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Culture
8 juillet 2021 9 h 19

Des mots, des notes et des images (partie 2/2)

Élise Fiola

Journaliste

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Zénith
Èzuli Films

CARLETON-SUR-MER | Le tournage du court-métrage Zénith, première production de la com-pagnie Èzuli Films et dirigée par le réalisateur gaspésien Mathieu Cyr, a eu lieu du 28 mai au 1 juin à Carleton-sur-Mer. C’est une troisième réécriture qui s’amorce à l’étape de la postproduction afin que le film de science-fiction soit prêt pour le lancement prévu vers le début de l’hiver.

Mettant en vedette Marilyn Castonguay, Louise Portal et David Savard, Zénith plonge le spectateur dans un univers dystopique qui révèle des enjeux actuels et profonds tels que les agressions envers les femmes et le réchauffement climatique. À travers l’histoire d’une mère en devenir, qui voit son univers chamboulé par une dure nouvelle à la veille d’un confinement, la scénariste Émilie Lemay Perreault met de l’avant « des femmes qui essayent de se battre pour vivre, pour survivre, avec toutes leurs imperfections ».

Celle qui a aussi complété un baccalauréat en travail social explique : « Une chose importante pour nous, dans nos valeurs, c’est de ne pas montrer des femmes qui sont parfaites. C’est de montrer des femmes qui sont vraies, et de s’éloigner des standards de féminité qu’on retrouve partout. »

Les richesses de la région

Comme l’explique la scénariste, l’histoire est teintée par des décors propres à la Gaspésie qui dégagent une atmosphère et apportent une couleur particulière au film. Le réalisateur Mathieu Cyr transpose ces éléments imagés dans sa vision. « Je me sers de la puissance métaphorique de l’extérieur même si je travaille pratiquement dans un huis clos. Pour moi, [dans] le soleil, le vent, l’eau et la mer, il y a quelque chose de présent… Il y a une immensité à laquelle le personnage est confronté lorsqu’il est dehors », spécifie celui qui a plus de 10 ans d’expérience dans l’industrie du cinéma.

Les trois fondateurs d’Èzuli Films ont un attachement particulier à ce territoire et à ses communautés. « L’équipe est un beau mélange de gens expérimentés, de gens du milieu, à Montréal ou à travers le Québec, et de Gaspésiens intéressés au cinéma », indique Mathieu Cyr.

Leur objectif : « donner une voix aux régions » qui, selon eux, sont trop souvent oubliées dans le milieu cinématographique. En tournant Zénith en Gaspésie, les associés veulent « montrer à quel point on peut faire les choses d’une manière extrêmement professionnelle [même en région] », explique Sabrina Merceron, la troisième membre fondatrice de l’entreprise de production. Elle souligne qu’ils ont reçu l’aide inestimable des membres de la communauté que ce soit en temps, en argent ou en biens de consommation.

Le trio souhaite présenter le film en Gaspésie une fois qu’il sera terminé. Il espère que le succès de Zénith permettra de faire reconnaître la richesse des régions et de la valoriser aux yeux du milieu cinématographique. Les producteurs ont espoir que le court-métrage facilitera l’obtention de subventions pour leur prochain projet de plus grande envergure, le film L’île, qui est déjà entamé.


La comédienne Marylin Castonguay campe le rôle d’une future mère qui devra prendre une décision pour elle-même ainsi que pour son enfant. Photo : Élise Fiola

 

La porcelaine des oies
Hélène Poirier

BONAVENTURE | Le lancement du second recueil de poésie d’Hélène Poirier, La porcelaine des oies, s’est déroulé le 3 juin dernier au Café Acadien de Bonaventure. Lors de cet événement sous forme de 5 à 7, les invités ont assisté à des lectures d’extraits accompagnées de performances musicales exclusives.

À son retour à Bonaventure, Hélène Poirier s’est laissée inspirer par le va-et-vient des bernaches qui préparaient leur migration. Son oeuvre La porcelaine des oies ne porte donc pas un titre anodin. Entre force et fragilité, ses mots racontent une histoire et des sentiments qui sont nés d’un amalgame de ses relations amoureuses. Par sa poésie, Mme Poirier exprime « la trace que [ses rencontres] ont laissée sur [sa] trajectoire ».

Lors du lancement, l’organisatrice de l’événement, Line Boily, a lu un texte rédigé par Marc Pelletier. Le directeur littéraire aux Éditions David souligne que « c’est sa présence dans le monde et son lien à l’autre [qu’Hélène Poirier] explore avec beaucoup de sensibilité ». Il recommande cette lecture « pour la profondeur de la réflexion sur les relations humaines, mais aussi pour la beauté des phrases et des images ».

Mme Poirier, qui a fait un stage à l’Union des écrivaines et des écrivains québécois sous l’oeil de son mentor Mario Brassard, note que son inspiration se puise souvent dans les relations interpersonnelles. En effet, sa suite poétique Mes dessins dans tes regrets explorait la relation avec la mère. Elle a d’ailleurs obtenu, en 2015, la mention du jury du Prix Piché de poésie pour ce texte. De plus, celle qui est mère de deux garçons s’était aussi attardée aux relations mère-fils dans son premier recueil nommé La maison suspendue.

La porcelaine des oies a permis à l’écrivaine d’observer la beauté et d’y cueillir du réconfort et de la lumière au courant de cette année particulière. Elle trouve qu’on a acquis, durant les derniers mois, « une grande soif de choses qui nous font du bien, de baumes sur le coeur » et espère que son livre aura cet effet sur ses lecteurs.

Lors de cette soirée où elle était entourée de Liza Garant, qui agissait en tant que seconde lectrice, de Serge Champagne (guitariste) et de son neveu Raphaël Arsenault (violoniste), Hélène Poirier était très reconnaissante de pouvoir partager son art et son travail avec ce public d’une vingtaine de personnes. « Écrire de la poésie c’est comme aller aux agates », image-t-elle. « Ici, en Gaspésie, on va aux agates comme des chercheurs d’or cherchent des pépites dans une rivière. Alors, moi, [je vais à la recherche d’images] et j’aime livrer ma poésie comme je montre ma cueillette d’agates : c’est magique. »


Hélène Poirier a écrit son livre en s’adressant « à toutes les personnes sensibles qui aiment la beauté [et qui voient] autre chose que ce que l’évidence nous donne ». Photo : Élise Fiola


La soirée s’est terminée sur une composition inédite de Raphaël Arsenault qu’il a nommée en l’honneur de la plume de sa tante : La porcelaine des oies. Photo : Élise Fiola

Lire – Des mots, des notes et des images (partie 1/2)