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20 novembre 2019 15 h 05

Jeunesse et expérience à Ottawa

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Gaspé | Les électeurs ont choisi de renouveler leur appui à la députée libérale sortante Diane Lebouthillier dans Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, mais ils ont opté pour la jeunesse avec la candidate bloquiste Kristina Michaud dans Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia. GRAFFICI jette un regard sur la vision des deux élues le 21 octobre dernier à l’aube de la 43e Législature au Parlement canadien, à Ottawa.

La continuité avec Diane Lebouthillier dans Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine

GRANDE-RIVIÈRE | Élue pour la première fois en 2015, Diane Lebouthillier a été réélue avec 637 voix de majorité sur son plus proche adversaire, le bloquiste Guy Bernatchez.

« Ce qui a été très intéressant, c’est que contrairement à 2015 où on a fait une campagne à trois, on a fait une campagne à deux. En 2015, je suis entrée avec 38,7 % des voix. J’ai augmenté ma majorité à 42,8 %. Pour moi, c’est une preuve de confiance, alors que les gens qui ont voté pour moi en 2015 m’ont encore appuyée », souligne Mme Lebouthillier, analysant qu’elle a puisé cette hausse du suffrage dans la clientèle du NPD.

La représentante de Justin Trudeau ne voit pas de message dans sa courte majorité, malgré qu’elle a répété à plusieurs reprises que son parti a laissé près de 500 millions $ au cours des quatre dernières années dans la circonscription.

La différence par rapport à 2015

Diane Lebouthillier estime être mieux outillée pour affronter ce nouveau mandat, mais surtout être efficace dès maintenant : « pour moi, c’est toute une différence. Lorsque je suis entrée en 2015, je n’avais aucune idée de ce que pouvait être le travail d’un député au fédéral. Tout ce que j’avais, c’était un crayon et une feuille blanche assise à la table de ma cuisine, raconte-elle. Déjà hier [NDLR : le 23 octobre], j’étais à mon bureau, le personnel est en place. Les dossiers continuent de cheminer, les rendez-vous se prennent. C’est une différence énorme ».

La députée libérale a déjà en main une étude sur le tourisme qu’elle avait menée à la fin de son premier mandat dans laquelle se trouvent des recommandations à mettre en place. Elle poursuivra son travail pour obtenir des sommes pour les ports pour petits bateaux, dans le secteur des pêches, la pénurie de main-d’oeuvre ou l’agroforesterie.

« C’est sûr que j’ai une connaissance des dossiers qui est beaucoup plus pointue que celle que j’avais en 2015. Et on a tous les contacts avec les gens, qu’on avait créés. Pour moi, ce n’est pas un travail qu’on commence, c’est un travail qu’on continue », commente Mme Lebouthillier.

Oeuvrer dans un gouvernement minoritaire

Élue pour un premier mandat dans un gouvernement majoritaire, Diane Lebouthillier devra maintenant composer avec un Parlement minoritaire. La travailleuse sociale en elle parle, lorsque GRAFFICI lui demande si cette nouvelle façon de gouverner changera sa façon de travailler.

« J’ai toujours fait en sorte de dire aux gens qu’on travaille ensemble. Tous les gens qui se sont présentés ont un intérêt pour développer leur communauté. Je vais continuer de travailler dans ce sens-là, comme je l’ai fait au cours des quatre dernières années, répond spontanément l’élue. Mon objectif ultime est le même depuis 2015 : amener la Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine à Ottawa afin d’amener Ottawa vers la Gaspésie-Les Îles-de-la- Madeleine », dit-elle rappelant les 500 millions $ qu’elle utilise souvent pour appuyer ses propos.

L’élue ne croit pas que le Parlement sera ralenti par les jeux de coulisses nécessaires avec les partis d’opposition afin de trouver des compromis pour maintenir son gouvernement au pouvoir. « Il y a beaucoup plus de thèmes qui nous rassemblent que de thèmes qui nous divisent. »

Revenir au cabinet

Justin Trudeau choisira son cabinet le 20 novembre. Aspire-t-elle à occuper une fonction ministérielle dans ce nouveau gouvernement? La réponse est classique.

« Jamais je n’ai eu en tête d’être nommée ministre. Ma priorité au départ a été le comté. C’est vraiment la prérogative du premier ministre. S’il a besoin de moi, ça va me faire plaisir de donner tout mon appui et mon support. »

Mme Lebouthillier ne veut pas dire quel ministère lui ferait plaisir, elle qui a connu tout de même certaines difficultés aux commandes du ministère du Revenu national.

Elle n’a qu’une seule grande priorité : « tous nos dossiers sont importants. Ils se doivent d’avancer. Il en va de notre développement économique et de notre occupation du territoire », conclut-elle.

