Le rail gaspésien doit 3,6M$ à plus d’une centaine de créanciers
NEW CARLISLE, décembre 2014 - Une enquête menée par CHNC FM démontre que la Société du chemin de fer de la Gaspésie doit 3,6 millions de dollars à plus d'une centaine de créanciers,dont Rail GD et Revenu Québec.
CHNC a mis la main sur l’avis d’intention émise par la Société du chemin de fer de la Gaspésie qui proposait de se soumettre à la Loi sur la faillite et l’insolvabilité auprès du syndic et signé par le président de la SCFG, Éric Dubé, le 21 novembre dernier de même que la lettre d’acception du syndic d’agir à ce titre.
À cette documentation, est jointe la liste initiale des créanciers connus ayant une réclamation de plus de 250$, qui en compte plus d’une centaine, présentée au syndic de faillite; laquelle liste indiquait une dette totale d’un peu plus de 3,2 millions de dollars. Parmi les créanciers, on note Activa Environnement (8 870$), Revenu Québec (34 123$), l’Agence métropolitaine de transport (11 497$), la firme comptable Alphonse Bernard inc. (22 880$), l’Association touristique régionale (18 970$), la Caisse populaire Desjardins de la Baie de Gaspé, soit une marge de 450 000$ à régler de même
qu’un prêt de 12 084$, la firme Cima à Chandler (31 996$), Crédit Ford Canada Limited (119 269$), Hydro-Québec Département des faillites (48 525$), J.A Cormier et fils (4 646$), la Municipalité de Port-Daniel-Gascons (2 209$), Pavages Beau Bassin (16 110$), Rail GD (135 035$), Roche Groupe Conseil (229 310$), la Ville de Percé (2 398$), la firme de génie conseil, WSP Canada (34 431$) et la firme X Rail inc. de Chateauguay (102 820$).
Selon nos informations, la semaine dernière l’exécutif de la SCFG a été mis au fait d’une dette additionnelle d’un million de dollars liée à une hypothèque, ce qui aurait fait grimper la dette à 4,2 millions de dollars. Mis au fait de cela par CHNC, le président de la SCFG, Éric Dubé, n’a pas nié cette information en précisant toutefois que la dette totale s’établit plutôt à 3,6M$ en raison d’une dette de 600 000$ «d’une compagnie à numéro» qui a été comptabilisée deux fois plutôt qu’une.
Des membres de la SCFG estomaqués
Informé par CHNC de l’ampleur du problème, le maire de Grande-Rivière, Bernard Stevens, qui siège au sein du conseil d’administration, se dit «estomaqué» par la nouvelle. D’autant plus, dit-il, que lors du vote unanime du 21 novembre dernier du conseil d’administration proposant de soumettre la SCFG à la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, les membres ont été informés que la dette était de 1,3 million de dollars. «Toutefois, quelques jours plus tard, soit le 26 novembre, je reçois la documentation (du syndic) par la poste qui indique que la dette totale est finalement de 3,2M$. Et maintenant elle est rendue de 3,6M$. Il faut faire la lumière sur tout ça parce les membres du conseil d’administration portent le poids de cette dette alors que (par le passé) la SCFG a dépensé de l’argent qu’elle n’avait pas!», s’insurge le maire.
Même son de cloche du côté de la mairesse de Chandler, Louisette Langlois,
qui siège aussi au sein conseil d’administration de la SCFG. «Écoutez, j’apprends de vous et non pas de mon conseil d’administration le montant de la dette! On nous avait dit au départ qu’il n’y avait pas dette. Au 21 novembre, on nous parlait de 1,3 M$ et maintenant c’est 3,6 M$. C’est pour moi une immense déception d’apprendre ça et il est temps que toute la lumière soit faite pour voir pourquoi ç’a été administré de cette façon!»
L’ancienne haute direction de la SCFG montrée du doigt
En réaction à l’ensemble de ce dossier, Éric Dubé, concède que le 21 novembre dernier le montant de la dette annoncée aux membres de conseil d’administration au moment de mettre la SCFG sous la Loi de la faillite et de l’insolvabilité était de 1,3M$, mais que tous les faits n’étaient pas encore connus. «On a été mal informés tout au long de ce dossier (par l’ancienne haute direction ) et c’est ce qui a mené au problème qu’on a présentement. Et je vous dirais que M. Stevens a bien raison de dire ça. Ça nous a été vendu (par l’ancienne haute direction) beaucoup plus beau que ce l’était parce que
depuis (que la nouvelle administration) s’est mis là-dessus, on rame depuis ce temps-là. C’est un panier de crabes, un panier de surprises», fait-il valoir au bout du fil.
Éric Dubé confirme qu’une seule proposition d’achat a été déposée à ce jour au syndic par un groupe d’affaires de la Baie-des-Chaleurs, dont fait partie Gilles Babin, également propriétaire de Rail GD. M. Dubé précise par ailleurs que des négociations sont en cours entre le ministère des Transports du Québec, ce groupe d’affaires, et le syndic en vue de relancer le rail. «Le 4 février, il faut de toute façon qu’on se présente devant la Cour avec quelque chose de solide en main afin d’obtenir une prolongation de 45 jours». Éric Dubé demeure toutefois positif quant à la suite des choses. «On est condamnés à réussir. Et comme le ministre des Transports, Robert Poëti a déjà dit, il faut qu’on démontre que les mêmes erreurs du passé ne se reproduiront pas. Et deuxièmement, il faut démontrer que la région est capable de se prendre en main. D’ailleurs, trois MRC (Avignon, Bonaventure et Côte-de-Gaspé), ont accepté de nous prêter 50 000$ chacune pour nous aider, c’est une bonne nouvelle en soi.» On rappellera que la MRC du Rocher-Percé s’y est refusée.
L’un des créanciers, Alphonse Bernard, a indiqué en entrevue à CHNC qu’il souhaitait qu’une solution de relance du rail soit trouvée, ce qui sera bénéfique «pour toute la Gaspésie».