La Baie-des-Chaleurs en Estrie
DANVILLE - Une délégation de 15 représentants de la Baie-des-Chaleurs a passé une semaine passée en Estrie dans le cadre de l'Université rurale québécoise (URQ) 2013.
Alors que se creuse un fossé grandissant entre les villes et campagnes du Québec, l’Université rurale québécoise permet un rapprochement des ruraux par l’échange des savoirs pour le développement de leurs territoires et ce, depuis plus de 15 ans.
La 9e édition se déroulait la semaine dernière dans les MRC du Haut-Saint-François, des Sources et du Granit, en Estrie. Elle accueillait 257 participants de toutes les régions du Québec dont 15 gaspésiens, agents et employés d’organismes de développement des MRC Bonaventure et Avignon.
« Le fait de voir différentes initiatives et d’échanger avec des chercheurs donne des idées pour notre région », explique la directrice générale de la Société d’aide au développement des collectivités (SADC) Baie-des-Chaleurs, Lyne Lebrasseur.
La formule des URQ est de présenter les bons coups d’une région et d’approfondir la réflexion sur ses initiatives de développement en provoquant des échanges entre promoteurs, chercheurs universitaires et agents de développement rural. En Estrie, les organisateurs de l’événement, sous le thème Pour en finir avec les crises, Des clés pour en sortir ou pour les contourner ont invité près de 45 chercheurs, notamment des universités de Sherbrooke et du Québec à Rimouski.
Une trentaine de projets ou d’entreprises ont été présentés sur une dizaine de sujets : exode des jeunes, attraction de nouveaux arrivants, mobilisation locale et régionale, culture et patrimoine, environnement, exploitation des ressources naturelles locales et entrepreneuriat.
À la SADC du Haut-Saint-François, l’organisme a offert un éco-prêt pour aider l’entreprise Tardif Diesel à bâtir un garage entièrement isolé et chauffé par une combinaison de murs en isobloc, de panneaux solaires et de récupération de chaleur. « Ce genre de prêts pourrait être intéressant en Gaspésie, précise Mme Lebrasseur. J’ai été aussi très impressionnée par le projet d’agro-village du rang 13 de Saint-Camille où près de 25 nouvelles familles se sont établies. »
« Le projet de réserve de ciel étoilé est une initiative que je voudrais voir implanter dans notre région », renchérit l’agent de développement rural de la MRC de Bonaventure, Thomas Romagné. Un projet dans lequel des dizaines de municipalités et organisations ont déployé des efforts importants pour réduire la pollution lumineuse afin d’aider l’observatoire astronomique du mont Mégantic dont les activités étaient compromises par cette pollution.
L’Estrie, une région fragilisée par les crises
La plus récente crise, la tragédie de Lac Mégantic, est venue s’ajouter aux crises forestières et manufacturières ainsi que la fermeture de mines en Estrie. Il reste que, résilients, les acteurs de la région savent s’organiser.
« À la campagne, une mauvaise nouvelle nous touche plus parce qu’on connaît la personne qui va être affectée », explique Nicole Robert, préfet élue de la MRC du Haut-Saint-François et présidente de MobilisAction Estrie, organisme hôte de l’URQ 2013. « C’est sûr que c’est une constante bataille. On est peu nombreux dans nos municipalités, mais on a les mêmes besoins [que les habitants des villes] », ajoute-t-elle.
« On sent que ça reprend, même si c’est encore fragile », poursuit Mme Robert. Ce dynamisme est reflété dans les projets novateurs présentés au cours de la semaine : transformation d’une église d’Asbestos en bibliothèque, utilisation de la biomasse agricole pour chauffer une école du secteur de Lac-Mégantic, construction d’un magasin IGA écoresponsable à Cookshire, forêt habitée au mont Gosford, etc.
L’Estrie compte sept MRC. Les trois participantes à l’URQ englobent une quarantaine de municipalités dont près de la moitié sont dévitalisées pour une population totale d’environ 60 000 personnes sur 6000 kilomètres carrés (un peu moins du tiers de la Gaspésie).
L’Université rurale québécoise est inspiré d’un concept similaire mis en place en France au milieu des années 1970 et promu par la Chaire de recherche du Canada en développement rural de l’Université du Québec à Rimouski. Depuis la première URQ en 1997 en Abitibi, l’événement a permis le croisement des savoirs dans huit autres régions rurales, notamment dans la Baie-des-Chaleurs en 2011.
En Estrie, un budget de 400 000 $ a été nécessaire pour son organisation. Plus de 40 organisations locales et régionales y ont pris part ou contribué.