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5 avril 2012 14 h 26

Le torchon brûle à La Martre

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La division règne à La Martre entre la mairesse et cinq de ses conseillers municipaux, entraînant un déchirement au sein de la population de 268 habitants. Mercredi, les cinq conseillers qui désavouent la mairesse ont démissionné en bloc.

Lundi, cinq conseillers sur les six que comptait le conseil municipal ont décidé de boycotter l’assemblée régulière qui devait normalement avoir lieu, comme à tous les premiers lundis du mois. «C’était pour protester contre la façon de gérer de la mairesse», explique l’un d’eux qui préfère ne pas être identifié.

La veille, quatre conseillers s’étaient réunis dans la résidence de l’un d’entre eux, sans en avoir avisé la mairesse, Claudette Robinson et la seule conseillère lui ayant démontré son appui, Guylaine Marin. «Le maire est censé approuver les recommandations de ses conseillers, mais avec Mme Robinson, ça ne se passait pas comme ça, témoigne le conseiller démissionnaire Roger Fournier. Il fallait toujours que les idées viennent d’elle.»

Les conseillers dissidents ont aussi décidé, mardi, de faire changer la serrure du bureau de la directrice générale de la municipalité, considérant que la mairesse y entrait de façon intempestive et fouillait parfois dans des dossiers à caractère confidentiel.

Le même jour, le conflit a dégénéré lorsqu’une quinzaine de sympathisants de la mairesse ont bloqué l’accès à l’édifice municipal de la directrice générale, Marie Hudon, qui est la conjointe de l’un des conseillers démissionnaires, Jean-Jacques Élie. Selon Roger Fournier, l’harmonie ne régnait vraiment pas entre M. Élie et la mairesse. L’engagement de sa conjointe au poste de directrice générale, il y a environ un an, serait venu gonfler la mésentente entre les deux élus.

Mercredi, des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) sont intervenus sur les lieux. «Puisqu’il n’y a pas eu de plainte de déposée, nos agents étaient en mode service d’ordre, précise le sergent Bruno Beaulieu. Mais certains individus ont été amenés au poste de Sainte-Anne-des-Monts pour être questionnés.» Selon le porte-parole de la SQ, il n’ya eu aucune arrestation.

Beaucoup de reproches dirigés envers la mairesse

«Je n’aime pas la chicane, allègue M. Fournier. J’ai démissionné parce que c’était devenu intenable, surtout quand j’ai vu les manifestants qui bloquaient l’accès à l’édifice municipal. C’est de l’intimidation. Rendu à 70 ans, j’ai d’autres choses à faire que de me faire engueuler pour 150$ par mois!»

À l’instar des quatre autres démissionnaires, l’ex-conseiller municipal reproche à Claudette Robinson son manque de leadership et de compréhension des enjeux municipaux.

Parmi les irritants, la dame aurait toujours refusé d’apprendre à se servir d’un ordinateur, ce qui obligeait notamment la directrice générale de la municipalité à lui imprimer tous les courriels qui lui étaient destinés. «Je ne connais pas son niveau de scolarité, mais de la manière dont elle lit les procès verbaux et qu’elle parle, elle n’a sûrement pas beaucoup d’instruction», déplore M. Fournier.

Selon lui, la femme manque de profondeur. Il raconte l’avoir déjà vu, du temps où elle était conseillère municipale, il y a environ deux ans, administrer une claque à un employé municipal.

Autre pomme de discorde

La gestion du phare, situé en plein cœur du village, est aussi à l’origine du conflit. Récemment, quatre membres sur les sept que comptait le conseil d’administration ont démissionné du Comité socioculturel du phare de La Martre, l’organisme chargé de gérer l’infrastructure municipale.

Certains administrateurs ont recommandé le congédiement de l’employé responsable du phare depuis une trentaine d’années, Yves Foucreault. «L’administration était déficiente, relate Roger Fournier. Les comptes n’étaient pas payés à temps. Il ne restait plus d’argent dans le compte du Comité parce qu’il se payait un bon salaire. De plus, combien d’autobus ont reviré de bord parce que les gens se rivaient sur la porte du phare qui était barrée parce que ça ne lui tentait pas de travailler?»

Climat moribond

Selon Roger Fournier, il règne, à La Martre, un climat d’intimidation, voire de harcèlement. «J’ai été témoin que l’ex-conseiller Grégory Jean-Baptiste a empêché le mari de la mairesse, Gaston Vallée, de sauter sur Jean-Jacques Élie», raconte-t-il.

De l’avis de Roger Fournier, il s’agit d’un différend entre les néo-Martriens et les natifs, considérant que les cinq conseillers démissionnaires ne sont pas originaires de l’endroit. «Ça fait 35 ans que je vis ici et je suis toujours considéré comme un néo», déplore-t-il.

Outre M. Fournier, les quatre autres conseillers démissionnaires, soit Grégory Jean-Baptiste, Jean-Jacques Élie, Marc-André Delisle et Marie-Ève St-Laurent ont demandé au ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, d’envoyer un commissaire afin de gérer les affaires de la municipalité.

Pour l’instant, la mairesse, Claudette Robinson, n’a pas retourné nos appels.