René Faulkner expose dans deux endroits en simultané
SAINTE-ANNE-DES-MONTS – Fait plutôt rare pour un artiste : René Faulkner de La Martre expose simultanément dans deux endroits en Gaspésie, à Sainte-Anne-des-Monts et à Paspébiac.
C’est d’ailleurs la dernière chance de voir l’une des deux expositions. Celle s’intitulant « Territoire habité parfois », présentée à la Maison de la culture de Sainte-Anne-des-Monts, se poursuit jusqu’à dimanche. L’artiste en arts visuels y affiche une collection de 17 tableaux, dont 12 de grand format.
« Territoire habité parfois »
René Faulkner définit son œuvre comme étant une collection vide-coeur issue d’une importante et sérieuse recherche esthétique qui vise à véhiculer un message à la fois direct et positif. « Le territoire habité parfois ou peu habité, c’est un gros problème en Gaspésie, explique-t-il. Il n’y a pas assez de monde. Par cette exposition, je veux montrer des maisons abandonnées ou barricadées. Mais ce n’est pas gris, même si le thème peut le sembler. »
Un enfant de La Martre se trouve sur plusieurs des tableaux. Il s’agit de Théodore Beauferron-Roberge, 4 ans. « J’ai choisi de passer par l’enfant pour transmettre le message, souligne le photographe. Je lui fais dire des choses. Sans lui, le message devenait gris. S’il n’y a plus d’enfants, il n’y a plus d’avenir. Avec l’enfant, l’avenir est visible. Mais il faut changer les choses pour que l’enfant ait sa place. »
« Je trouve ça intéressant à cause de la lumière et des couleurs, commente Pierre Laurier, un visiteur de Cap-Chat venu voir l’exposition. Il y a un concept en arrière de ça et je le comprends. Ça me parle. »
Technique
Pour l’artiste en arts visuels, cette nouvelle collection représente le travail d’un hiver. Son imagerie s’est d’abord construite avec la flotte de bateaux de pêche du quai de Tourelle, qui était alors en rénovations. Fort d’une technique qu’il développe depuis 25 ans, le Montréalais d’origine, qui détient une formation en arts plastiques et en photographie, manipule la texture et l’image en utilisant les technologies actuelles.
« Ce sont des photos retouchées, dénaturées et multipliées, décrit-il. Ce sont des morceaux et des textures que je déplace et replace pour faire un montage. Je travaille comme ça. »
L’image acquise par le médium photographique est donc tantôt bouleversée, tantôt adoucie. L’axe créatif se poursuit dans l’installation et l’affichage. D’ailleurs, quelques tableaux de petit format sont installés sur des piquets, comme pour évoquer une manifestation. « C’est pour un demain meilleur pour lui », explique l’artiste en pointant le visage du petit Théodore.
« Quai se passa-t-il? »
Depuis le 5 septembre, René Faulkner expose en même temps au nouveau Centre culturel de Paspébiac, où il y présente « Quai se passa-t-il? » jusqu’à la fin octobre. « Je suis le premier artiste à y exposer, souligne-t-il. C’est un endroit extraordinaire. »
La collection de 28 tableaux se veut une réflexion sur la réalité gaspésienne, sa beauté et son désarroi.
Le point de départ du projet vient de la vision de l’artiste à l’égard des quais abandonnés et à la vue de structures défaites jonchant les bords de mer, mais laissant une esthétique particulière s’ils sont observés sous un angle philosophique ou même sociologique. Le sujet, qui peut sembler déchirant, ouvre plutôt sur une question d’avenir: « quai se passera-t-il? ».