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10 septembre 2012 15 h 53

Percé devient lieu de tournage

Gilles Gagné

Journaliste

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Le tournage du long métrage La Maison du pêcheur bat son plein depuis vendredi à Percé.

Le film relate les événements ayant précédé la formation de la cellule Chénier, du Front de libération du Québec (FLQ), à travers le cheminement de Bernard Lortie, fils de pêcheur gaspésien, qui a rencontré ses futurs acolytes Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard à Percé à l’été 1969.

La Maison du pêcheur a été le lieu de rencontre des quatre hommes, un peu plus d’un an avant les événements d’octobre 1970. Paul Rose venait à Percé, alors un lieu culte de rencontre de la jeunesse québécoise et des artistes, pour sensibiliser les gens aux causes qui lui étaient chères, notamment la protection du fait français.

«En 1969, ça fait déjà plusieurs années que Percé est un lieu de rassemblement pour la jeunesse québécoise et des artistes comme Robert Charlebois et Claude Dubois. Et 1969 suit les événements de mai 1968 en France, le Printemps de Prague, la contestation de la guerre du Vietnam aux États-Unis. On marche sur la lune en 1969. Percé est donc un lieu mythique», dit Vic Pelletier, dont la firme, PVP, de Matane, produit le film.

«Le concept de la Maison du pêcheur visait à créer un lieu de rencontres, d’échanges. Son idée était de créer un circuit de maisons du genre, comme une Maison du mineur en Abitibi, une Maison du bûcheron au Saguenay-Lac-Saint-Jean», précise-t-il.

Têtes d’affiche

Plusieurs têtes d’affiche du cinéma québécois jouent dans le film. Luc Picard, qui a interprété Paul Rose dans Octobre, jouera dans «l’autre camp», à savoir le rôle d’un conseiller municipal opposé aux jeunes. Raymond Bouchard campera le maire, lui non plus pas sympathique du tout au mouvement hippie, alors que Kevin Parent interprétera un menuisier qui rafistole des bateaux.

Le conteur et musicien Jocelyn Bérubé jouera Séverin Langlois, connu sous son surnom de Ti-loup, un personnage célèbre du Percé des années 1950 aux années 1980. «Jocelyn était très content quand nous lui avons proposé ce rôle», signale Vic Pelletier.

Même si l’automne 1970 a laissé des traces indélébiles dans l’imaginaire des Québécois ayant vécu les événements d’octobre, l’été 1969 aura aussi été marqué par des événements d’éclats.

La convergence des jeunes de partout à Percé irritera beaucoup de commerçants locaux, craignant d’une baisse des affaires. Dans cette dynamique, le conseil municipal adoptera, au milieu d’un climat tendu et de visites de toutes sortes, dont celle du ministre Gabriel Loubier, une résolution visant à «nettoyer» la Maison du pêcheur, ce qui sera fait, avec les pompiers et leurs boyaux d’arrosage.

Paul Rose ne se laissera pas décourager par cette manœuvre et il poursuivra son travail de sensibilisation, avec ses amis. «Ils sont restés tard, à Percé, jusqu’en octobre avant de retourner à Montréal», rappelle Vic Pelletier.

La Maison du pêcheur germait dans la tête du co-auteur Jacques Bérubé, de Rimouski, depuis une rencontre qu’il avait eue avec Paul Rose, alors étudiant à l’Université du Québec à Rimouski. «Jacques est arrivé une première fois avec ce projet il y a une bonne dizaine d’années. Il n’a jamais lâché», précise M. Pelletier.

Puisque la Maison du pêcheur originale est inutilisable pour le film, étant donné qu’elle a été transformée en restaurant il y a de nombreuses années, l’équipe technique du film a reconstitué un bâtiment évoquant le lieu original d’échanges. Il est situé près de l’hôtel de ville, non loin du rocher Percé.


Une Maison du pêcheur factice a été érigée pour le tournage. Elle est localisée près de l’hôtel de ville et suscite la curiosité des visiteurs.

La firme de Vic Pelletier étant spécialisée dans le documentaire, elle s’est adjoint de solides compétences en matière de tournage de fiction, dont le cinéaste Alain Chartrand, le scénariste Mario Bolduc, Pierre Migneault comme directeur photo e Jean-Roch Marcotte, producteur sur le terrain.

PVP dispose d’un budget de 4,35 millions de dollars pour le film. Il y a présentement une équipe de 65 personnes déployée à Percé. Quatre-vingt-huit personnes y tiendront des rôles, dont 25 rôles principaux. Jusqu’à 300 figurants participeront au tournage.

Partout dans Percé, des manifestations du tournage sont visibles, par le biais de la présence des équipes techniques, de scènes jouées à des heures insolites, comme une baignade de nuit samedi, 8 septembre tout de même, ou des panneaux routiers d’une autre époque, comme un gigantesque «Québec sait faire», le long de la route 132, à l’Anse-à-Beaufils.

«Tout est tourné à Percé, sauf deux jours à Montréal, pour l’arrestation de Bernard», note Vic Pelletier. Le film débute d’ailleurs avec cette arrestation, pour ensuite revenir sur 1969.

Les noms de famille des membres du FLQ ne sont pas donnés dans le long métrage, des éléments du film étant parfois romancés, et afin d’éviter une action en justice. D’anciens membres de la cellule Chénier ont accepté de regarder le scénario, mais pas Bernard Lortie.

Les événements d’octobre 1970 ont culminé par les enlèvements du diplomate britannique James Richard Cross et du ministre québécois Pierre Laporte. Ce ministre est mort une semaine après son enlèvement, par strangulation, alors qu’il était détenu par la cellule Chénier.

Le montage du film sera complété en mai 2013. «Nous allons vérifier le moment stratégique, s’il convient de le sortir au printemps ou d’attendre à l’automne», dit Vic Pelletier. Crystal Films le distribuera, et sa télédiffusion est prévue pour 2014 à Télé-Québec.

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