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4 mai 2012 16 h 25

Pêche au homard : des prises comparables et un prix en hausse

Gilles Gagné

Journaliste

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Les homardiers gaspésiens débarquent un volume de prises à peu près équivalent à celui de 2011, après une semaine de capture.

Le prix offert depuis les premiers débarquements du 30 avril est de 5 $ la livre, 50 cents de plus qu’au début de saison il y a un an.
 
La pêche du homard devait initialement débuter le 21 avril, mais les conditions climatiques ont reporté ce coup d’envoi de huit jours. La plupart des zones gaspésiennes ouvrent généralement d’une à deux semaines avant celles des Îles-de-la-Madeleine, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard, trois importants concurrents de la péninsule.
 
Cette année, cet avantage se sera limité à quelques jours, dans le cas du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard, et à une semaine par rapport aux Îles. La Gaspésie aura donc perdu une bonne partie de l’avantage conféré par le prix un peu plus élevé du début de saison.
 
Henri Lelièvre, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, a vu ses prises diminuer légèrement comparativement à l’an passé, tandis que Jeffrey Vautier, de Shigawake, en débarque de meilleures.
 
«C’est moins fort que l’an passé. J’ai pris un peu plus de 1 200 livres en quatre jours, 400 le premier jour et un peu en bas de 300 les deux derniers. On est habitués de voir des prises plus fortes, autour de 500 livres par jour, au début de la saison. Ce n’est pas alarmant. Ça débute. On est choyés par la météo», signale M. Lelièvre.
 
«C’est encourageant. Je sais que ça varie un peu le long de la côte. Le prix est raisonnable. Ça va dépendre de la demande [s’il se maintient à 5$] ou des petites guerres entre usines», note de son côté Jeffrey Vautier.
 
Les usines gaspésiennes transforment peu le homard gaspésien, qui est essentiellement vendu sur le marché des produits vivants. Certaines usines transforment tout de même du homard, mais il est importé de l’extérieur du Québec et cette activité démarre plus tard dans l’année.
 
Henri Lelièvre aussi reçoit 5 $ la livre de la firme Dégustmer, également de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, le plus gros acheteur de homard en Gaspésie, avec l’acquisition des prises de 60 des 175 homardiers. Le pêcheur ne sait trop pour combien de temps ce prix tiendra.
 
«Les pêcheurs des autres provinces arrivent sur le marché. Et Metro [la chaîne de supermarchés] l’offre à 5,99 $ la livre en ville. Il est là, le problème. Ça met une pression à la baisse pour nous. À 6,99 $, ils en vendraient quand même», dit M. Lelièvre.
 
Les grandes chaînes d’alimentation offrent souvent le homard à bas prix, même à perte, pour attirer la clientèle et lui vendre ses autres produits. Cette pratique du «loss leader», dans le jargon de marketing, fait pression sur les pêcheurs et les acheteurs, qui peuvent difficilement hausser leur prix.
 
Le homard plus petit, pêché au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard, est vendu à moindre prix, notamment sur le marché québécois. Ce facteur, et l’abondance des prises, constituent deux moyens de maintenir les prix bas.
 
Toutefois, deux acheteurs gaspésiens de homard, Réal Nicolas, de Poisson salé gaspésien, de Grande-Rivière, et Raymond Sheehan, de Dégustmer, signale un élément susceptible de soutenir le prix sur le marché de l’est du pays et du nord des États-Unis.
 
«[Les homardiers de] Terre-Neuve et l’ouest de la Nouvelle-Écosse sont en grève. Les pêcheurs veulent un meilleur prix. À court terme, c’est une bonne nouvelle», croit M. Sheehan.
 
Réal Nicolas appuie en disant que «la seule chose que ça peut faire, c’est aider en créant une rareté», dit-il.
 
S’il se risque à dire qu’il versera 5 $ la livre aux homardiers pour la semaine à venir, jusqu’au 13 mai, il rappelle que «chaque année a son histoire. La Fêtes des mères s’en vient. J’ai vu des années où le prix a monté et d’autres où il a descendu, malgré la forte demande», dit M. Nicolas.
 
En moyenne, les homardiers gaspésiens débarquent autour de 1 000 métriques de homard par an, et leurs revenus globaux s’établissent à environ 10 millions de dollars. Ce fut le cas en 2011. Les Madelinots débarquent entre 2 500 et 3 000 métriques par an depuis 2009 et leurs revenus de pêche pour ce crustacé ont atteint 27 millions de dollars en 2011. Il y a très peu de prises de homard sur la Côte-Nord, généralement moins de 1 million de dollars par an.
 
L’année 2012 est une année de transition sur quelques plans pour les homardiers gaspésiens. À leur demande, une étiquette est maintenant placée autour de l’élastique entourant les pinces du homard, de d’assurer sa traçabilité. Le consommateur peut ainsi, en consultant la référence écrite sur l’étiquette, retrouver sur internet le nom du pêcheur ayant capturé le homard et sa provenance.
 
Les aide-pêcheurs doivent en outre obligatoirement porter le gilet de flottaison à compter de cette année. Cette mesure a été recommandée par la Commission de la santé et de la sécurité au travail à la suite du décès de deux aide-pêcheurs au cours des trois saisons précédentes. Il s’agit d’une veste compacte, qui se gonfle quand le membre d’équipage tombe à la mer.
 
La saison de pêche du homard dure 10 semaines.

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