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27 mai 2013 23 h 57

Souveraineté alimentaire : la politique bien accueillie

NEW RICHMOND - Les producteurs gaspésiens et madelinots semblent bien accueillir la nouvelle politique de souveraineté alimentaire présentée par Québec, malgré des orientations encore peu concrètes.

«C’est plus une volonté gouvernementale, un état d’esprit… Mais ce n’est pas encore très concret car il n’y a pas de chiffres», réagit le directeur de l’association pour la promotion des produits gaspésiens Gaspésie Gourmande, Éric Caron.

Cette politique de souveraineté alimentaire proposée par le gouvernement Marois a pour objectif de faire passer de 33% à 50%, la part des produits alimentaires locaux consommés par les Québécois.

M. Caron nuance cependant : «Nous sommes très heureux des enjeux soulevés qui portent sur la Gaspésie». Pour lui, c’est une manière de sensibiliser les ménages à consommer localement, même si le prix est légèrement plus élevé. «Un ménage dépense en moyenne 9000 $ par an dans l’alimentation. S’il consomme 4500 $ dans des produits québécois, c’est autant d’argent réinjecté dans les entreprises de la région, ce qui leur assurera une pérennité économique face à la forte concurrence étrangère, surtout dans les fruits et légumes», explique M. Caron.

D’après la directrice de l’association Au bon goût frais, Sophie Cassis, qui fait la promotion des produits régionaux des Îles-de-la-Madeleine, le gouvernement ne fait que continuer ce qu’il avait déjà amorcé au niveau de la traçabilité et de la mise en oeuvre des produits locaux sur les tablettes. «On est déjà autosuffisant au niveau des œufs sur l’archipel, et l’hôpital se fournit chez des producteurs locaux en pommes de terre», décrit Mme Cassis.

Une consommation solidaire

«Les consommateurs sont plus consciencieux et achètent de façon solidaire aux producteurs locaux, quitte à payer 25 cents de plus», a constaté le producteur d’œufs de New Richmond, Danny Whittom.

Il voit ce projet politique d’un très bon œil et «espère que la chaîne de marché va embarquer avec toute la médiatisation que cela provoque». Le propriétaire de la Ferme des petits œufs raconte que «son élevage de 5000 poules pondeuses ne rivalise pas avec les prix de ventes des grandes firmes et leurs 30 000 à 40 000 volailles.» D’autant plus que depuis deux ans les

prix de ventes dans les épiceries sont tellement bas que certains producteurs vendent leurs œufs à perte.

L’UPA satisfaite

Le projet annoncé correspond exactement aux demandes de l’Union des producteurs agricoles de la Gaspésie et des Îles (UPA), qui avait participé à l’élaboration de cette stratégie.

«Nous avions demandé à produire plus, mieux et meilleur, il reste maintenant à voir comment seront réalisés les budgets», réagit le président de l’UPA régionale et président des Serres Jardins-Nature de New Richmond, Christian Côté.

La première ministre Pauline Marois proposait aussi des tarifs préférentiels (jusqu’à 25 % d’économie) au niveau de l’électricité pour les entreprises serricoles, afin de leur permettre d’augmenter leur production grâce à la photosynthèse et au chauffage. Une victoire pour le Syndicat des producteurs en serre du Québec qui le demandait depuis des années.

Favoriser l’exportation

«Au total, 90% de nos produits sortent de la région, vers les grands centres, car il n’y a moins de pouvoir d’achat en Gaspésie et nos produits sont sensiblement plus chers. On a toujours été une région exportatrice», décrit le directeur de ventes des Serres Jardins-Nature, Germain Babin.

Pour lui, la priorité en Gaspésie est la protection des terres agricoles de la spéculation. M. Côté et l’UPA aimeraient en ce sens que leur projet de Société d’aménagement et de développement agricole du Québec (SADAQ) soit retenu. Au Québec, ce lobby regroupe 30 000 entreprises agricoles et 280 en Gaspésie, dont une part importante de producteurs biologiques, par rapport aux autres régions.

En Gaspésie, 14% des emplois relèvent de la filière des produits marins. Un domaine très compétitif avec les autres provinces et l’international. «Il faut continuer à soutenir l’exportation», souligne le propriétaire de la poissonnerie Lelièvre, Roch Lelièvre, de Sainte-Thérèse-de-Gaspé. Le territoire très étendu de la Gaspésie reste un frein au transport. La ferme BOS G, à Saint-Elzéar-de-Bonaventure, qui produit de la viande de Yack, ne peut exporter plus loin que Montréal. «Après, nous ne pouvons assurer la fraîcheur lors du transport en bus», explique le propriétaire de cette production de niche, Jean-Guy Duchesne.

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