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Le directeur de SARGIM, Denis Bujold, montre un plant d’arbre de première année. Il sera prêt à être planté en 2021. SARGIM et sa filiale Pépinière Baie-des- Chaleurs gèrent deux stocks de plants, le premier, imposant, porteur d’une capacité de livraison de 5 millions d’arbres au ministère de la Faune, de la Forêt et des Parcs, des arbres destinés aux terres publiques, et le stock de sa division ornementale, pour le secteur privé, qui comprend les plants destinés à la compensation de carbone. Photo : Gilles Gagné.
20 novembre 2019 13 h 52

Les Gaspésiens peuvent compenser leurs émissions de carbone en mode autonomie régionale

Gilles Gagné

Journaliste

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NEW RICHMOND | Depuis 2017, les Gaspésiens désireux de compenser leurs émissions annuelles ou ponctuelles de carbone peuvent acheter des plants d’arbres de la pépinière SARGIM de New Richmond, ou de sa filiale Pépinière Baie-des- Chaleurs, de Paspébiac.

En trois ans, les gens de la région ont acheté 4000 plants d’arbres à cette fin. Certaines personnes sont reparties avec leurs plants, mais SARGIM offre aussi un espace pour planter l’essentiel de ces arbres, sur une partie de son terrain adjacent à sa pépinière, située dans le secteur ouest de New Richmond.

« On offre un tout inclus pour les gens qui veulent compenser leurs émissions de carbone. C’est une initiative de Maxime Cotnoir, notre consultant. Il possède une maîtrise en écologie. Il nous a suggéré d’essayer ce service. On a fait un logiciel avec le Web simple. Les gens doivent répondre à des questions comme : vous restez où, combien de kilomètres parcourez-vous par année, ou avez-vous fait un voyage à Cuba, ou ailleurs? Les gens pèsent sur enter et ils obtiennent leur réponse. Vous avez dépensé tant de tonnes et vous devez compenser avec l’achat de 56 arbres, par exemple. Ils peuvent venir et planter eux-mêmes leurs arbres », précise Denis Bujold, directeur général de SARGIM.

Pour le moment, cette filière de compensation de carbone représente 5 % du chiffre d’affaires annuel de 2M $ des activités combinées de SARGIM et de Pépinière Baie-des-Chaleurs. Après deux années de 1000 arbres vendus à cette fin, le nombre est passé à 2000 en 2019. Les arbres sont plantés à leur troisième année.

« C’est planté sur notre terrain ici. On n’achète pas de terrain. En juin, avec une école et une maison des jeunes, on plante 200 arbres. Les jeunes suivent les instructions d’un planteur. Ça dure une heure. J’en ai des frissons à en parler. Les 1800 autres arbres sont plantés par nous », souligne M. Bujold.

Les arbres plantés à des fins de compensation de carbone sont frappés d’un engagement afin de respecter les normes reconnues.

« Cette forêt est là pour 70 ans. On ne la touchera pas, excepté pour des travaux d’entretien de plantation », précise Pascale Saint-Laurent, agronome chez SARGIM.

À 2000 arbres par année, le terrain de SARGIM sera vite comblé et la direction de la coopérative n’y gardera idéalement que la plantation, réservée aux jeunes, à la fin de l’année scolaire. Les dirigeants cherchent conséquemment des propriétaires de lots afin d’accueillir les 1800 plants par an achetés par les « compensateurs » d’émissions de carbone. Il faut considérer que ce nombre d’arbres croîtra, si les Gaspésiens adoptent cette tendance écologique.

La Presse a récemment révélé que le suivi dans les plantations de compensation était parfois déficient, que les petits arbres étaient mis en terre dans des conditions adverses, sans suivi, ce qui fait dire au professeur Luc Bouthillier que pour des gens prenant l’avion, « on sort 30 $ et on se déculpabilise. Même en reboisement, le suivi est extrêmement important. Planter dans une gravière? Ça prend des fertilisants. Ça aussi, c’est un défi à l’imagination ».

Denis Bujold assure que SARGIM réalise et réalisera « des suivis rigoureux sur les arbres » plantés à des fins de compensation de carbone.

« Je veux mettre SARGIM sur la mappe. Il ne s’agit pas juste de faire de l’argent. Nous sommes les seuls à l’est de Québec à offrir ce service. On a fait une entente avec Irroko, le service pancanadien de compensation de carbone, pour la production, ici, de 400 plants. Eux, ils ont de la misère à trouver des terrains. On peut planter pour eux. Les 400 arbres sont plantés à l’Université Laval. C’est ce que je veux dire en parlant de sortir SARGIM de la Gaspésie. On peut rayonner ailleurs avec nos activités d’ici », note-t-il.

SARGIM et Pépinière Baie-des-Chaleurs veulent évidemment poursuivre leur activité principale, c’est-à-dire la production de 5 millions de plants d’arbres pour le compte du ministère des Forêts afin de reboiser certaines surfaces de la forêt publique gaspésienne. Toutefois, les avenues de développement liées à la compensation de carbone occuperont sans doute une part grandissante des tâches confiées à leurs 60 travailleurs.

« On a l’équipe pour faire de grandes choses, des gens dédiés à la job. On a des gens qui sont ici depuis 33 ans, qui ont plus de 60 ans, et c’est un travail physique. C’est aussi un travail minutieux. Il y a 25 normes à respecter avant de livrer nos arbres au ministère de la Faune, de la Forêt et des Parcs », précise Denis Bujold.

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