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7 juin 2012 11 h 06

Via Rail en Gaspésie: l’avenir demeure encore incertain

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L’assemblée générale annuelle de Via Rail à Winnipeg le 29 mai n’a pas permis d’apporter des précisions au sujet des intentions du transporteur fédéral en Gaspésie.

Le président-directeur général de la société publique, Marc Laliberté, a plutôt reporté de quelques semaines ou de quelques mois les annonces qui permettront à sa société de récupérer les 6,5 millions de dollars de coupes budgétaires imposées par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
 
Depuis quelques mois déjà, des rumeurs planent sur le sort de quelques autres services de transport de passagers au pays. Le train Océan, reliant Halifax à Montréal, serait ainsi réduit de six voyages par semaine à trois. Le Canadien, le convoi reliant Toronto à Vancouver, passerait de trois à deux voyages hebdomadaires.
 
Quelle place occupe le train Montréal-Gaspé dans les plans de Via Rail? Dans un reportage diffusé le 30 mai, le réseau d’information Global News diffusait, en plus des rumeurs déjà mentionnées, une «information» selon laquelle le «train Gaspé-Moncton» serait aboli.
 
Ce parcours n’existe pas. La méconnaissance des gens de Global News à Winnipeg est-elle à ce point élevée qu’il faille douter de tous les renseignements publiés par ce réseau au lendemain de l’assemblée annuelle de Via Rail?

Les «informations» obtenues par Global News venaient-elles de gens de Via Rail désireux de vérifier comment ces scénarios seraient reçus dans les communautés potentiellement touchées? Le président-directeur général de Via Rail, Marc Laliberté, a indiqué laconiquement dans le reportage de Global News que «nous ferons les annonces quand nous serons prêts.»
 
De son côté, le porte-parole de Via Rail, Malcolm Andrews, s’avance fort peu sur les moyens que prendra le transporteur pour récupérer 6,5 millions de dollars $. M. Andrews ne parle même pas de diminution possible de fréquence des trains.
 
«Évidemment, Via Rail révise de façon régulière toutes ses opérations. Via Rail va apporter des ajustements; ça peut être à ses tarifs, à ses horaires, à son service de bagages, par exemple, Dans le cas d’une décision prise de façon importance, il y aurait une communication avec les communautés», dit-il.
 
Devant l’insistance du Graffici.ca à obtenir un commentaire sur le reportage de Global News, Malcolm Andrews rappelle qu’on «ne commente pas les rumeurs», s’appuyant en outre sur la faible connaissance du réseau de Via Rail, parce qu’il n’y a «pas de trains qui transitent entre Gaspé et Moncton».
 
Il dit plus tard que «nous ne sommes pas rendus là en Gaspésie», en faisant référence à une suppression totale du service.
 
Les scénarios

Les observateurs de la scène ferroviaire à la grandeur du pays et même aux États-Unis ont échangé toutes sortes d’hypothèses dans les jours ayant suivi l’assemblée annuelle de Via Rail.
 
La Gaspésienne Cynthia Patterson, de Dignité rurale, généralement bien informée de ce qui se trame à Via Rail, n’a pas entendu de rumeurs à l’effet que le train Montréal-Gaspé serait aboli. «J’entends parler de la réduction de six à trois trains hebdomadaires pouvant toucher le train Halifax-Montréal, mais je n’ai pas d’échos pour le Chaleur», souligne-t-elle.
 
La réduction de moitié de la fréquence du train des Maritimes toucherait quand même la Gaspésie, rappelle Mme Patterson, «parce que plusieurs Gaspésiens de la portion ouest du territoire prennent le train à Campbellton ou Matapédia les jours où le train Chaleur ne circule pas».
 
Elle doute aussi que Via Rail, dans un scénario où le train Océan et le train Chaleur rouleraient à raison de trois voyages par semaine, décide de les faire circuler en alternance, ce qui donnerait toujours une possibilité de six jours par semaine aux gens de l’ouest de la Baie-des-Chaleurs, du secteur de Matapédia et des Plateaux, de la vallée de la Matapédia et du reste du Bas-Saint-Laurent.
 
 «Via Rail voudra sans doute épargner le maximum d’argent. Faire rouler les trains Chaleur et Océan ensemble entre Montréal et Matapédia coûte moins cher, sur le plan de l’exploitation parce que ça ne prend qu’une seule équipe dans la locomotive, mais comme service public, c’est le pire scénario», dit Cynthia Patterson.
 
En consultant des forums de discussions ferroviaires, le Graffici.ca décèle peut-être une hypothèse pouvant expliquer les rumeurs de suppression totale du train Montréal-Gaspé.
 
Certains observateurs craignent que Via Rail décide d’emprunter, pour sa liaison Halifax-Montréal, une autre voie ferrée à partir de Moncton, à savoir l’axe Moncton-Edmundston-Saint-André-de-Kamouraska, plutôt que le parcours Moncton-Bathurst-Campbellton-Amqui-Rimouski-Rivière-du-Loup-Saint-André-de-Kamouraska.

Le parcours via Edmundston raccourcirait l’intervalle au cours duquel les trains destinés à Gaspé et Halifax roulent ensemble. Les trains devraient être séparés, ou joints dans le cas du retour, à Saint-André-de-Kamouraska plutôt qu’à Matapédia. L’économie d’exploitation serait moindre, d’où la possibilité de couper purement et simplement la liaison de Gaspé.
 
Malcolm Andrews trouve pour le moment cette éventualité peu probable. «Il n’y a aucun plan de modifier le parcours de l’Océan», assure-t-il.
 
Il croit que des observateurs de la scène ferroviaire échafaudent ce scénario parce que le Canadien National, propriétaire des deux emprises ferroviaires, celles du nord du Nouveau-Brunswick et celle passant par Edmundston, examine différents scénarios pour son tronçon Moncton-Bathurst-Campbellton.
 
Ce tronçon a connu une importante baisse d’achalandage en ce qui a trait aux marchandises, au cours des dernières années, et la fermeture prévue de la mine Brunswick, de Bathurst, affectera davantage le trafic de fret, la principale source de revenus de la plupart des chemins de fer au pays.
 
Les trois députés néo-démocrates de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, Philip Toone, Guy Caron et François Lapointe, dénoncent dans un communiqué commun toute coupe éventuelle de service de Via Rail dans leurs régions. Une réduction de fréquence du train pourrait entraîner une spirale descendante qui minerait la clientèle. De plus, cela irait à l’encontre du développement durable et de la possibilité de trouver des alternatives à l’auto.