Train : les élus de la Haute-Gaspésie attendent leur part
SAINTE-ANNE-DES-MONTS – Loin d'être contre l'idée d'investir les 70 millions de dollars manquants pour réhabiliter la voie ferrée dans le sud de la Gaspésie, les élus de la Haute-Gaspésie préviennent qu'ils voudront «leur part du gâteau» si les gouvernements vont de l'avant.
Le commentaire le plus virulent provient de la mairesse de La Martre : «Je serai la première à être de mauvaise humeur. Le train, qu’est-ce qu’on en à foutre?», réagit vivement Claudette Robinson, lorsqu’on lui parle de cette question.
Le fait que la municipalité attende depuis 13 ans pour avoir de l’eau potable explique la réaction directe de la mairesse : «On veut vivre en santé. On a le goût d’avoir de l’eau. C’est notre priorité», dit-elle.
On veut l’équité
Le principe de l’équité devra être appliqué selon la mairesse de Sainte-Anne-des-Monts, Micheline Pelletier : «Si on met des énormes sommes sur la voie ferrée, ce qui est légitime pour le côté sud de la péninsule, comment va-t-on être équitable pour le côté nord, qui a été longtemps oublié?», questionne la mairesse.
«Je comprends les maires de s’inquiéter. On se bat pour la base. Si les autres reçoivent beaucoup d’argent alors qu’ils sont bien garnis, vous comprendrez bien qu’on est légitimé de demander la mise à niveau de nos infrastructures», analyse Mme Pelletier qui se défend de vouloir partir en guerre dans ce dossier.
Elle souligne que le député de Gaspé, Gaétan Lelièvre, en campagne électorale l’été dernier, s’est commis en faveur de la mise à niveau des infrastructures en Haute-Gaspésie.
«A-t-on les moyens de mettre 90 millions dans la voie ferrée? Où va-t-on prendre l’argent pour le restant? lance la mairesse. Il y a du monde qui sera sacrifié. On doit y repenser et analyser ça.»
Elle souligne que le combat pour la voie ferrée est tout de même légitime.
Un préfet prudent
Le préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier, comprend ce genre de réaction. Selon lui, Québec doit agir en mettant les priorités à la bonne place. Pour lui, il est clair que si Québec va de l’avant dans le dossier du train, il ne devra pas oublier sa MRC.
Le projet de modernisation de l’aéroport de Sainte-Anne-des-Monts, mentionné dans le Plan de relance de la Gaspésie, devra aller de l’avant : «Si vous donnez de l’argent pour le train, je veux un engagement formel pour l’aéroport, dit M. Cormier. Par souci d’équité, le gouvernement n’aura pas le choix d’investir dans l’aéroport.»
Ce projet de 3,5 millions de dollars permettrait de prolonger et d’élargir la piste actuelle, en plus d’améliorer son éclairage et le balisage.
La Société du chemin de fer prudente
Le président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie, François Roussy, comprend les doléances des élus de la Haute-Gaspésie.
Il estime cependant que les élections municipales à venir cet automne teinte le débat : «On approche des élections. On sent beaucoup une dynamique politique qui s’installe. C’est normal. Les gens veulent se positionner et faire des affirmations qui leur donneront de la visibilité», dit M. Roussy.
Il invite à la solidarité : «Soyons unis pour aller chercher de l’argent qu’on investit dans d’autres régions et dans les grands centres. Ne commençons pas à se jalouser et à dénigrer les projets», souhaite M. Roussy.