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30 novembre 2012 11 h 14

SRC en Gaspésie : les failles sont nombreuses, dit la CRÉGÎM

Gilles Gagné

Journaliste

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La Conférence régionale des élus de la Gaspésie-les-Îles (CRÉGÎM) déplore les nombreuses failles dans les services de la Société Radio-Canada sur le territoire qu’elle dessert.

Dans un mémoire de 27 pages envoyé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), Bertrand Berger, président de la CRÉGÎM, et le mandataire-conseil de l’organisme en matière de communications, Alain Bernier, font une nomenclature exhaustive des lacunes de services du diffuseur public.

Les lacunes ont été classées par catégories, pour la production de reportages par exemple, ou en matière de diffusion. La CRÉGÎM a utilisé les services d’une firme de sondage, Segma, pour faire une enquête basée sur l’écoute et compiler des statistiques.

S’ils apprécient le récent rapatriement du Téléjournal de l’est dans l’une des trois régions ayant perdu leur production télévisée, en décembre 1990, MM Berger et Bernier trouvent regrettable qu’aucun journaliste en télé ne soit basé aux Îles-de-la-Madeleine.

«Les Îles ne sont pas desservies, sauf pour des cas extrêmes», note Alain Bernier, qui remarque l’ironie que présentent alors les rares reportages télévisés émanant de l’archipel. «Le câblodistributeur des Îles n’offre pas le Téléjournal de l’est. Ils écoutent les nouvelles de Montréal».

Il signale aussi qu’il n’y a pas de journaliste en radio pour desservir le sud de la Gaspésie. Le journaliste télé basé à Carleton «dépanne la radio, quand il a le temps».

Au cours des derniers mois, Radio-Canada a installé le long du côté sud de la Gaspésie des émetteurs pour diffuser sur la bande FM la programmation de la Première chaîne. Toutefois, le secteur compris entre Nouvelle et Matapédia est privé de ce service qui inclut la programmation produite à la station de Radio-Canada Gaspésie-les-Îles à Matane parce qu’il aurait fallu installer une tour de plus pour rayonner sur l’ouest de la MRC d’Avignon.

«Quand le vieil émetteur AM sera fermé, le 4 janvier, nous ne pourrons plus recevoir les émissions de Radio-Canada à Matane», note Bertrand Berger qui, vivant à Escuminac, sera l’un des 5000 citoyens touchés. En général, sur les Plateaux de Matapédia, la fréquence 97,5 FM de Lac-au-Saumon entre assez bien.

En 2009, Louis Lalande, alors qu’il était directeur des services régionaux à Radio-Canada, avait recommandé aux auditeurs de la Baie-des-Chaleurs, fatigués de la mauvaise qualité de la bande AM, de syntoniser la fréquence 91,5, diffusant la programmation de Moncton. Alain Bernier avait alors répondu que cela revenait à suggérer aux auditeurs de Montréal d’écouter la programmation de l’Ontario.

En télé, plusieurs milliers de Gaspésiens sont privés du service régulier de Radio-Canada, incluant le Téléjournal de l’est, depuis que le diffuseur public a fermé ses émetteurs analogiques le 1er août.

Les citoyens câblés sur les réseaux de Rogers, de Cogeco et de quelques autres câblodistributeurs locaux reçoivent la programmation régionale de Radio-Canada, mais il en va tout autrement de ceux qui possèdent des coupoles satellitaires.

«Seul Bell Express Vu offre le service régional de Radio-Canada. Shaw [Communications] ne l’offre pas», souligne Alain Bernier.

Il craint en outre que l’absence de répétitrice du signal numérique de la télévision de Radio-Canada sur le territoire gaspésien incite les câblodistributeurs à retirer de leur carte la station de la SRC à Rimouski. Le seul émetteur numérique de la télévision publique est situé dans le Parc du Bic, et il ne rayonne qu’à 80 kilomètres. Une disposition de la loi permettrait à un câblodistributeur de retirer de sa carte de canaux un diffuseur n’exploitant pas d’antenne sur son territoire.

«Seulement la Gaspésie et la Côte-Nord ne sont pas desservies [au Québec] par des émetteurs numériques […] Selon notre calcul, trois citoyens sur cinq ne pourront pas capter Radio-Canada dans ce contexte», croit M. Bernier.

Un sondage effectué par Segma révèle que 40% des citoyens de la région utilisent la télé comme première source d’information, alors que 30% se servent de la radio.

Dans le passé, des porte-parole de Radio-Canada ont souvent recommandé aux auditeurs de s’en remettre à Internet pour contourner ces problèmes techniques, mais cette réponse ne satisfait pas Alain Bernier et Bertrand Berger. «Les citoyens d’ici paient des taxes comme les autres», disent-ils.

Le déploiement des journalistes en radio pose également un problème pour la Conférence régionale des élus, puisque le centre de production de Matane en compte cinq, comparativement à un à Gaspé et une aux Îles-de-la-Madeleine, «à qui on impose un quota de seulement deux reportages par semaine», déplore Alain Bernier, qui ne remet nullement en question la qualité du travail journalistique.

L’enquête de Segma a de plus déterminé que le nombre de reportages avantage nettement les auditeurs du Bas-Saint-Laurent, dans une proportion de presque deux pour un.

Bertrand Berger y voit une centralisation des activités à Rimouski, depuis que Radio-Canada y a établi un centre de production de 10 millions de dollars. «Les centres de décision s’éloignent de la Gaspésie. Radio-Canada parle de plus en plus de l’Est-du-Québec,un grand territoire, relativement flou», enchaîne Alain Bernier.

L’émergence du centre de production de Rimouski a aussi coupé dans la somme d’information jadis diffusée à propos de la Gaspésie et des Îles sur le site internet. «Ils ont fusionné les trois régions [Bas-Saint-Laurent, Gaspésie-les-Îles et Côte-Nord]. Tous les reportages, tous les topos ne s’y retrouvent pas. Si on manque un bulletin, on ne rattrape pas sur le site internet. Il y a une sélection importante [des reportages en ligne]», déplore Alain Bernier.

Enfin, une seule MRC de la Gaspésie, la Côte-de-Gaspé, peut syntoniser Espace musique. Dans une partie de la Baie-des-Chaleurs, il est possible de capter Espace musique venant des Maritimes.