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24 septembre 2020 10 h 31

S’élever dans la pandémie (texte 3/3)

Gilles Gagné

Journaliste

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Si nul ne peut douter des conséquences néfastes qu’a eues la pandémie dans le quotidien de nombreux Gaspésiens et Gaspésiennes, certains d’entre eux ont, au contraire, profité de cette période inédite et exceptionnelle. Qu’ils aient mené à bien de nouveaux projets, apporté des améliorations dans leur entreprise ou opéré des changements dans leur vie personnelle, GRAFFICI vous présente une série de textes portant sur ces citoyens et entrepreneurs qui sont, contre vents et marées, parvenus à faire de la limonade avec les citrons de la COVID-19.

Lillo Jeux décuple son chiffre d’affaires

MARIA | Emmanuelle Bois et François Savoie savaient en décembre 2019 que la croissance de leur entreprise, Lillo Jeux, justifiait un déménagement dans un espace plus grand. Ils étaient toutefois loin de se douter que la pandémie de la COVID-19 multiplierait par 11 leur chiffre d’affaires en mars et avril, comparativement à la période correspondante de l’année précédente.

« À Noël 2019, on ne fournissait pas. On n’avait pas de place pour les jeux dans notre ancien local. On se préparait pour Noël 2020. On ne voulait pas revivre ça », explique François Savoie, sourire en coin.

L’ancien local, situé à Maria comme le nouveau, était rendu exigu au point où une livraison de casse-têtes par camion, une addition à la gamme offerte par Lillo Jeux, a forcé les propriétaires et leur employé à laisser, faute de place, des piles de boîtes dehors durant le jour et à les rentrer la nuit, entre les allées.

Ils ont déménagé graduellement en mars dans un local beaucoup plus vaste étant, à un moment donné, à cheval entre les deux espaces. C’est à ce moment que la pandémie a fait basculer la société dans un monde parallèle, au grand ralenti, sauf pour quelques secteurs essentiels, dont les jeux ont manifestement fait partie. Ils ont vécu leur flambée, d’un tout autre type que celle du coronavirus.

«On a déménagé tout seuls, pendant que notre chiffre d’affaires se multipliait. Les enfants, Lilie et Loïc, âgés de 10 et 12 ans, ont aidé. On a un classement par ordre alphabétique. On a été deux mois sans arrêt à classer des jeux, à répondre à des commandes qui augmentaient, en plein déménagement. C’est une belle expérience, le fun à raconter, mais je ne le ferais pas à chaque année », précise François Savoie en riant.

« En mars-avril, les jeux solos et les jeux qui se jouent à deux, comme les casse-têtes, ont été les plus populaires. Depuis le déconfinement, les jeux habituels ont repris leur place », ajoute M. Savoie. Lillo Jeux vend et loue des jeux de toutes sortes, notamment des jeux de groupe. Le nouveau local, qui est spacieux au point de ressembler à une bibliothèque municipale de bonne taille, comprend aussi une salle d’évasion, un jeu familial où des problèmes de logique permettent au groupe d’en sortir.

La croissance accélérée de Lillo Jeux en mars-avril s’explique par la force préalable de l’entreprise en matière de ventes en ligne. «Nos plus grosses commandes viennent de Québec et Montréal. On était quand même déjà connus là-bas avant la pandémie. On ne pourrait avoir cette surface, on ne pourrait pas être aussi « niche » (marché de niche), avec la clientèle régionale. Mais je dois dire que les chiffres pour le local, en plein été, battent Noël. C’est ça qui est le fun. On a bâti Lillo Jeux comme une boutique en ligne en considérant le local comme un extra, mais c’est plus que ça; c’est un beau bonus », précise M. Savoie.

C’est donc en étant connu dans un bassin de population de plus de huit millions de personnes, avec la part de joueurs potentiels que cela comporte, que Lillo Jeux cartonne. Avec un été touristique qui a dépassé les attentes les plus folles, Lillo Jeux a constitué une attraction régionale de plus. «Les touristes passent et arrêtent. Ils veulent nous rencontrer. Ils nous disent qu’il y a des boutiques en ville qui ne sont pas aussi grandes! », souligne M. Savoie.

Depuis mai-juin, le rythme d’enfer de mars-avril « a diminué un peu, mais c’est relatif », conclut-il avec un sourire bien accroché.


Emmanuelle Bois et François Savoie avaient établi une solide clientèle en ligne avant la pandémie, de telle sorte que Lillo Jeux a été prise d’assaut quand une grande partie de la population a été confinée à la maison. L’entreprise a embauché un employé de plus depuis cette surchauffe.  Photo : Gilles Gagné

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