Haute-Gaspésie : Orléans Express maintient son intention de supprimer deux trajets
Malgré la pression populaire, Orléans Express n’a toujours pas retiré sa demande de suppression de deux de ses trajets quotidiens, dans les deux sens, entre Sainte-Anne-des-Monts et Rimouski.
La compagnie de transport a adressé une demande, le 16 novembre, à la Commission des transports du Québec (CTQ) afin de l’autoriser à supprimer les départs de 22h15 en partance de Rimouski vers Sainte-Anne-des-Monts et celui de 5h dans le sens inverse.
«Depuis plus de deux ans, Orléans Express connaît des baisses d’achalandage historiques, peut-on lire dans le document déposé par la compagnie à la CTQ. Face à cette situation et suite à une analyse de l’achalandage sur certains corridors, nous avons choisi de réduire la fréquence en annulant certains départs peu achalandés.» Selon l’entreprise, ces trajets ne comptent qu’une moyenne de sept passagers. Le transporteur souhaite que ces changements soient en vigueur à compter du 4 mars.
Avant d’en arriver à vouloir supprimer ces trajets, Orléans Express a tenté diverses expériences pour diminuer les frais de service, comme l’utilisation de minibus. Mais cette tentative ne se serait pas avérée concluante.
Rencontre avec la CRÉGÎM
Cinq représentants de la Conférence régionale des élus de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (CRÉGÎM), dont le préfet de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier et la mairesse de Sainte-Anne-des-Monts, Micheline Pelletier, ont obtenu une rencontre, à la mi-décembre à Gaspé, avec deux dirigeants d’Orléans Express.
M. Cormier est ressorti fort confiant de cette rencontre qu’il qualifie de constructive. «D’entrée de jeu, je me suis fait un devoir de rappeler à tous les intervenants présents qu’il n’y a pas de service aérien dans le secteur de la Haute-Gaspésie, ni de liaison ferroviaire, raconte-t-il. Le transport par autocar est vraiment un service ultra-essentiel. Il est clair que tout le monde cherche un scénario gagnant-gagnant.»
D’ailleurs, la Chambre de commerce de La Haute-Gaspésie a mené une enquête afin de connaître la perception de ses membres concernant le service d’Orléans Express. Celle-ci a révélé que le service était essentiel, notamment sur le plan de la livraison de colis.
Lors de la rencontre entre les représentants de la CRÉGÎM et deux dirigeants de l’entreprise d’autocars, Sylvain Langis et Marc-André Varin, différents scénarios ont été envisagés, dont un partenariat entre le service de transport collectif de la Gaspésie et le transporteur privé. Pourtant, dans sa demande déposée à la CTQ, Orléans dénonce «la croissance de l’offre de service des systèmes de transport collectif régionaux subventionnés».
Député moins optimiste
Le député de Matane, Pascal Bérubé, se montre moins confiant que le préfet. «Si Orléans était vraiment ouverte à trouver une solution, elle aurait retiré sa demande auprès de la Commission des transports, croit-il. J’ai appelé à la Commission, qui est l’instance habilitée à accueillir la demande. On m’a indiqué que l’entreprise avait réitéré sa demande le 20 décembre, donc après la rencontre avec les gens de la Conférence régionale des élus.»
«Le train du côté sud de la Gaspésie est un enjeu important, compare-t-il. Mais ça ne touche pas le côté nord de la Gaspésie. Ici, c’est l’autobus qui est important. Si le ministre Yves Bolduc se montre ouvert à financer le transport ferroviaire en Gaspésie, il devra, par question d’équité, accepter de subventionner Orléans pour ce tronçon.»
Le commissaire de la CTQ chargé d’entendre la demande de suppression pourrait convoquer une audience publique à Québec d’ici quelques semaines. Le député compte bien y être afin de faire connaître son opposition à cette volonté de suppression de service.
Il s’agit de la troisième tentative, pour la compagnie de transport, d’abolir ce trajet aller-retour. Mais, en 2004 et 2006, devant la grogne de certaines instances locales, elle avait reculé.