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Gaston Nicolas montre beaucoup de polyvalence en chanson. Il chante ses compositions, inspirées par le style country, et il possède aussi un répertoire varié en chanson française et québécoise. Puis, il chante le Minuit chrétien en plus de diriger une chorale. Photo : gracieuseté de Gaston Nicolas.
20 novembre 2019 15 h 20

Pour l’amour de la musique : près d’un demi-siècle à chanter les fins de semaine

Gilles Gagné

Journaliste

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GRANDE-RIVIÈRE | La musique occupe une place prépondérante dans le coeur et la tête d’un nombre impressionnant de Gaspésiens. Ce constat explique en grande partie pourquoi une région aussi petite démographiquement renferme autant de chanteurs et de musiciens professionnels. Selon la même logique, bien des Gaspésiennes et des Gaspésiens se produisent dans un environnement plus informel, qu’il s’agisse de spectacles amateurs, dans des bars, des festivals, des soirées-bénéfices, des fêtes familiales, des mariages ou devant des personnes âgées, notamment. C’est un ajout pécuniaire pour arrondir les fins de mois dans bien des cas mais parfois, c’est du pur bénévolat. Ces performeurs y mettent généralement la même énergie, divers degrés de talent mais invariablement tout leur coeur. GRAFFICI présente ici quelques-uns d’entre elles et d’entre eux.

Le chanteur Gaston Nicolas de Grande-Rivière, a présenté le 18 octobre son « spectacle d’adieu » à l’église locale, en présence de 450 personnes, en pleine saison de chasse à l’orignal, quand le quart de la Gaspésie est en forêt. L’assistance aurait sans doute atteint 600 personnes si le spectacle avait été tenu avant ou après la chasse.

Il n’avait pas fait de spectacle chez lui depuis 15 ans, trop occupé qu’il était à répondre à la demande des gens du côté nord de la Gaspésie, du Nouveau- Brunswick, du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord.

« Une grande partie de l’argent amassé servira à chauffer l’église durant l’hiver. C’est un défi, chauffer un grand bâtiment comme ça, qui n’est rempli que deux fois par année », précise le septuagénaire.

Gaston Nicolas, c’est l’exception du groupe de chanteurs « amateurs » choisis par GRAFFICI, parce qu’il a gagné l’essentiel de ses revenus sur une scène. « J’ai gagné presque 50 ans de ma vie en chantant. C’était pas facile d’être un petit chanteur régional », dit-il.

Issu d’une famille de 10 enfants dans laquelle « tout le monde chantait », c’est dans les salles de danse, à 16 ans, que Gaston Nicolas a commencé à chanter publiquement. Il devait être bon puisque la demande s’est manifestée pendant le demi-siècle suivant, une demande venant des gérants de salles de danse, de salles paroissiales, de mariés et de familles cherchant un chanteur pour des fêtes.

« C’est le bouche-à-oreille qui m’a gardé occupé parce que je n’étais pas porté à appeler les gens », précise-t-il.

Avec sa conjointe Fernande, ils ont pris la route des centaines de fins de semaine. Ils ne demandaient pas la lune pour se rendre à Forestville et à Longue-Pointe-de-Mingan, des localités situées, pour l’aller seulement, à 10 et 14 heures de Grande-Rivière.

« Je pouvais demander 800 $, 1000 $ ou 1200 $ pour un tel voyage. Je demandais qu’on me paie le traversier. Je vendais des CD pour arrondir le revenu. Si je vendais pour 1000 ou 1500 $ de CD pendant une fin de semaine, ça me donnait l’équivalent de deux semaines de travail. Les gens se battaient pour que j’aille coucher chez eux. J’ai couché très rarement dans un motel », dit-il.

Toute cette route du vendredi au dimanche leur laissait quand même passablement de temps avec leur fille et leur fils, maintenant âgés de 46 et 39 ans, respectivement. M. Nicolas a exercé deux autres métiers, bedeau de 1984 à 1988, et photographe scolaire de 1988 à 1992.

Quand est venu le temps d’enregistrer des albums, les gens l’ont appuyé. « André Beaudin, un bon ami et ex-député de Gaspé, a rassemblé un groupe. En deux mois, ils avaient amassé 8 000 $ pour que j’enregistre mon premier album », ajoute-t-il.

Gaston Nicolas a enregistré huit albums entre 1997 et 2006, « surtout de mes compositions ». Il a surtout composé des chansons country et il a interprété des ballades, celles d’Alain Barrière, de Jean-Pierre Ferland, de Claude Léveillé et compagnie.

Le Français Alain Barrière, pendant ses années passées au Québec, a entendu Gaston Nicolas interpréter ses chansons. Quand M. Barrière a participé à l’émission Star d’un soir en mars 1988, Gaston Nicolas a été son invité. « Il chante mes chansons mieux que moi », a déclaré Alain Barrière pour expliquer la présence du Gaspésien, qui a passé plusieurs semaines à Montréal afin de se préparer pour cette émission.

Ténor et reconnu comme un chanteur à voix, Gaston Nicolas a aussi vécu dans certains événements des épisodes d’ingratitude, « des gens qui n’aimaient pas mon style de chanson mais je referais ce que j’ai fait. Ma vie, c’est chanter ».

Gaston Nicolas a-t-il vraiment offert son spectacle d’adieu, le 18 octobre, ou reviendra-t-il comme Dominique Michel dans les Bye Bye? « J’ai 71 ans. J’ai fait un infarctus en 1996 et j’ai eu un cancer en 2012. J’ai ralenti après ça mais je me tiens en pleine forme. Je marche six kilomètres par jour et je fais des poids. Cette année, je chanterai le Minuit chrétien pour la 49e fois à l’église, à Noël. Je suis directeur de chorale depuis 22 ans. Je fais ce que j’aime. On verra. Est-ce que je me rendrai à un 50e Minuit chrétien en 2020? Comme j’ai été malade dans le passé, je suis prudent. Si j’ai l’occasion, c’est certain que j’aimerais ça. Je ne me prononcerai pas sur les chances mais je ne peux arrêter; c’est ma vie. Quand j’ai l’occasion, je vais chanter pour les gens du troisième âge, dans les résidences. Ils apprécient beaucoup et ça fait plaisir », répond-il.

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