Eau potable : Québec ne va pas assez loin, selon des scientifiques
GASPÉ – Un groupe de scientifiques indépendants, dont font partie l'ingénieur-géologue Marc Durant et le juriste et sociologue Richard E. Langelier, estime que le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection afin de protéger efficacement les sources d'eau potable de Québec ne protège pas adéquatement les sources d'eau.
Selon le groupe, le règlement est en-deça de ceux adoptés par 65 municipalités du Québec, dont Gaspé, sur les distances minimales de protection des sources d’eau.
«On remplace les règlements municipaux par des normes qui sont inférieures, qui n’assurent pas véritablement la protection des sources d’eau. On constate que le projet gouvernemental de remplacer le règlement dit de Saint-Bonaventure par celui de Pétrolia», indique M. Langelier.
«Il nous semble qu’en faisant l’analyse (du règlement) et en confrontant ces normes imposées avec la situation à Gaspé et à Anticosti, ces politiques publiques visent à favoriser l’exploration pétrolière et gazière et favoriser la fracturation», ajoute-t-il.
Selon le collectif, il s’agit d’un projet de règlement incohérent, incapable d’assurer véritablement la protection des sources d’eau potable et qui répond d’abord aux intérêts des sociétés gazières et pétrolières.
Les études hydrogéologiques
La biologiste Céline Marier s’est penchée sur l’aspect des distances séparatrices entre les puits d’exploration pétrolière et les puits d’eau potable.
Elle indique avoir analysé des études américaines concernant le principe de fracturation : «La dernière étude en lice dit que si vous avez un puits d’eau potable à l’intérieur d’un rayon d’un kilomètre d’un puits de gaz de schiste, dans ce cas-ci, vous avez 17 fois plus de méthane que dans les puits situés à l’extérieur de ce rayon», affirme Mme Marier.
Pour elle, fracturer, c’est jouer aux apprentis-sorciers.
À propos des études hydrogéologiques, Mme Marier constate qu’il n’y a pas d’étendue dans le temps. «Une étude valable devrait s’effectuer minimalement sur deux ans parce qu’on doit avec des cycles d’étiage et de crue des eaux pour valider les données. Le mieux, ce devrait être fait sur cinq ans afin d’avoir des résultats probants», dit Mme Marier.
Elle souligne aussi que ces études ne concernent que les eaux de surface et qu’il n’existe pas actuellement de protocoles afin de sonder en profondeur. «On n’a pas de données et il n’existe pas de protocole scientifique pour aller étudier l’éventuel transfert d’eaux profondes vers les aquifères vers lesquels on puise l’eau potable», ajoute-t-elle.
Un constat clair
L’analyse préliminaire du règlement proposée par le collectif de scientifique vient encore une fois conforter la position du groupe environnemental Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé : «Notre position est encore plus consolidée. Aucune exploration et exploitation pétrolière sur le territoire de Gaspé. On demande au ministre Blanchet d’appliquer le principe de précaution, la base même du développement durable», conclut la présidente, Lise Chartrand.