« Touche pas à ma région! » surveillé par la SQ et le corps politique?
PERCÉ — Le mouvement citoyen « Touche pas à ma région! » est-il surveillé par la Sûreté du Québec et le corps politique? Chose certaine, l'un des porte-paroles de ce mouvement, Philippe Garon, a confirmé à GRAFFICI.CA avoir été questionné par le cabinet du ministre Pierre Moreau et que d'autres membres du mouvement ont été appelés par les autorités policières la semaine dernière dans le cadre du passage dans la région du titulaire du ministère des Affaires municipales.
Au moment où Philippe Garon apprend que le ministre allait être dans la région, il contacte le personnel du ministre le 27 janvier afin de lui faire part de son intérêt de le rencontrer pour lui remettre une carte de souhait de son organisme, laquelle était signée par des dizaines de citoyens.
Le document [la carte] résume l’esprit et la lettre du mouvement qui dénonce les mesures d’austérité de Québec. Deux jours plus tard, soit la veille de la venue du ministre, un attaché politique a rappelé M. Garon pour tenter de le dissuader de poser un tel geste. « Il m’a dit qu’il valait mieux que je remette la carte à lui (l’attaché) et qu’il ferait lui-même le message (au ministre). Je lui ai rappelé qu’on était des citoyens et qu’on voulait s’adresser à un élu et non pas à des employés. L’attaché en question m’a aussi dit que c’était une activité pour annoncer une bonne nouvelle et qu’on pouvait faire ça en dehors du cadre des médias », confie M. Garon à GRAFFICI.CA.
Au final, Philippe Garon se rend à l’Hôtel de Ville de Bonaventure pour tenter de remettre sa carte en main propre au ministre qui était là pour annoncer des investissements dans une infrastructure locale. Aussitôt arrivé sur les lieux, on lui indique que des attachés politiques veulent le rencontrer. « Je rencontre justement l’attaché à qui j’avais parlé la veille et qui m’a présenté à une personne que je crois être son supérieur. Ce dernier m’a demandé de manière insistante de ne pas poser mon geste parce que cela allait “ternir” l’événement et que ça pouvait même nuire au mouvement Touche pas à ma région. J’ai toutefois insisté pour dire que j’allais suivre le protocole. » Ce qu’il a fait. Il a ainsi pu remettre en main propre sa carte au ministre. « Ce que je retiens », dit-il, « c’est que notre mouvement est pris au sérieux. Mais vous savez, cette manière d’agir de la part de l’équipe de M. Moreau, c’est le même manège qui a été appliqué par l’équipe du ministre, Jean D’amour, quand il est venu dans la région. On est rappelé à la dernière minute pour nous dire que le ministre n’a pas le temps de nous rencontrer », fait valoir M. Garon.
La SQ dans le portrait
Ce n’est pas tout. Dans cette foulée, Philippe Garon fait aussi remarquer que deux de ses collègues membres du mouvement Touche pas à ma région ont été contactés mercredi et jeudi de la semaine dernière par le Sûreté du Québec pour connaître les gestes qu’ils allaient poser lors de la visite du ministre.
« Ces personnes qui sont des amis à moi ont été contactées par la SQ. Mais je vous dirais qu’ils ont été interrogés de manière très courtoise et professionnelle », affirme-t-il.
Tout cela soulève des questions et des inquiétudes chez Philippe Garon : « C’est sûr que quand tu t’impliques dans un mouvement pacifiste comme le nôtre, tu ne t’attends pas nécessairement à recevoir un appel de la police! »
Au cabinet du ministre Moreau, l’attaché politique, Jean-Félix Lévesque confirme être au courant que des gens de son cabinet ont parlé à Philippe Garon sans en connaître toutefois la teneur. Ce dernier précise par ailleurs que son équipe est professionnelle et que le but de cette rencontre avec Philippe Garon visait à encadrer la conférence de presse et que jamais il n’a été question d’empêcher M. Garon de rencontrer le ministre.
Du côté de la Sûreté du Québec, on préfère de ne pas commenter l’affaire en invoquant des informations confidentielles.