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14 mai 2012 11 h 16

Sainte-Anne-des-Monts : les résidents de la route Soucy s’impatientent

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Un autre hiver est passé sans que les résidents d’une partie de la route Soucy, dans le secteur de Tourelle à Sainte-Anne-des-Monts, puissent voir leur chemin déblayé. La colère monte chez les propriétaires des six résidences de ce secteur.

Originaire de Tourelle, Gérald Dupuis a quitté sa Gaspésie natale pendant trente ans pour l’Estrie. Il y a six ans, pour la retraite, il décide, avec sa conjointe, de venir s’établir dans son village natal. Gérald Dupuis et Ginette Hétu achètent 50 acres de terres dans un secteur éloigné de la route 132. À leurs frais, ils font tracer une route, font construire une maison juchée bien haut sur la montagne et y font monter l’électricité, au cœur d’un panorama exceptionnel,  au pied des monts Chic-Chocs, à 1 250 pieds au-dessus du niveau de la mer.

Mais leur coin de paradis n’est pas parfait: ce vaste territoire au relief fort accentué n’est pas desservi par la Ville en matière de déneigement. «La première tempête nous a coûté 800$, se rappelle M. Dupuis. Ensuite, on a fait ouvrir la route pendant deux ans par un entrepreneur privé. Ça nous coûtait 12 500 $ par hiver, en plus des taxes.» Donc, chaque résident s’est acheté l’équipement de déneigement nécessaire, c’est-à-dire un camion muni d’une pelle.

Requêtes auprès de la Ville

«Quand on a fait construire notre maison, on est allés voir la mairesse et elle nous a dit qu’on n’avait pas à s’inquiéter, qu’elle nous aiderait», relate Gérald Dupuis. «Elle nous encourageait à construire des yourtes pour monter un écovillage, continue Ginette Hétu. De cette façon, elle disait qu’on pourrait avoir des subventions pour faire déneiger la route.» «L’inspecteur de la Ville nous a dit que le chemin n’était pas ouvert pour l’instant, mais que ça ne voulait pas dire qu’il ne le serait pas plus tard», ajoute son conjoint.

«On nous disait que ce ne serait pas équitable pour les rues Sasseville, Vallée et des Hauts Bois qui n’étaient pas déneigées non plus, précise un autre contribuable du secteur, Robert Ducharme. Maintenant, ces rues sont déneigées, mais pas la nôtre.»

Taxes vs services

Gérald Dupuis paie 2 700 $ de taxes municipales pour sa maison qui est évaluée à 160 000 $. En plus de ne pas disposer des services de déneigement, il ne bénéficie pas non plus des services d’aqueduc, d’égout et de cueillette des matières résiduelles à sa porte. Il doit charger les bacs dans son camion et les déposer à plus de 2 km de chez lui, en bas de la côte. «Nous, on doit aller mener nos enfants à 1 km de la maison pour qu’ils puissent prendre l’autobus scolaire», ajoute un couple qui habite ce secteur.

«On paie les mêmes taxes qu’en ville, mais sans services», déplore M. Dupuis, en arborant la fiche technique d’une maison de la région de Lanaudière située en milieu urbain et dont les taxes, pour une maison évaluée à 300 000 $, sont fixées à 2 800 $.

Bras de fer entre ces contribuables et la mairesse

«À tous les ans, j’envoie une lettre pour réitérer ma demande de déneigement, mais je me suis aperçu que les conseillers n’étaient pas au courant, dénonce Mme Hétu. La mairesse avait décidé que ma lettre ne serait pas lue. Alors, à la période de questions, en séance du conseil, j’ai exprimé ma déception».

«Elle dit que sa municipalité est pauvre et pourtant, l’an passé, elle s’est voté une augmentation de 7 000 $ sur un salaire de 29 000 $», s’indigne son conjoint.

«La mairesse nous a dit que la municipalité manquait de machinerie», rapporte M. Dupuis.  «Elle nous a aussi dit que sa machinerie ne pouvait pas déneiger à cause du degré de la pente», ajoute M. Ducharme. «Pourtant, en pleine séance du conseil, elle a dit qu’avec sa nouvelle machinerie, il n’y aurait pas une côte qu’elle ne pourrait pas monter, poursuit M. Dupuis. Puis, quand la mairesse achète de la machinerie, les taxes augmentent.»

«Elle nous a aussi dit que le plan de déneigement de la Ville était à la discrétion du contremaître, renchérit Mme Hétu. Les privés viennent ouvrir ici sans problème. Mais la Ville, elle, nous dit que la machinerie ne peut pas monter ici.»

«Les pompiers et les employés de Telus, qui a une tour à côté de chez moi, utilisent, sans payer, les routes qu’on déneige nous-mêmes, fait remarquer M. Ducharme. Si on ne déneigeait pas, ils monteraient en motoneige.» «La Ville nous dit que ça prendrait une heure à déneiger, ajoute Gérald Dupuis. Nous, on dit vingt minutes dans le plus.»

Développement résidentiel

«La mairesse a déjà dit que le développement résidentiel se faisait seulement à Sainte-Anne-des-Monts, affirme M. Dupuis. Elle est contre Tourelle. Pour elle, c’est juste Sainte-Anne.» «Elle prétexte qu’elle n’encourage pas l’étalement urbain, soutient une résidente du secteur qui tient à conserver son anonymat. Pourtant, elle prône l’occupation du territoire!» «On n’est pas partis de Montréal ou de l’Estrie pour venir s’installer en zone urbaine», ajoute un autre citoyen qui ne désire pas être identifié lui non plus.

«On continue à marteler, indique M. Ducharme. Mais tant et aussi longtemps que ce sera Micheline Pelletier et ses conseillers qui seront là, on ne sera pas déneigés.» Gérald Dupuis précise qu’il a voulu créer un comité de citoyens, mais que, selon lui, plusieurs des membres potentiels avaient peur de perdre leur emploi.

Son de cloche de la Ville

À toutes ces allégations, la mairesse de Sainte-Anne-des-Monts, visiblement agacée par le sujet, a préféré s’abstenir de commentaires. Elle nie avoir tenu plusieurs de ces propos et refuse de répondre à la plupart des questions. «La décision a été prise en toute connaissance de cause et unanimement par le conseil municipal que cette ancienne route de colonie ne serait pas ouverte pour des considérations techniques et monétaires, se contente de dire Micheline Pelletier. Cette décision avait été prise bien avant nous.»

Le 22 novembre, dans une lettre adressée aux résidents du secteur, la Ville a fait connaître sa décision. Parmi les six conseillers signataires de la lettre, Charles Soucy a ajouté une note personnelle. «D’accord pour l’ouverture par principe d’équité et de développement résidentiel, a-t-il écrit. Mais je dois me rallier à la décision du conseil.»

En entrevue à GRAFFICI.CA, le conseiller Soucy, qui habite au bas de cette côte, dans la partie déneigée, indique qu’il aurait pu enregistrer sa dissidence, mais qu’il ne l’a pas fait. «Il y a peu d’espace pour le développement résidentiel à Tourelle, estime-t-il. Ce serait un superbe potentiel de développement. Je suis d’accord qu’on déneige ce secteur, surtout qu’on a la machinerie qu’il faut. S’il y avait plus de maisons, on déneigerait. Mais si on ne déneige pas, il n’y aura pas plus de maisons. C’est le principe de la poule ou de l’œuf.»