Océan-Cam: solidité, facilité, accessibilité
C’est à partir de ces trois qualités que le crevettier-entrepreneur, accompagné de sa conjointe Nathalie Tapp et de leur consultant Jacques Dufresne, ingénieur sous-marin de formation, s’est lancé dans cette aventure dont les premiers balbutiements remontent à 2011.
Toutefois, leur récent passage au salon South by Southwest – une conférence mettant en vedette les nouvelles technologies interactives, multimédias, du film et de l’industrie de la musique – au début de mars, à Austin, au Texas, pourrait être un élément déterminant dans la croissance de l’entreprise.
Arrive South by Southwest
Même s’ils travaillent dans une ancienne cuisine convertie en atelier dans l’édifice du bureau de poste de Rivière-au-Renard dans une discrétion absolue, sans site internet ou de page Facebook, le directeur général de la société d’aide au développement de la collectivité (SADC) de la Côte-de-Gaspé, Dave Lavoie, invite les artisans Océan-Cam à participer au concours «En route vers South by Southwest », au Texas.
Après des auditions à Rimouski et Montréal, l’entreprise est choisie : « le trois minutes de pitch de vente était : qui je suis, d’où je viens, pourquoi je fais ça, qu’est-ce que c’est et comment c’est différent par rapport à ce qui existe et pourquoi nous à South by Southwest ».
L’entreprise s’est payé un kiosque et s’est retrouvée près des géants Sony et Google.
Une délégation de la Louisiane où se trouvent plusieurs pêcheurs a établi un contact avec M. Cotton. « Il va y avoir de belles poignées de main qui vont se donner dans les prochaines semaines. »
Reconnu pour copier des inventions, des Chinois se sont intéressés à la caméra: «quelques entreprises chinoises se sont fait un malin plaisir de ne pas me parler en anglais et sont venues photographier notre caméra sous tous les angles. Tu ne peux pas leur retirer des mains, on est en exposition. C’est achalant. Tu sais qu’ils l’ont apprécié ».
Répondre à son besoin
Jusqu’à maintenant, il existe une trentaine d’exemplaires de ces caméras orange, incorporées dans deux tubes en acier ultrarésistant, « comme des chars d’assaut », dira son concepteur. Dans le premier compartiment se trouve la caméra alors que dans l’autre, se retrouve l’éclairage.
« J’avais déjà loué une caméra sous-marine d’une valeur de plus de 30 000$. Ça venait avec un mode d’emploi particulier et un logiciel très lourd. À cause du coût très élevé, ça venait avec une attention particulière », explique M. Cotton.
Dès 2015, l’idée de créer sa propre caméra émerge de ses pensées, grâce notamment à la rencontre de Jacques Dufresne. Les deux esprits sont complémentaires et en viennent à produire une première version.
À travers divers prototypes, le concept arrive à une étape importante à l’hiver 2017: «on joue avec la forme. Toutes les composantes électroniques sont notre grande difficulté. On a fait des gaffes. On a la maladresse de ne pas aller chercher d’aide parce que dans l’optique, c’est toujours pour Dave Cotton ».
C’est à l’automne 2018 que vient l’idée de créer la compagnie Océan-Cam. Jacques Dufresne ne voulant pas s’impliquer dans la gestion de l’entreprise, elle est propriété de Dave Cotton et sa conjointe, Nathalie Tapp.
«On est une combinaison de cerveau. Moi seul, je ne vois rien. Lui seul, il ne voit rien. Mais ensemble, on en vaut 10. Je n’avais pas son expertise en matière de pêche, alors que mon expertise est d’avoir passé ma vie sous l’eau », souligne Jacques Dufresne.
Dans le développement de leur caméra sous- marine, les deux ont fait appel à un ingénieur en électronique et un autre en conception pour réussir à mettre le tout dans un espace restreint. « On a trop tardé pour aller chercher de l’aide », dit humblement M. Cotton.
«Au-delà d’être excitant pour l’utilisateur, parce que ça fournit des images que tu n’as jamais vues de ta vie, c’est tout ce qui est augmentation de performance dans ton métier. Que tu sois pêcheur, biologiste ou scientifique, tu vas aller mettre tes yeux dans le fond de la mer. Rien ne va remplacer ça. »
Futur
Jusqu’à maintenant, 27 caméras ont été vendues. « J’ai comblé mon besoin, mais je pense qu’il y a bien d’autre monde qui mériterait d’avoir cette caméra-là. »
Mais comment Dave Cotton perçoit le futur de sa caméra : « comme toute entreprise qui grandit, on est devant ce questionnement-là. Pour l’instant, on réussit à faire un produit commercial dans une ancienne cuisine. Et ça ne coupe pas la qualité de production. Je pense qu’il est prudent d’aller à la vitesse qu’on veut aller pour l’instant ».
Trois distributeurs oeuvrant dans les pays scandinaves, dans les Maritimes et en Nouvelle- Angleterre sont intéressés au produit.
«Pour tout de suite, on veut aller à la vitesse qu’on veut aller. Laisser le monde nous donner des commentaires sur la caméra. On y va dans une gestion prudente. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas d’ambition ! »