Ses trois priorités du début de mandat :

  • La pénurie de main-d’oeuvre : un dossier majeur pour le développement de la région;
  • Confier l’exploitation du lien maritime aux Îles-de-la-Madeleine à la CTMA : ça représente 500 emplois et on doit avoir une entente à plus long terme;
  • La planification stratégique dans le secteur des pêches : un volet important pour elle.

Kristina Michaud : jeune députée avec une expérience politique

QUÉBEC | Kristina Michaud a réussi un exploit pas banal en remportant la circonscription d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia : la nouvelle députée bloquiste a été élue avec la plus grosse augmentation du vote en pourcentage dans une même circonscription, tous partis confondus au pays. Le Bloc est passé de 21 % en 2015 à 51,6 % le 21 octobre, une hausse de plus de 30 points.

« Je n’avais qu’un scénario en tête : celui de gagner. Je ne m’étais pas attardée aux chiffres ou à la façon dont je rentrerais. Je voulais juste gagner peu importe de combien. Je suis agréablement surprise », explique la jeune femme de 26 ans, originaire d’Amqui, qui a remporté une victoire sans équivoque sur le député libéral sortant, Rémi Massé. L’élue qui se présente comme une féministe et environnementaliste n’est pas encore à l’aise avec le titre de députée.

« Pas encore, et je ne pense pas m’y faire de sitôt! C’est assez particulier, explique Mme Michaud quelques jours après son élection. Je ne suis pas la seule à devoir se pincer pour être certaine, mais en même temps, je me sens la même personne qu’avant le 21 octobre. J’ai hâte de me mettre au travail. »

En préparation

Les premières heures dans ses nouvelles fonctions sont consacrées à former l’équipe et trouver des bureaux dans les quatre MRC de sa circonscription afin d’être au travail rapidement. À peine son élection confirmée, des électeurs la contactaient déjà pour obtenir un rendez-vous afin de discuter de leurs dossiers.

Celle qui a oeuvré à l’Assemblée nationale du Québec auprès du chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, jusqu’à son élection, passe de l’ombre à la lumière. Pour elle, il s’agit d’une situation particulière, ayant déjà participé à des caucus de députés en tant qu’employée d’une formation politique.

« C’est un sentiment assez particulier. Et je suis bien entourée avec des collègues qui ont une certaine expérience. Je peux en apporter moi-même avec ma jeunesse et l’expérience vécue dans certains domaines. »

La députée parle l’espagnol et l’italien en plus du français et de l’anglais. Elle se dit organisée de nature et elle n’identifie pas vraiment de dossier préféré à prendre sous son aile.

« Il y en a plusieurs. Mais ça a ressorti de mon profil, le fait que j’ai étudié en relations internationales, que je me suis dite environnementaliste et féministe à plusieurs reprises; c’est certain que ce sont des dossiers qui m’intéressent beaucoup », avance-t-elle.

Elle ajoute que les dossiers qui touchent la circonscription comme la forêt, les pêches et l’agriculture suscitent aussi son intérêt. « Je fais confiance en mon chef qui me donnera un dossier que je saurai entreprendre assez bien. »

Et son chef lui fait confiance en lui confiant les enjeux de changements climatiques, de jeunesse et de sports.

Contexte favorable

Selon son analyse, la présence d’un gouvernement minoritaire permettra aux électeurs de la circonscription de profiter d’un contexte favorable pour le Bloc québécois afin de permettre le développement de la région.

« Étant donné qu’on est 32 députés [du Bloc] à Ottawa, le gouvernement n’aura pas le choix de passer par nous pour les dossiers du Québec. Si c’est bon, on sera pour; si ce n’est pas bon, on ne sera pas pour. Il y a une certaine façon d’aller tirer notre épingle du jeu pour les gens de chez-nous et des régions », analyse la nouvelle députée.

Questionnée à savoir si elle travaillerait avec la libérale Diane Lebouthillier, qui pourrait demeurer au sein du conseil des ministres, « on veut la même chose pour notre monde. On veut le meilleur. Donc, on aurait intérêt à travailler ensemble au-delà des bannières politiques. De créer de bonnes relations à Ottawa pourrait être bénéfique pour la région », opine celle qui a comme mentore l’ex-députée péquiste de Matapédia à l’Assemblée nationale et ancienne mairesse de Mont-Joli, Danielle Doyer.

Ses trois priorités du début de mandat :

  • La couverture cellulaire sur l’ensemble du territoire;
  • La décentralisation de la fonction publique fédérale vers les régions;
  • La réforme de l’assurance-emploi.

Guy Bernatchez du Bloc québécois dans Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine a indiqué, dès sa défaite annoncée le 21 octobre dernier, reprendre ses fonctions de maire de Saint-Maxime-du-Mont-Louis et son travail de technicien forestier.

Rémi Massé n’a pas retourné nos appels. Toutefois, son ancienne équipe avait indiqué qu’il se consacrerait à sa famille, à la suite de sa défaite.

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