Serveuses pour l’amour des clients
GRANDE-RIVIÈRE | Au Coq d'Or, célèbre restaurant de Grande-Rivière, trois serveuses font carrière depuis plus de 20 ans. Claudette Langlais, Nicole Pelletier et Sylvie Duguay ont un point en commun. Quand on leur demande ce qu'elles aiment de leur métier, elles répondent à l'unisson : « Le contact avec les gens ».
Il faut les croire d’emblée, puisque tout chez elles traduit cette affirmation, de la complicité développée au fil du temps avec les clients fidèles à l’accueil chaleureux des nouveaux.
Claudette et sa mémoire
Les clients fidèles n’ont pas besoin de présentation, ni même de menu. Après 30 ans de carrière en restauration dont 25 à ce restaurant, Claudette a la mémoire active et se souvient des habitudes de chacun.
Ceux qui ont l’habitude de prendre un café en arrivant se font accueillir par Claudette … précisément avec un café et son grand sourire. La mémoire de Claudette fait sa renommée ; une tablée de vingt personnes, pas de calepin, pas de problème.
« Ça devient comme une seconde nature, le cerveau embarque tout seul », dit-elle. Au brunch, entre les assiettes accompagnées de pain blanc, pain de ménage, pas de pain, les extras sirop d’érable et les assiettes de fruits avec ou sans oranges, Claudette jongle avec aisance. Cette dernière ajoute entretenir cette faculté assidûment: « J’ai une peur dans la vie, et c’est de faire de l’Alzheimer. C’est une façon de garder mon cerveau actif », ajoute-t-elle.
Claudette a déjà travaillé en cuisine, mais son lieu de prédilection est dans la salle à manger, avec les clients. « J’aime ça. C’est simple comme ça », dit-elle honnêtement avant de répondre avec complicité à un client curieux de la voir en entrevue: « tu sauras bien en lisant le journal! » Un client qui lui dit avoir été bien servi fait sa journée: « On nous dit souvent que le repas était bon… mais je suis toujours contente quand on me dit qu’on a été bien servis aussi. »
Nicole et l’amour de la nouveauté
Pour Nicole, la carrière en restauration est bien garnie avec 40 ans d’expérience dont 33 au Coq d’Or. Son objectif : se rendre à 40 ans au même endroit.
Au fil des années, les rénovations qu’a subies le restaurant constituent un facteur l’ayant incitée à continuer. « Dans une maison, on refait la décoration de temps en temps et on ne se lasse pas de notre décor. Je crois que les rénovations qui ont eu lieu ici ont eu le même effet. Ça m’a donné l’impression de travailler dans un nouveau restaurant, ça a fait beaucoup de bien. »
Nicole ne se voit pas travailler dans un autre domaine. « J’ai déjà essayé d’aller travailler dans une épicerie comme caissière. Mais je me suis rendue compte que je préférais marcher que rester sur place. »
Sa place est bien ancrée à Grande-Rivière. « Certains clients me disent que ça fait longtemps qu’ils me connaissent, qu’ils me voyaient les servir quand ils étaient enfants et aujourd’hui ce sont eux qui viennent avec leur famille. Ça fait chaud au cœur de les voir évoluer. »
Nicole aime rencontrer une multitude de clients différents, notamment pendant la saison touristique. Elle cumule quelques anecdotes sur le métier, comme des cascades spectaculaires ou des cafés renversés, parfois il y a plus de 20 ans, dont certains clients lui parlent encore en riant. Ces petits accidents du quotidien viennent enrichir sa longue expérience. Pour Nicole, la relève semble plus difficile à recruter. Elle a vu arriver et repartir plusieurs serveurs et affirme que ce n’est pas tout le monde qui peut être au service : « pour faire ce métier, il faut un tempérament un peu nerveux.»
Sylvie et la force d’une équipe
Un regard et Sylvie sait quoi faire. « Ça fait tellement longtemps qu’on travaille ensemble, on forme une véritable équipe », affirme celle qui a passé 28 ans au Coq d’Or.
La solidarité de ses comparses est essentielle à l’atmosphère de travail, particulièrement dans les périodes de fort achalandage. « On aide aux tables des autres quand on a terminé de notre côté. Ça nous aide beaucoup, c’est très agréable de travailler comme ça », explique-t-elle.
Ce qui l’a motivée à garder son poste toutes ces années découle de tous les niveaux d’interaction : « On a de bons patrons », dit-elle, insistant sur l’importance d’une équipe de travail solide. « Avec les années, les liens se tissent, ça devient aussi comme une deuxième famille », précise-t-elle. Les liens, ils se tissent également avec la clientèle et c’est pourquoi le métier lui plaît toujours autant : « On rencontre beaucoup de gens, c’est ce qui me plaît. »
-30-