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1 décembre 2011 9 h 59

L’école était devenue un enfer pour Marjorie Raymond

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Le suicide de Marjorie Raymond survenu lundi à Sainte-Anne-des-Monts secoue tout le Québec. Selon la mère de l’adolescente de quinze ans, Chantal Larose, la mort de sa fille est directement attribuable à l’intimidation dont elle était victime.

Le calvaire de la jeune fille a commencé il y a trois ans lorsqu’elle est déménagée à Sainte-Anne-des-Monts. «Avant, elle allait à l’école de Saint-Pie, en Montérégie, relate sa mère. Même si elle n’avait pas des grosses notes, elle se tenait dans la moyenne. Elle était une élève modèle.»

Les problèmes sont donc apparus après son entrée à l’école secondaire Gabriel-Le Courtois. «Les problèmes ont pris des proportions telles qu’elle a redoublé sa deuxième secondaire», souligne Mme Larose. Mais Marjorie a persévéré à tel point qu’elle s’est classée au deuxième rang pour l’obtention de la Bourse Accroche-Cœur décernée par la Fondation Jean-Michel Anctil, pour la persévérance scolaire.

Une situation qui s’est aggravée

Depuis le début de sa troisième secondaire, la situation s’est amplifiée.
Selon Chantal Larose, elle et sa fille ont demandé de l’aide, mais celle-ci n’est jamais arrivée. C’est pour cette raison que la mère, malgré le deuil qui l’afflige, a décidé de dénoncer, à qui veut l’entendre, le phénomène de l’intimidation. «Je ne peux plus rien faire pour Marjorie, elle n’est plus là, est-elle forcée d’admettre. Mais je peux faire quelque chose pour les victimes d’intimidation.»

Les actions de la Commission scolaire

«Contrairement à ce qui s’est dit dans certains médias, plusieurs actions ont été posées, se défend le directeur général de la Commission scolaire des Chic-Chocs, Jean Letarte. Des comités ont été mis sur pied et on a élaboré un protocole d’intervention face à l’intimidation.»

Hier, la direction a remis à chaque élève de l’école Gabriel-Le Courtois une lettre afin de les informer des ressources qui sont à leur disposition, au cas où ils auraient besoin de soutien.

«Chez les jeunes, l’intimidation prend différentes formes, fait remarquer la mère de Marjorie Raymond. Ce n’est plus seulement verbal ou physique, mais c’est sur Facebook, par texto ou par téléphone cellulaire. Ça prend des proportions énormes!»

La situation de Marjorie a dégénéré ces dernières semaines lorsque, selon sa mère, une fille de sa classe est arrivée par en arrière et lui a frappé la tête contre la porte de son casier. Pour la première fois, Marjorie a répliqué et s’est battue avec sa présumée assaillante. Cette dernière a écopé de cinq jours de suspension. «Elle s’en est vantée sur sa page Facebook, déplore Chantal Larose. Elle en riait. Pour elle, ce n’était pas une punition, elle était en congé.»

L’ampleur des médias sociaux

Depuis le décès de Marjorie, la jeune fille incriminée a reçu une centaine de messages à caractère haineux. Certains l’accusent même d’être responsable de la mort de Marjorie Raymond.

Au moins 24 pages Facebook ont été mises en ligne à la suite  du décès tragique de la jeune victime d’intimidation. Un abonné de ce réseau social proposait aux internautes, par solidarité pour Marjorie, de participer à un suicide collectif. «Des intervenants ont été mis au courant et essayaient de rencontrer ceux qui étaient à l’origine de cette invitation», a fait savoir la responsable des communications de la Commission scolaire, Marie-Noëlle Dion.

Un adieu poignant

Lorsque Chantal Larose a fait la macabre découverte, alors qu’elle était en compagnie de sa jeune fille de cinq ans, Destiny, Marjorie avait laissé une lettre d’adieu de trois pages. Sur la page couverture, elle y avait dessiné un cœur et écrit le mot «pardon».

«Chère maman, je suis énormément désolée de ce que j’ai fait et sache que c’est loin d’être de ta faute, peut-on lire. C’est juste que la vie, je n’en peux plus. Dis-toi que j’ai eu du mal à quitter ce monde. Mais au moins, je pars pour un monde meilleur. C’est la faute de la vie et des gens jaloux qui veulent seulement gâcher le bonheur des autres.»

Marjorie Raymond s’est pendue dans le garage situé à proximité de la résidence familiale du secteur de Tourelle, à Sainte-Anne-des-Monts.