La Petite Maison rose, pour découvrir la Gaspésie autrement
CAP-CHAT (LES CAPUCINS) | Une incursion dans La Petite Maison rose est une fenêtre ouverte sur la richesse culturelle et naturelle de la baie des Capucins, de Cap-Chat et de la Gaspésie. La Petite Maison rose est un musée virtuel interactif qui guide le visiteur vers des lieux et des gens qui témoignent de ce territoire.
En accédant au site Internet, le roulement des vagues immerge immédiatement le visiteur dans l’esprit maritime des Capucins. En entrant dans les trois pièces de la petite maison rose, des objets s’animent. En cliquant dessus, ils mènent le visiteur vers la rencontre d’artisans, d’artistes et de musiciens qui racontent des bouts d’histoires, récitent des poèmes, partagent des recettes et plus encore.
Le documusée ouvre les portes du studio d’art de la regrettée Yohanne Goddard. « Ils peuvent découvrir des artistes de la région : des violoneux, des gens qui faisaient des rigodons, décrit sa fille Valentine. Tout ça fait partie de notre culture à valoriser et à faire connaître. » La Petite Maison rose prend aussi la forme d’un petit guide touristique. « Quand mes amis vont en Gaspésie, je leur dis que tout est là! »
En cliquant sur l’illustration d’une petite radio, on peut entendre un extrait de la chanson intitulée 1977 de Patrice Michaud. L’auteur-compositeur-interprète originaire de Cap-Chat y parle « du croche des Capucins », là même où se situe la vraie petite maison rose. « Patrice a gentiment accepté de nous laisser diffuser un extrait de sa chanson dans la petite radio du musée », s’enthousiasme celle qui a mis de l’avant le projet, Valentine Goddard.
Valentine Goddard a mis à profit ses talents artistiques pour concevoir toutes les illustrations et les cartes qui se trouvent sur le site Web. Plusieurs autres personnes ont contribué à la réalisation du projet.
La page d’accueil de La Petite Maison rose, dont l’illustration a été créée par Valentine Goddard. Photo : Valentine Goddard
La vraie petite maison rose
Jusqu’à la fin de sa vie en 2001, Yohanne Goddard a habité une petite maison qu’elle avait peinte en rose et qui, bien que mal en point, se dresse toujours dans la courbe de la côte des Capucins. Au grand malheur de sa fille, elle n’est cependant plus habitable ni récupérable.
Une réplique miniature de la vraie petite maison rose est placée devant celle-ci en bordure de la route 132. « Au lieu de faire une pancarte, on a fait une maisonnette, explique la conceptrice du projet, qui est artiste et avocate. Parfois, les gens arrêtent et se prennent en photo avec la maisonnette. Ils mettent ça sur les réseaux sociaux. Ça fait de la promotion. Il y a un code QR et le nom du site Web dessus. »
La vraie petite maison rose où a grandi Valentine Goddard et qui a servi d’inspiration pour le musée virtuel interactif du même nom. Photo : Yohanne Goddard)
L’horoscope gaspésien
Dans le bureau de La Petite Maison rose, qui est donc une réplique virtuelle de la maison de Mme Goddard, l’internaute est invité à jouer à « l’horoscope gaspésien ». Le jeu est composé de 12 questions associées à autant d’animaux, d’insectes, d’oiseaux et de mollusques dont la région regorge. La personnalité propre à chacun d’eux guidera le visiteur vers des visites et des sorties.
« C’est un petit clin d’oeil à ma mère », lance Valentine Goddard en riant. Les gens qui ont connu la propriétaire de la petite maison rose se souviennent encore de sa passion pour l’astrologie.
