Rail : Ottawa allonge 10,2 M$ pour l’axe Miramichi-Bathurst
CARLETON-SUR-MER – La ministre fédérale des Transports, Lisa Raitt, a annoncé l’octroi d’une somme de 10,2 M$ à Via Rail hier pour que le transporteur public fasse réaliser les travaux d’amélioration à la voie ferrée du Canadien National entre Miramichi et Bathurst, au Nouveau-Brunswick.
Ce montant doit en principe protéger pour 15 ans le service de train de passagers de Via Rail entre Montréal et Halifax, un lien passant par Matapédia, Amqui, Mont-Joli, Rimouski et Rivière-du-Loup.
Les 70 kilomètres de rail entre Miramichi et Bathurst étaient menacés d’abandon par le Canadien National, parce qu’ils ne généraient pas assez de revenus au goût du transporteur de marchandises.
Un abandon aurait forcé Via Rail à faire passer son train Océan par le centre et l’ouest du Nouveau-Brunswick, ce qui aurait laissé l’est et le nord de cette province, de même qu’une petite partie de la Gaspésie et la presque totalité du Bas-Saint-Laurent, sans train de passagers. Via Rail aurait aussi pu être tentée de sacrifier entièrement son service entre Montréal et Halifax.
Bien que les 10,2 M$ aient été consentis à Via Rail, le Canadien National demeurera propriétaire de tout le tronçon entre Moncton et Campbellton, incluant la portion Miramichi-Bathurst. Le gouvernement fédéral ne voulait pas verser la subvention au CN, une entreprise privée depuis 1995.
La moitié du chemin de fait
La nouvelle réjouit le député fédéral de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Philip Toone, mais il s’empresse de spécifier que l’autre moitié du travail reste à faire, à savoir le déblocage de fonds pour que le chemin de fer de la Gaspésie soit également amélioré, notamment pour que le train de Via Rail entre Matapédia et Gaspé revienne le plus tôt possible.
« Le retour du service entre Matapédia et Gaspé n’est toujours pas assuré et la fréquence des trains passagers à Matapédia et à Campbellton n’a rien pour attirer et retenir une clientèle fidèle », précise M. Toone par voie de communiqué.
Il rappelle que le public a joué un rôle déterminant dans la décision de la ministre Raitt de délier les cordons de sa bourse.
« Voyons clair, c’est la mobilisation populaire qui a fait plier le gouvernement dans le dossier du financement du tronçon entre Bathurst et Miramichi et c’est encore une fois la mobilisation populaire qui forcera la ministre Raitt à finir le travail », dit le député.
Les ponts en cause
Via Rail a suspendu en août 2013 son service entre Matapédia et New Carlisle en raison de l’état de l’infrastructure, essentiellement quelques ponts. Les trains de Via ne roulent plus sur la portion New Carlisle-Gaspé du réseau depuis décembre 2011, aussi à cause de l’état de certains ponts.
La situation des deux ponts de la Cascapédia cause des maux de tête à d’autres acteurs économiques de la Gaspésie, dont Rail GD, l’atelier de réparation de matériel ferroviaire de New Richmond.
En avril, la direction de la firme a obtenu un contrat de réparation de deux locomotives de la compagnie Cape Breton and Central Nova Scotia Railway, de Nouvelle-Écosse.
« Quand on a gagné l’appel d’offres, on avait un contrat pour six locomotives, mais on l’a refusé. Quatre des locomotives ont six essieux et elles sont trop lourdes pour passer sur les deux ponts de la rivière Cascapédia. On a ramassé les deux plus petites locomotives », précise Gilles Babin, président de Rail GD.
« Le CN a lancé un appel d’offres pour réparer des locomotives de six essieux récemment. On n’a pas déposé de soumission parce que les ponts (de la rivière Cascapédia) n’auraient pas la capacité portante », déplore M. Babin.
Olivier Demers, directeur de la Société du chemin de fer de la Gaspésie, propriétaire de l’emprise entre Matapédia et Gaspé, précise que la firme, née de l’initiative des municipalités gaspésiennes, tente de trouver des fonds pour renforcer les ponts de la Cascapédia.
Une quinzaine de personnes travaillent présentement chez Rail GD, mais il y en avait 30 en mars.