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19 mars 2014 13 h 09

Vos candidats et le Rail : de la prudence à l’appui inconditionnel

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NEW RICHMOND – Les candidats des circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure s’engagent à travailler à la sauvegarde, voire à la prospérité du chemin de fer gaspésien.

Deux d’entre eux, Gaétan Lelièvre, candidat du Parti québécois dans Gaspé et Jean-Marc Landry, de la Coalition avenir Québec dans Bonaventure, refusent toutefois de signer un chèque en blanc.
 
La voie ferrée Matapédia-Gaspé nécessitera d’importants investissements pour sa remise en état. En 2010, la somme requise se situait à 93,5 millions $, à investir au cours des cinq années suivantes, afin de garantir la sécurité du tronçon pour 25 ans. L’État québécois a depuis octroyé 27 millions $ pour réparer le tronçon, une somme principalement consacrée aux ponts.
 
Récemment, la Société du chemin de fer de la Gaspésie, propriétaire de l’emprise, a commandé deux études, l’une devant remettre à jour les besoins en infrastructures identifiés en 2010, et l’autre ayant pour but d’établir le marché à desservir.
 
Le ministre régional et député sortant dans Gaspé Gaétan Lelièvre a consulté un condensé des deux documents, mais il ne dévoile pas les résultats en détail, « parce que l’étude ne m’appartient pas », dit-il.
 
Il concède toutefois que la somme requise pour assurer la réfection du tronçon « risque d’être plus élevée » que 66,5 millions $, le solde obtenu en soustrayant 27 millions $ de 93,5 millions $.
 
« Ça risque d’être plus (que 66,5 millions $). Rien ne baisse (…) Les coûts de construction augmentent de plus ou moins 5 % par année », note M. Lelièvre.
 
Un gouvernement réélu du Parti québécois assurerait-il que les travaux de réfection vont se poursuivre? Le ministre tente d’être rassurant. « Il y a de l’espoir. Ce n’est pas la mort du chemin de fer. Ça prend une volonté gouvernementale », poursuit le député de Gaspé, assurant être un « défenseur des moyens de transport ». Il assure aussi « croire au chemin de fer ».
 
Il est encouragé par ce qu’il a pu consulter de l’étude de marché. « Il y a déjà des clients, et il y a aussi des opportunités, comme la cimenterie de Port-Daniel ». M. Lelièvre ajoute qu’il faudra aussi s’atteler à la tâche de transporter des pales éoliennes par rail. Mais il hésite quand vient le temps de garantir l’engagement futur du prochain gouvernement. « Il s’agira de décider, à la lumière de l’étude de marché ».
 
Dans Bonaventure, le candidat libéral et ex-député Damien Arsenault n’est pas dans le secret des dieux au sujet de la facture de réfection de la voie ferrée. Il croit toutefois « qu’on ne peut pas reculer », quel que soit le montant.
 
« M. Couillard (Philippe, le chef libéral) a déjà dit qu’on s’impliquerait pour les dizaines de millions qui manquent. C’est à souhaiter de le faire en partenariat avec le fédéral (…) Le chemin de fer, c’est une chose, mais on veut favoriser son utilisation par les entreprises, Via Rail et les autres (expéditeurs), et ensuite assurer une rentabilité à cette voie ferrée. Tout tombe à partir du moment où les infrastructures ne sont pas adéquates », dit-il.
 
La candidate du Québec solidaire, Patricia Chartier, précise que son parti a un « plan vert afin de sortir du pétrole. L’utilisation du train est tellement logique pour réduire la consommation de carburants fossiles. Notre parti veut consacrer 24,6 milliards $ en cinq ans pour l’efficacité énergétique, dont 22 milliards $ en immobilisations. On s’entend que le transport en commun se passe beaucoup en ville, mais il y en a ici. Les PME (petites et moyennes entreprises) de la région, Temrex à Nouvelle et Rail GD à New Richmond par exemple, en ont besoin », plaide-t-elle.
 
Jean-Marc Landry et la Coalition avenir Québec reconnaissent l’importance du tronçon ferroviaire Matapédia-Gaspé pour les entreprises gaspésiennes, pour les usagers du train de passagers de Via Rail et pour l’industrie touristique. Cet axe ferroviaire pourrait d’ailleurs trouver une place de choix dans le Projet Saint-Laurent, dit-il.
 
« Nous sommes au courant que ça prend 70 millions $ pour être fonctionnel. Par contre, il y a des études auxquelles on n’a pas accès. On va (les) analyser pour se positionner clairement. Si on veut mettre en place le Projet Saint-Laurent, qui fait mention du transport intermodal, le transport ferroviaire est un outil fondamental. Il faut l’intégrer à des volumes de transport de marchandises et de passagers pour justifier les sommes à investir », ajoute M. Landry.
 
« Pour que ce soit acceptable, et on est peut-être devant le dilemme de la poule avant l’œuf ou l’œuf avant la poule, il faut se demander si on rénove avant de trouver du volume ou si on trouve du volume avant de rénover. Moi, je pense qu’il faut trouver les deux en même temps (…) J’ai des problèmes avec l’argument de François Roussy (président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie) disant qu’on a une maison et qu’on doit l’entretenir pour qu’elle reprenne de la valeur. Si la maison est mal organisée et mal située, même si on la rénove, on n’augmentera pas sa valeur. On ne peut plus investir d’abord et dire, “on verra ensuite”. Ce doit être intégré dans une politique de transport », conclut-il.
 
Louis-Patrick Saint-Pierre, candidat d’Option nationale dans Bonaventure, assure que « l’enjeu est fondamental. Le transport de marchandises est essentiel si on veut permettre à nos entreprises de poursuivre leur progression. Dans notre démarche vers l’indépendance, notre parti veut rapatrier cette juridiction, qui est fédérale (majoritairement). À court terme, on peut appuyer les efforts de réparation, mais c’est difficile si on ne peut contrôler la juridiction. Ce serait plus simple si on rapatriait nos impôts ».