L’avocate et artiste Valentine Goddard est la créatrice de La Petite Maison rose. Photo : Yohanne Goddard
Le concept
L’idée de La Petite Maison rose est venue à l’esprit de Valentine Goddard après avoir gagné le prix Médias créatifs de Mozilla, avec 10 autres artistes à travers le monde. Cette récompense consistait à créer un site Web interactif. « Avec mon chapeau d’artiste, j’aime beaucoup utiliser les médias créatifs interactifs pour l’engagement social et la sensibilisation sur différents sujets. »
Si l’histoire derrière le concept de La Petite Maison rose consiste à mettre en valeur le secteur des Capucins et de la Gaspésie, Valentine Goddard tenait aussi à faire revivre la maison où elle a grandi, qui est aujourd’hui abandonnée. « C’est un projet qui a un volet personnel. Les Capucins, c’est mon village. Plus jeune, comme j’allais de maison en maison pour livrer les journaux, tout le monde me connaissait. »
Selon celle qui vit maintenant à Montréal, la population des Capucins l’a adoptée. « On est arrivé là quand j’avais 7 ans. Les gens ont été vraiment généreux et gentils, même si on a toujours dit de Yohanne qu’elle était « une étrange » parce qu’elle ne venait pas de la région! Mais moi, j’étais la petite fille des Capucins; c’est devenu mon chez-moi. J’ai toujours gardé un attachement à la région. J’y descends souvent. » Pour elle, ce projet rend aussi hommage à celle qui a donné une âme à la petite maison rose : sa maman Yohanne.
Introduction à l’intelligence artificielle
La Petite Maison rose permet de faire des découvertes sous un angle ludique. « Je veux que le monde entre dans la maison des Capucins comme ils le faisaient dans le temps, souligne sa créatrice. Des fois, les gens venaient pour y manger. Ma mère faisait de la bouffe assez originale, comme de la lasagne à la morue, que le monde n’était pas habitué à manger. »
Le documusée est aussi un projet introductif à l’intelligence artificielle et à l’utilisation de données pour le développement économique de La Haute-Gaspésie, tant sur le plan agrotouristique que sur celui du développement touristique et culturel. C’est l’un des objectifs poursuivis par sa conceptrice, qui a fondé AI Impact Alliance, un organisme sans but lucratif, dont la principale mission repose sur la recherche des implications sociales de l’intelligence artificielle.
Recherche
Avant de réaliser le site Internet, l’avocate et artiste est retournée sur les lieux de son enfance et de son adolescence pour faire une recherche guidée par un objectif de valorisation patrimoniale. « Je suis allée voir certaines personnes que je connaissais pour aller chercher des bouts d’histoires qui auraient été autrement oubliés. Je voulais parler de la baie [des Capucins], qui est un marais salé et dire pourquoi il est important pour la diversité biologique. J’ai aussi fait une petite recherche pour en savoir davantage sur le territoire autochtone. J’ai découvert des gens des Capucins qui ont des origines autochtones. »
Pour Mme Goddard, le projet représentait une occasion unique de pouvoir compter sur un engagement créatif de la population locale. « À travers la page Facebook, les gens m’envoyaient de l’information. Il y a eu un beau processus de cocréation avec la région. »
Legs
Pour son initiatrice, ce musée interactif poursuit la tradition que représentait la vraie petite maison rose. « Les gens arrêtaient chez nous parce qu’ils aimaient comment la maison était peinturée. Ils voyaient bien que c’était une artiste qui habitait là. Ils venaient jaser avec ma mère et elle leur disait ce qu’ils pourraient manger, où aller, ce qu’il y avait à visiter. Elle faisait la promotion des artisanes avant que l’artisanat soit reconnu comme une forme d’art. »
Sa volonté de transmettre cet amour de la région et de la valoriser est un legs de sa mère Yohanne. « C’est un beau cadeau que ma mère m’a fait. Je suis née en Californie. On est ensuite resté dans les Cantons de l’Est. Puis, on est parti de Sherbrooke pour arriver aux Capucins. Quand j’y vais, c’est vraiment chez nous! »
Plus de 5000 visiteurs
Valentine Goddard a lancé La Petite Maison rose en juillet 2024 dans le cadre du 140e anniversaire de Cap-Chat. Elle avait fait imprimer de petites affiches qui ont été posées dans les commerces de l’endroit et des autocollants sur lesquels il était écrit : « Que dit le ciel de la Gaspésie sur vous? » Un hyperlien les conduit alors directement au jeu de l’horoscope gaspésien. « Les gens ont beaucoup aimé le projet et l’ont soutenu dans son envolée », se souvient-elle.
Jusqu’à maintenant, plus de 5000 visiteurs sont entrés dans La Petite Maison rose. La majorité d’entre eux sont du Québec et du Canada. « Ils proviennent ensuite des États-Unis, continue Mme Goddard. Il y a aussi des visiteurs de la Chine, du Japon et des Pays-Bas. Ça s’explique du fait que j’ai un réseau international et que j’ai fait la promotion du projet. Donc, ces gens-là découvrent la Gaspésie! »
Pour visiter La Petite Maison rose : lapetitemaisonrose.com