John Forest : 40 ans dans la production de miel
MARIA, juillet 2018 – Il y a 40 ans cette année, John Forest prenait le pari que la production de miel pouvait lui procurer un gagne-pain. Son essai de l’année précédente, avec six ruches lui ayant procuré « 200 ou 300 livres de miel » données à peu près en totalité à des membres de sa famille ou à des proches, l'avait convaincu de pousser plus loin l'aventure.
Ce printemps, ce sont 700 ruches que John Forest met en production au Rucher des framboisiers, le nom de son entreprise. Il les place en 48 endroits de Bonaventure à Escuminac, un parcours de 100 kilomètres qu’il tente de garder le plus linéaire possible pour ne pas manger ses revenus en dépenses de carburant.
« Ailleurs au Québec, les ruches sont placées sur une surface de forme plutôt rectangulaire. Le producteur parcoure huit kilomètres en général pour se rendre à ses ruches les plus loin », souligne l’apiculteur gaspésien.
Il était déjà un adepte de la simplicité volontaire en 1978 quand il a décidé d’augmenter graduellement son nombre de ruches.
« J’essayais de vivre en autarcie. Je faisais des petits travaux pour d’autres. J’avais de grands jardins, des poulets. Avec une poche de riz de 40 kilos, on peut faire un bon bout de temps », raconte-t-il.
La croissance graduelle de sa production l’a incité à mettre son miel en marché. « Pour le simple citoyen que j’étais, aller voir les marchands, ce n’était pas évident. Je suis rentré dans des commerces à New Richmond, j’en vendais à la maison et ma sœur m’a présenté à quelqu’un de Montréal prêt à en vendre. Au début, j’y allais trois fois par an, puis six fois. Mon marché est devenu plus gros que moi finalement », dit-il.
Ses « 200 ou 300 livres » de 1978 sont éventuellement devenues 70 000 à 80 000 livres de miel biologique, bien que les trois dernières années aient donné des rendements bien moins forts, comme un peu partout.
« Les pesticides et les herbicides rendent les abeilles moins résilientes de génération en génération. Comme les gouvernements rêvent d’une agriculture industrielle, ils ne laissent pas de place aux petites fermes. Ils nous imposent 10 inspections, des rapports. Ils disent qu’ils font ça pour t’aider », souligne M. Forest.
Au fil des ans, il a développé des compétences et une polyvalence qui lui permettent de maintenir une entreprise viable. Ainsi, en plus des revenus du miel, John Forest place au printemps 250 ruches à la Bleuetière de Saint-Elzéar à des fins de pollinisation.
« On me paie 120 $ par ruche. Ça augmente de 400 % la production de bleuets. Les insectes dans des conditions naturelles ne peuvent arriver à ces résultats », note-t-il.
Maintenant âgé de 67 ans et malgré les embûches découlant des maladies affectant les abeilles, M. Forest parle encore de son métier avec intérêt.
« J’ai la santé, je suis en bonne forme et j’apprends tout le temps. Je n’ai pas de plan de retraite et je vais continuer aussi longtemps que j’aimerai ça », dit-il.
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