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22 janvier 2018 16 h 01

Manon Jeannotte, l’une des cinq femmes chefs du Québec

GESPEG – Ils se distinguent dans leur domaine d’activités, comme cinéaste, anthropologue, politicienne, athlète ou scénariste. Rencontre avec des Micmacs aux racines gaspésiennes. Aujourd’hui, Manon Jeannotte, la chef de Gespeg.

Des 42 communautés autochtones du Québec et du Labrador, cinq ont une femme à leur tête. La chef de Gespeg (la communauté de Gaspé), Manon Jeannotte, est l’une d’elles. Aux femmes autochtones qui veulent suivre ses traces, elle lance : « sont capables! ».

Mme Jeannotte a grandi en banlieue nord de Montréal. « Chez nous, c’était la microsociété micmaque, dit-elle. Beaucoup de gens s’arrêtaient chez nous, de passage. Des fois, on était 14 ou 20 dans la maison. On vivait en communauté. » Son grand-père habitait en face. « Dans son sous-sol, il faisait des raquettes et il faisait bouillir son genévrier comme médecine traditionnelle. »

« Depuis que j’ai trois semaines, je passe tous mes étés en Gaspésie, poursuit Mme Jeannotte. Mon territoire ancestral est Port-Daniel. La cimenterie est dans mon jardin. »

Mme Jeannotte a séjourné une première fois à Gaspé en 1998, pour écrire un mémoire sur la présence micmaque en Gaspésie, dans le cadre d’études de 2e cycle universitaire en inter-culturalisme. Cette rousse aux yeux bleus, de père micmac et de mère jersiaise, a dû alors se questionner sur sa propre identité. « Je suis Micmaque, Québécoise, Jersiaise et Canadienne. Mais la conclusion, c’est que je suis une fille du monde, ouverte à toutes les cultures. »

Par la suite, le gouvernement fédéral la recrute avec cinq autres jeunes autochtones, dans un programme pour former la relève des gestionnaires. À la fin du processus, elle refuse un poste à Santé Canada et devient directrice générale de Femmes autochtones du Québec. « Je voulais rester dans le milieu autochtone », dit-elle.

À l’époque, les femmes de Kitcisakik (lac Simon) dénoncent la violence subie des hommes de leur communauté. De ce dossier « excessivement difficile », Manon Jeannotte retient l’importance de l’aide aux victimes et du processus de guérison, deux notions qu’elle aimerait voir davantage dans les dossiers actuels.

Mme Jeannotte a d’abord été conseillère de Gespeg pour le Grand Montréal, là où habite 50 % de la communauté, avant de devenir chef en 2015. En parallèle, elle a complété une maîtrise en administration des affaires (MBA).

Âgée de 48 ans, Mme Jeannotte réalise que comme Micmacs, « notre façon de vivre et de voir le monde est différente, pour l’environnement entre autres. On revendique des territoires pour les protéger, pas pour les exploiter », illustre-t-elle.

Les trois communautés de la Gaspésie ont obtenu un moratoire sur l’exploration des hydrocarbures, le temps de consulter les Micmacs. Les autochtones bénéficient d’une nouvelle écoute, remarque Mme Jeannotte. « Les gens réalisent qu’on peut avoir ce pouvoir. Si on le prend et qu’on va devant les tribunaux, on va gagner. On pourrait s’en servir plus, mais c’est une question de moyens [financiers]. »

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