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20 mars 2015 16 h 31

ÉOLIEN : « DES ARGUMENTS QUI REPOSENT SUR DU VENT », RÉPOND LELIÈVRE À DUBUC

Voici deux lettres ouvertes diffusées par des élus, député de Gaspé et maires de New RIchmond, Gaspé et Matane, concernant le développement de la filière éolienne au Québec. Vous avez une opinion à partagez, envoyez votre lettre à rédaction@graffici.ca. La rubrique "C'est à votre tour..." reviendra le premier et le troisième dimanche de chaque mois.

« DES ARGUMENTS QUI REPOSENT SUR DU VENT« 

M. Dubuc,

Dans votre chronique du 14 mars 2015 « L’éolien, une industrie qui repose sur du vent »
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, vous dressez un portrait de l’énergie éolienne produite au Québec.

Le hic – et c’en est tout un – est que votre argumentaire est, à mon avis, incomplet et inexact à plusieurs égards. En cette période de grands questionnements quant à l’avenir énergétique du Québec, il m’apparait important de rectifier certains faits.

Premièrement, vous soutenez que l’énergie éolienne coûte en moyenne 10 cents le kilowattheure, soit plus que la filière hydroélectrique. Il aurait été intéressant que vous mentionniez dans votre analyse le dernier contrat d’achat d’énergie éolienne accordé en 2014, qui établit à 6,3 cents le kilowattheure le coût lié à cette production. Un coût moindre, donc, que le projet La Romaine, estimé à 6,4 cents le kilowattheure.

D’ailleurs, tout comme la majorité des méga projets publics, il ne serait pas surprenant que le coût final de La Romaine soit malheureusement supérieur à cette prévision. De plus, il aurait été pertinent que vous souligniez le fait que les frais d’amortissement de l’industrie éolienne s’étalent seulement sur 25 ans, alors que ceux liés à la filière hydroélectrique s’échelonnent sur plus de 100 ans.

Deuxièmement, sur le plan environnemental, vous attribuez l’expression énergie verte à l’hydroélectricité, mais sans développer davantage cet aspect. Ceci m’apparait un peu gratuit. En effet, la plus élémentaire des comparaisons des impacts environnementaux des deux modes de production d’énergie ferait ressortir hors de tout doute le net avantage de l’éolien comparativement aux barrages hydroélectriques.

Enfin, vous induisez que la dernière hausse tarifaire d’Hydro-Québec constitue une
« sorte de taxe spéciale pour le développement de la Gaspésie ». Ces propos sont faux et frôlent carrément le mépris.

Sur les quelque 5000 emplois créés par l’industrie éolienne québécoise, 1200 se trouvent sur le territoire gaspésien. Faites le calcul. La filière éolienne bénéficie directement à 4 fois plus de travailleurs et travailleuses situées ailleurs au Québec, majoritairement dans les grands centres.

S’il y a « taxe spéciale au développement », comme vous le dites, elle profite à l’ensemble du Québec, et non seulement aux Gaspésiens. Force est de constater que vous en faites porter beaucoup sur les épaules de la Gaspésie.

Nous pouvons donc convenir, M. Dubuc, qu’il n’y a pas seulement que l’éolien qui repose sur du vent, mais également certaines de vos affirmations.

Gaétan Lelièvre,
Député de Gaspé
Porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires municipales
et de développement des régions

ÉGALEMENT ENVOYÉE CETTE SEMAINE:
UNE LETTRE ADRESSÉE AU GOUVERNEMENT PAR LES MAIRES DE GASPÉ, NEW RICHMOND ET MATANE.
LADITE LETTRE CONCERNE LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DU QUÉBEC… ET, PARTICULIÈREMENT, « L’IMPORTANCE DE MAINTENIR LE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE ».

À l’aube de l’élaboration de la future politique énergétique du gouvernement du Québec, prévue pour 2016, et au moment où un changement de garde se produit du côté d’Hydro-Québec, les villes de Gaspé, Matane et New-Richmond s’unissent pour transmettre leurs recommandations au gouvernement, en ce qui a trait à l’importance de maintenir le développement de la filière éolienne au Québec.

Pour Gaspé, Matane et New-Richmond, cette industrie représente une part majeure des emplois manufacturiers, contribuant grandement à leur vitalité et à leur diversité économiques. La filière éolienne est littéralement ancrée dans les communautés de l’Est-du-Québec et c’est tout le Québec, incluant la métropole, qui bénéficie de ses retombées économiques.

