Exposition d’un soir sur le pétrole
La séance d’information de Pétrolia sur son forage Haldimand n°4 a suscité peu d’intérêt mercredi soir à Gaspé.
Pétrolia avait mobilisé plusieurs membres de son personnel, une firme de communications de Gaspé et quatre agents de sécurité. Trente-cinq panneaux d’information éclairés se dressaient dans la cafétéria de la polyvalente de Gaspé, au milieu des sapins et au son de musique de Noël.
À 19h30, une demi-heure avant la fermeture, une cinquantaine de citoyens avaient visité la salle.
Haldimad n°4 sera d’une longueur totale de 2650 mètres. À partir de 500 mètres de profondeur, il sera dévié progressivement jusqu’à atteindre une trajectoire presque horizontale vers le sud-est. Le puits coûtera entre 7,5 millions et 10 millions de dollars.
La foreuse sera transportée en 60 voyages de camion répartis sur une semaine, possiblement d’ici Noël. Le forage durera 50 jours, 24 heures sur 24.
Pour forer, Pétrolia aura besoin de 130 mètres cubes (130 000 litres) d’eau, qu’elle prélèvera dans un puits près du forage.
6 ou 7 plates-formes
La compagnie a levé le voile sur ses intentions à long terme. Elle mentionne la possibilité de six ou sept plates-formes de forage à Haldimand, dont trois sont déjà réalisées. Ces plates-formes seraient reliées entre elles par un oléoduc de dix pouces de diamètre.
Pétrolia espère intercepter des fractures naturelles, qui lui permettront de produire du pétrole de façon commerciale. La compagnie répète que son objectif est de produire sans fracturer, mais que cette technique n’est pas exclue.
Moins d’un mois
La séance d’information se tient à moins d’un mois du forage, prévu début janvier. «On a toujours informé qu’on arrivait en janvier, répond Isabelle Proulx, vice-présidente de Pétrolia. On a envoyé des dépliants aux gens.»
Pétrolia avait annulé une première séance d’information le 4 octobre, sous prétexte que l’hydrogéologue René Lefebvre de l’INRS ne pouvait y être. Il n’était pas là hier soir non plus; un collègue le remplaçait.
Des craintes
Le groupe Ensemble pour l’avenir durable du grand Gaspé avait dressé une table à l’entrée de la polyvalente. Lise Chartrand, la porte-parole, déplore le moment choisi par Pétrolia. «Les gens sont dans les préparatifs des fêtes ou dans les examens de fin de semestre.»
Le groupe craint les émanations de méthane du puits. Mme Chartrand souligne aussi que sur son site Internet, dans une section destinée aux investisseurs, Pétrolia mentionne encore la fracturation comme une option à Haldimand.
Le forage sera à 350 mètres des maisons de certains résidants de la rue Forest, dont Pelope Adzakpa, un militant du groupe. «Ça me fait peur, dit-il. Je crains pour la sécurité et la qualité de vie de ma famille. J’ai l’impression qu’on nous met devant le fait accompli. On paie des taxes, mais on n’a pas de droits.»
Transparence
Patrice Quenneville, un conseiller municipal de Gaspé présent à la séance, juge que la compagnie fait preuve de «transparence». «Les résidants de la rue Forest craignent un impact, dit-il, mais quand on regarde la situation du puits sur la carte, c’est à plusieurs centaines de mètres. Ils ne le sentiront pas.»
Le conseil municipal de Gaspé s’est prononcé pour repousser hors des limites de la ville l’exploration et à l’exploitation pétrolière. Toutefois, «le permis [de forage], c’est le gouvernement du Québec qui l’a émis, c’est lui qui a la patate chaude, pas nous», remarque M. Quenneville.
Retombées
«Notre préoccupation, c’est de voir à mieux saisir les retombées économiques», a affirmé le président de la Chambre de commerce et de tourisme de Gaspé, Frédéric Côté. On sait qu’on est en début de processus, mais on a bien hâte d’en savoir plus.» Un cadre réglementaire moderne «aiderait la communauté et la compagnie», ajoute-t-il.