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7 mars 2019 10 h 53

Les TIC en Gaspésie, du progrès réalisé, mais de l’efficacité à gagner

Gilles Gagné

Journaliste

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CARLETON-SUR-MER, mars 2019 -  La Gaspésie a fait des grands pas en avant en technologies de l’information et des communications au cours de la dernière décennie, les fameuses TIC. Dans certaines disciplines de ces TIC, la région occupe un rôle de meneur, notamment dans la gestion des parcs éoliens à distance. Dans le commerce du détail, l’adoption des outils informatiques ou la maximisation de leur utilisation prend plus de temps. GRAFFICI brosse un portrait de la progression récente des TIC en Gaspésie, et des éléments à améliorer

Les nouvelles technologies de l’information et des communications « sont beaucoup plus affichées maintenant. Les gens entendent parler de l’intelligence artificielle, par exemple. Ils sont curieux et ils veulent comprendre », note Carol Cotton, directeur du Technocentre des TIC de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Il est bien placé pour voir l’évolution des entreprises et leur désir d’être à la fine pointe de la technologie, notamment en adoptant de nouveaux langages de programmation. M. Cotton voit toutefois des efforts à déployer pour optimiser l’emploi des TIC dans la région.
«Beaucoup d’entreprises ont adopté les technologies, le virage, mais elles ne l’ont pas toutes fait de façon efficace. Elles veulent sauter par-dessus certaines étapes et avoir une présence en ligne, mais elles ont un problème de gestion de l’information à l’interne, avec les mises à jour et l’inventaire. Prenons l’exemple d’une boutique physique, au sens d’un inventaire permanent; le pantalon est là, même s’il a déjà été vendu. La mise à jour n’a pas été faite », analyse Carol Cotton.
«Le virage numérique, c’est maintenant. On dirait qu’il y a encore une inertie. S’il manque de quatre à cinq employés, certaines entreprises bougent mais de 60 à 70% des firmes sont encore en mode neutre, pas totalement, bien que pas efficiente en matière de technologies. Ils (les propriétaires) ne saisissent pas le potentiel. C’est là qu’il y a de la sensibilisation à faire », dit M. Cotton.
Il souligne du même souffle des entreprises faisant preuve d’originalité et d’efficacité, comme Jolifish, de Chandler, Solutions Infomédia, de Bonaventure, le Web simple, de New Richmond, pour ne nommer que celles-là, qui démontrent « autant de compétences que des grandes boîtes en ville », assure-t-il.
Carol Cotton voit aussi le Groupe Ohméga, de Gaspé, comme l’exemple à suivre. «Dans la gestion de parcs éoliens à distance, ils ont tellement innové qu’ils sont des maîtres ».
La taille de la filière gaspésienne des TIC est difficile à situer, un peu comme une cible mouvante. «Nous sommes en train de réviser un portrait de la main-d’œuvre avec le CIRADD. Ce sera prêt en mars ou en avril. Les chiffres sont difficiles à établir; il y a beaucoup de travailleurs autonomes. Il doit y avoir de 40 à 45 entreprises dans notre réseau. Selon moi, il y a le double d’entreprises, en incluant les boutiques qui réparent les ordinateurs », évalue M. Cotton.
La solution « va passer par l’éducation, la formation et parfois avec l’embauche d’experts à 75 ou 80 $ l’heure. Il n’est pas évident pour certains entrepreneurs de voir le bénéfice de cette dépense, mais il faut passer par là ».
Sans parler d’entreprenariat vieillissant, le professeur d’informatique Wayne Duguay, du Centre de formation professionnelle la Relance de Chandler, voit la nouvelle génération pousser fort pour intégrer les TIC, notamment dans les petites et moyennes entreprises (PME).
«Les PME des secteurs traditionnels comme les pêches adoptent les nouvelles technologies, surtout la nouvelle génération. Il y avait un petit retard mais on prend le virage », note Wayne Duguay.
Les 163 homardiers de la Gaspésie ont adopté depuis 2015 le logiciel JOBEL, qui donne des indications quotidiennes sur les lieux de pêche où leurs prises sont réalisées, tout en indiquant le volume de ces prises.
«Les usines doivent aussi fournir des informations sur la traçabilité des produits. Les TIC sont incontournables dans ce processus et là encore, la nouvelle génération de travailleurs se familiarise avec ces techniques », ajoute M. Duguay.
Offrant, quand il a le temps, des services conseil en TIC, Wayne Duguay voit régulièrement la gamme d’entreprises régionales s’élargir dans le domaine. «Chaque jour, on avance. Des services qu’on allait chercher ailleurs sont maintenant disponibles, comme dans l’hébergement de courriels, offerts par des jeunes de la région qui ont étudié ailleurs et qui sont revenus. »
Les écoles de formation doivent par contre mettre le pied sur l’accélérateur pour faire connaître leurs programmes, dit-il.
« Il faut intensifier les campagnes de recrutement pour faire connaître nos programmes. Des profs de l’école secondaire Mgr Sévigny, de l’autre côté du mur par rapport au Centre de formation professionnelle, ne savaient pas qu’on offre le DEP (diplôme d’études professionnelles) en soutien informatique. Des étudiants de Rivière-au-Renard vont à Rimouski ou à Québec, alors que le Cégep de Gaspé offre un DEC en informatique », conclut-il. 

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C’est quoi, les TIC?

À l’origine, les technologies de l’information et des communications représentaient l’ensemble des équipements et logiciels qui permettent de recueillir, analyser, conserver et transmettre de l’information. Avec l’avènement du Web, nous avons vu l’émergence des pratiques liées à l’usage de ces technologies : communication-marketing, design, Web, expériences par le numérique, programmation, audio-vidéo, réalité virtuelle et intelligence artificielle, notamment.

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