L’éolien, en chiffres, c’est :
– 1200 emplois directs en Gaspésie et dans la MRC de la Matanie, générés directement par la filière éolienne;
– 4000 emplois ailleurs au Québec;
– Parmi ces 4000 emplois, 1000 emplois dans la région de la métropole!
– 150 entreprises spécialisées, en seulement 15 ans de déploiement de la filière;
– Plusieurs centres et chaires de recherche partout au Québec.

Qualitativement, la filière éolienne représente la chaîne d’approvisionnement la plus complète au Canada, une véritable réussite pour nos régions et pour le Québec en entier.

L’éolien, c’est le meilleur exemple d’une industrie génératrice de richesses partout sur le territoire québécois!

Marge de manoeuvre et non surplus d’énergie
Depuis l’arrivée de la filière éolienne, les gestionnaires d’Hydro-Québec, qui sont pour la plupart réticents au développement de cette filière, ont changé de vocabulaire pour exprimer ce qu’ils appelaient à l’époque leur marge de manoeuvre. Afin de projeter une image négative de l’éolien, les biens pensants d’Hydro-Québec parlent maintenant de surplus énergétiques. Plusieurs médias et commentateurs de tout acabit – et parfois même, Hydro-Québec – ont analysé la situation énergétique du Québec en attribuant à la filière éolienne les coûts engendrés par les surplus d’énergie. Cette marge de manoeuvre est nécessaire et elle est de plus en plus mince. D’ailleurs, un nouvel appel d’offres de 500 mégawatts vient d’être lancé par Hydro-Québec Production pour augmenter cette marge de manoeuvre.

Les calculs véhiculés dans les médias nous apparaissent simplistes dans la mesure où ces mégawatts disponibles, en période de faible consommation, représentent également une opportunité formidable pour le Québec de développer différents projets ou grappes d’entreprises diverses (électrification des transports, serveurs informatiques énergivores, aluminerie, etc.) contribuant ainsi à la création d’une richesse économique tout en améliorant notre bilan environnemental grâce à nos énergies propres que sont l’hydroélectricité et l’énergie éolienne.

De plus, le réel problème ne serait-il pas de tomber en pénurie d’électricité au Québec ? Et à quel prix ? Nous pouvons prendre pour exemple le prix payé par Hydro-Québec en période de pointe hivernale! Il ne suffirait que d’un ou deux projets majeurs s’implantant au Québec pour que nos surplus soient épuisés!

Le coût réel de l’énergie éolienne
Contrairement à ce que prétendent les opposants à la filière éolienne, le coût d’un kilowattheure obtenu par Hydro-Québec est de plus en plus compétitif et se situe à environ 6,3 cents, tarif comparable au coût de l’énergie fournie par les nouvelles centrales hydroélectriques qui seront construites par Hydro-Québec. C’est ce que démontre le dernier appel d’offres, dont les résultats ont été dévoilés en décembre dernier.

À ceux qui prétendent que les coûts de l’énergie éolienne sont exorbitants ou de l’ordre de 15 cents le kilowattheure, nous répondons : ces données sont désuètes! N’oublions pas que les meilleures rivières du Québec ont déjà été pillées pour les barrages actuels d’Hydro-Québec et que l’industrie éolienne diminue continuellement ses coûts depuis 15 ans : alors, nous savons que l’avenir de la filière éolienne représente à la fois LE choix le plus économique et LE choix le plus écologique pour notre approvisionnement énergétique!

La nécessité d’offrir une vision à long terme et structurée pour l’industrie éolienne
Comme toutes les industries, l’éolien a besoin d’un signal fort et à long terme de l’appui du gouvernement du Québec. C’est en offrant aux entrepreneurs un environnement réglementaire clair et une vision d’avenir structurée que ceux-ci seront en mesure de fournir le meilleur prix possible à Hydro-Québec et davantage d’emplois de qualité aux Québécois et aux Québécoises.

Le développement des villes de l’Est-du-Québec est directement relié à cette industrie d’avenir, verte, économique et créatrice de richesse pour tout le Québec. Avec une volonté ferme du gouvernement du Québec et la participation de tous les acteurs de l’industrie, il est possible d’attirer encore plus d’emplois manufacturiers dans notre région en plus d’exporter l’expertise de nos centres de recherches, le savoir-faire de nos travailleurs et l’équipement de haute qualité de nos manufacturiers.

Il faut à tout prix saisir l’opportunité de devenir les meilleurs en Amérique du Nord et s’engager fermement dans cette industrie d’avenir, verte, économique et écologique! Nous sommes convaincus que le Québec a tout à gagner en offrant une Politique énergétique pour les 10 prochaines années.

Daniel Côté, maire de Gaspé
Jérôme Landry,maire de Matane
Éric Dubé, maire de New-Richmond