Caroline Dugas : passionnée d’art, de nature et de variété
NOUVELLE | Caroline Dugas, aussi connue sous le nom de la Fée Couleur, est une artiste de la Baie-des-Chaleurs qui, tout au long de sa carrière, a exploré plusieurs formes d’art. Avec les années, elle s’est surtout fait reconnaître pour son talent en illustration et ses oeuvres d’art publiques.
Dès son plus jeune âge, Caroline Dugas voulait devenir artiste peintre lorsqu’elle serait grande. On peut dire qu’elle s’est considérablement approchée de son rêve d’enfant puisqu’aujourd’hui, c’est dans sa résidence et son atelier qu’elle pense et matérialise des projets artistiques de toutes formes et de toutes grandeurs. Entourée de ses animaux de compagnie et de son amoureux, la Fée Couleur se plaît à travailler des images qui évoquent la beauté de la nature.
« J’ai toujours mis des éléments de la nature dans ce que je fais », remarque celle qui a obtenu un diplôme d’études collégiales en arts plastiques. Depuis quelque temps, l’artiste a d’ailleurs décidé de préciser sa ligne directrice : elle ajoute des éléments rappelant « les animaux sauvages, la nature gaspésienne et la protection de la faune » dans ses oeuvres. Toujours présentée de manière « fantaisiste et surréaliste », cette démarche vise à inspirer l’harmonie entre l’observateur et ce qui l’entoure.
Caroline Dugas aime insérer des détails cachés dans ses oeuvres afin de susciter un effet de surprise : « ça devient ludique et ça devient plus intéressant à regarder plus longtemps ». C’est d’ailleurs ce qu’elle a fait dans son projet Les Fleurs-Mémoire, que l’on aperçoit derrière elle. Photo : Élise Fiola
Une artiste aux talents multiples
Ayant conçu des bijoux, des chapeaux, des créations en feutre et de nombreux produits d’art au cours de sa carrière, La Fée Couleur a plus d’une corde à son arc. Cependant, depuis 2017, elle a décidé de canaliser sa créativité. « Le dessin a toujours été au centre [de ma pratique artistique]. Il se retrouve dans tout ce que j’ai fait et dans tout ce que je fais présentement. C’est ce qui m’allume le plus », reconnaît celle qui détient aussi une attestation d’études collégiales en dessins animés. De ce fait, elle choisit désormais de se présenter d’abord et avant tout
comme illustratrice et artiste muraliste.
Comptant plusieurs projets d’art publics à son actif, celle qui est parvenue à se bâtir un nom dans le monde artistique gaspésien travaille surtout sur commande. Qu’il s’agisse d’imaginer un nouveau projet pour une murale, de peindre un piano public ou encore de dessiner la pochette d’un album de musique, Caroline Dugas répond très souvent présente, peu importe le défi qui lui est lancé. « Moi, demandez-moi n’importe quoi, je vais trouver une solution! », affirme-t-elle d’un ton confiant, avec un brin d’humour.
Selon elle, c’est ce qu’elle a réussi à prouver en créant La bernache, installée à la halte routière de Carleton-sur-Mer. Grâce à ses recherches, l’artiste est parvenue à créer une « murale » là où il n’y avait pas de mur. Pour ce faire, elle a utilisé pour la première fois un service d’impression sur aluminium sublimé. C’est d’ailleurs sur ce même matériau qu’elle a imaginé Les Fleurs- Mémoire, un mémorial de paix dédié aux anciens combattants de la Gaspésie. Il sera installé à la halte routière de Pointe-à-la- Garde, à Escuminac.
Entre décembre 2017 et mai 2018, Caroline Dugas a travaillé à la conception et à la réalisation de l’une de ses oeuvres les plus visibles publiquement, La bernache, installée à la halte routière de Saint-Omer, le long de la route 132. Il s’agit d’une oeuvre animalière géante incluant des éléments de l’histoire des habitants de Saint-Omer et de Saint-Louis-de-Gonzague, une communauté de l’arrière-pays fermée au milieu des années 1970. La photo a été prise lors de l’inauguration, en mai 2018. L’oeuvre avait été commandée en décembre 2017, en marge du 250e anniversaire de Carleton-sur-Mer. Photo : Sarah Lacroix
Créer à partir de soi
Alors qu’elle crée habituellement pour ceux et celles qui l’entourent, Caroline Dugas est enthousiasmée à l’idée d’entreprendre un projet personnel – ce qu’elle n’avait pas fait depuis un moment.
Elle a commencé au cours de l’automne la préparation de l’exposition du Grand portfolio des animaux, pour laquelle elle a obtenu une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec. Celle qui aime travailler en équipe et partager autant avec d’autres artistes qu’avec les communautés allie, à travers ce projet, les deux causes lui tenant le plus à coeur : la préservation de la nature et la santé mentale.
Après avoir été exposée à un événement troublant comportant de la cruauté envers les animaux, Caroline s’est plongée dans son art. C’est de là que son idée est née. L’illustratrice, qui a développé un fort intérêt pour l’art graphique [numérique] au cours des dernières années, elle travaille avec les personnes handicapées fréquentant la Maison Maguire de Saint-Omer. L’objectif est de développer une exposition collective qui célèbre la nature et les animaux, mais surtout le lien que l’humain doit entretenir avec ceux-ci.
Caroline Dugas vient de réaliser, en janvier 2022, cette oeuvre d’art digitale intitulée Les bélugas. Elle fait partie d’une série d’illustrations digitales en cours de création. Elle est réalisée à l’occasion de son projet Le Grand portfolio des animaux, un chantier créatif partagé avec des personnes handicapées et menant à une future exposition collective sur la thématique de la protection de la faune gaspésienne. Photo : Offerte par Caroline Dugas
Percer malgré tout
La créatrice témoigne que 2020 a été une période particulièrement difficile : elle et beaucoup d’artistes ont dû faire face à de nombreuses « déceptions » alors que les projets tombaient à l’eau les uns après les autres. « On t’arrache tes petits projets de bonheur », précise celle pour qui l’art est son premier revenu.
Si elle note que son travail est pour le moins précaire et que selon elle, l’aide gouvernementale apportée aux artistes durant la pandémie s’est avérée insuffisante, Caroline Dugas persévère. Sa carrière a d’ailleurs atteint, en dépit des obstacles de la dernière année, des sommets.
« Je n’ai jamais eu autant de gros projets dans la même année », se réjouit-elle. L’artiste rêve d’ailleurs de semer ses couleurs en Haute-Gaspésie et au Nouveau-Brunswick, deux territoires qu’elle n’a pas encore eu la chance d’explorer jusqu’ici.