’histoire du Québec », confie Marcoux-Chabot, qui garde un souvenir inoubliable de son passage en Louisiane, bordée par le golfe du Mexique.

« Le festival m’a rappelé l’atmosphère chaleureuse des Percéides, avec son ambiance intime et sa proximité avec les cinéphiles. J’ai été accueilli par Pat et Rebecca avec des plats traditionnels, puis nous avons exploré ensemble le folklore local : les bayous et les alligators… en chaloupe ! », se souvient-il avec enthousiasme. Cette immersion dans la culture cajun lui a permis d’établir de riches connexions, tant avec des cinéastes gaspésiens comme Mathieu Cyr et Olivier Poulin, qu’avec des artisans venus du Nouveau-Brunswick et d’Europe. Ces rencontres lui ont permis de nourrir sa créativité, essentielle pour persévérer dans le métier, souvent coûteux et solitaire.

La culture cinématographique francophone en terre cajun

Chaque année, le Festival Cinema on the Bayou présente une cinquantaine de films — documentaires, fictions, expérimentations, courts et longs métrages — si bien que l’organisation peut s’enorgueillir d’être le festival où la langue de Molière brille le plus au pays de l’Oncle Sam. Jusqu’en 1940, le français était la langue dominante de l’État, car en 1845, le bilinguisme était imposé. Bien que ses parents soient parfaitement francophones, Pat Mire ne baragouine aujourd’hui que quelques mots, dont « mon ami » ou « camarade », qui restent encore jusqu’à maintenant ses expressions favorites.

Pour Mire, des cinéastes comme André Forcier, André Gladu et Phil Comeau sont des figures de proue, ayant donné une voix aux diverses communautés francophones d’Amérique à travers leurs films. Quant au cinéma gaspésien, Pat Mire et Rebecca Hudsmith ne tarissent pas d’éloges sur sa richesse. Un cinéma empreint d’humanité, d’émotion, avec des paysages d’une beauté grandiose. « Vos documentaires sont exceptionnels ! Vous avez des petites perles comme Entre la mer et l’écorce de Mathieu Cyr [une fiction bouleversante qui aborde les déchirements familiaux, avec l’acteur et musicien de Nouvelle, Kevin Parent]. Je me suis dis : Wow, la Gaspésie est aussi super talentueuse en fiction ! », s’enthousiasme Rebecca Hudsmith, citant également le documentaire Florent Vollant Faiseur de Makusham d’Éli Laliberté, un film qui a marqué les esprits lors de sa première à Lafayette, et fait salle comble à la Cité des arts de Lafayette.

Depuis le début de cette collaboration, Pat Mire et Rebecca Hudsmith n’ont pas encore eu l’occasion de rencontrer les cinéphiles gaspésiens. Cependant, cet été, le vent risque de tourner. Les deux se préparent à débarquer à Percé, où ils présenteront le nouveau longmétrage de Pat Mire, Pointe Noire. Ce drame judiciaire, qui aborde les réalités du couloir de la mort, se déroule dans une communauté rurale cajun des prairies de Pointe Noire, avec un certain Roy Dupuis dans le rôle principal.

* À noter que Guillaume Whalen est le directeur de la programmation du Festival Les Percéides


Photo : Les Percéides

 

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