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21 février 2012 16 h 26

Interdiction des salons de bronzage aux mineurs : des commerçants sceptiques

Alors que plusieurs voix s’élèvent pour interdire l’accès aux salons de bronzage aux mineurs au Québec, plusieurs commerçants qui offrent ce service dans la région soutiennent que la prévention et la sensibilisation constituent une meilleure solution.

Plus tôt cette semaine, la Société canadienne du cancer, l’Institut national de santé publique et l’Association des dermatologues du Québec ont recommandé en commission parlementaire d’interdire l’accès aux salons de bronzage aux mineurs.  

Ces organismes soutiennent que les mineurs sont la clientèle le plus à risque parce que leur peau est plus vulnérable et qu’ils fréquentent les salons de bronzage en grand nombre sans en connaître les effets nocifs.

Ils souhaitent donc que le gouvernement du Québec se conforme à une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en interdisant les cabines de bronzage artificiel aux moins de 18 ans.

Des commerçants sceptiques

Les quatre propriétaires de lits de bronzage consultés par GRAFFICI.CA ne partagent cependant pas cet avis. Même s’ils estiment qu’interdire l’accès aux cabines de bronzage aux mineurs aurait un effet négligeable sur les revenus de leurs commerces, ils considèrent que cette mesure n’est pas souhaitable.

«Je pense qu’il faut plutôt continuer nos efforts de sensibilisation», commente Marie-Andrée Côté, propriétaire du salon Le Soleil des Tropiques à Paspébiac.

Mme Côté admet que l’abus du bronzage artificiel peut avoir un impact très dommageable sur la santé de la peau, mais que la responsabilité de prévenir revient aux commerçants et aux parents. «On est au courant de ça. Et c’est pour cette raison qu’on dit à nos clients l’importance de minimiser les séances et leur durée, spécialement chez les jeunes», explique-t-elle.

Anick Michel, qui opère aussi un salon de bronzage à Paspébiac, partage cet avis. «Utilisé avec modération, le bronzage, ce n’est pas si pire que ça. C’est à nous et aux parents de bien éduquer les mineurs. Même si on leur interdit le bronzage artificiel, ils pourront toujours prendre des bains de soleil de façon abusive à l’extérieur», dit-elle

Une minorité  

Le propriétaire du Centre énergie santé de Chandler, Karl Grenier, croit pour sa part que bloquer l’accès aux cabines de bronzage aux mineurs punirait l’ensemble des jeunes pour une minorité qui abuse. «La grande majorité de mes jeunes clients en font une utilisation responsable. Et quand un jeune abuse, je ne me gêne pas pour lui dire», raconte-t-il.

M. Grenier note par ailleurs que ceux qui font un usage excessif des cabines de bronzage sont en grande partie des adultes entre 30 et 50 ans. «Ce n’est pas mieux. Va-t-on pour autant leur interdire l’accès?», questionne-t-il.

Quant à lui, le propriétaire de Bronzage JL Vidéo de Grande-Rivière, Luc Couture, croit que si le gouvernement doit légiférer, l’âge légal pour accéder à une cabine de bronzage devrait être de 16 ans. «Je trouve ça particulier que certaines personnes souhaitent donner le droit de vote aux jeunes de 16 ans et que d’autres souhaitent leur interdire l’accès à des services de bronzage artificiels», dit-il.  

Une question d’habitude
 
Invité à réagir aux propos des commerçants interrogés, le porte-parole de la Société canadienne du cancer, André Beaulieu, ne se dit pas contre la sensibilisation, mais déclare que cette stratégie comporte certaines limites. «Ça fait 25 ans qu’on sensibilise et, pourtant, les jeunes continuent à fréquenter beaucoup trop les salons de bronzage», dit-il.  
 
L’interdiction de permettre aux jeunes de moins de 18 ans de s’offrir des séances de bronzage artificiel, comme le propose l’OMS, permettrait, selon lui, de «briser l’habitude» chez plusieurs mineurs. Conséquemment, dans quelques années, il y aurait beaucoup moins de clients adultes dans les salons de bronzage. «À court terme, les utilisateurs ne réalisent pas les effets négatifs. Mais au cours des dernières années, les cas de mélanomes chez les jeunes dans la vingtaine ont doublé, c’est inquiétant», dit-il.
 
Au Canada, la Nouvelle-Écosse et le district de Victoria, en Colombie-Britannique, interdisent déjà la vente de séances de bronzage aux personnes d’âge mineur. La France, la Belgique, l’Irlande, l’Écosse, la Norvège et certains États américains imposent la même restriction.