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1 décembre 2014 12 h 09

Cégep : non unanime aux nouvelles compressions

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GASPÉ – L’ensemble des acteurs oeuvrant au sein du Cégep de la Gaspésie et des Îles dénonce les nouvelles vagues de compression budgétaire, le conseil d’administration du cégep ayant même adopté une résolution en ce sens jeudi soir dernier.

Pour le seul exercice financier amorcé le 1er juillet 2014, la compression totalise 600 000 $. Une première coupe faite en début de l’année était de l’ordre de 361 000 $. La plus récente, annoncée il y a deux semaines, retranche un montant additionnel de 236 000 $ sur un budget annuel de 32 M$.

Les services aux élèves seront touchés par ces nouvelles compressions et un déficit est à prévoir pour l’exercice financier en cours : « C’est tout le personnel non enseignant, les activités complémentaires qui sont visées par les compressions. On n’arrivera pas à court terme à absorber la compression additionnelle. Elle nous arrive en plein milieu de l’année. On pourra quand même réduire nos dépenses de 150 000 $. Il faudra vraisemblablement envisager un déficit, compte tenu des engagements déjà pris », explique le directeur général, Yves Galipeau.

Ceci laisse donc prévoir un déficit de quelque 70 000 $ cette année, qu’il faudra un jour combler. « Tout ce qu’on ne fait pas cette année, il faudra le faire plus tard. Il faut trouver des solutions permanentes. La coupure est récurrente », ajoute M. Galipeau.
Des rumeurs dont état de nouvelles compressions pour l’an prochain : « Honnêtement, je ne vois pas comment on pourrait nous couper davantage ».

Comment boucler le budget

Le prochain exercice financier verra une analyse très fine pour chaque poste de dépenses afin de trouver des économies.

« Il faudra voir à l’efficience générale de l’organisation. On est à l’écoute de notre personnel. Est-ce qu’ils ont des suggestions? On veut trouver des solutions permanentes », explique le directeur général.

Les autres cégeps de l’est seront aussi mis à contribution : « On travaille déjà ensemble pour le recrutement international ou la coopération avec la France. Ce partenariat qui est fructueux et efficient pour nos organisations, on essaie de voir si on ne pourrait pas l’appliquer à d’autres secteurs d’activités. »

Des inquiétudes parmi les employés

Une centaine de personnes ont manifesté devant le campus de Carleton-sur-Mer jeudi dernier pour s’opposer aux compressions de Québec.

« Là, on ne peut plus. Les administrations ne savent plus où couper. Ils sont bien mal pris avec ça et nous on est très inquiets pour la qualité des services aux étudiants. On le sait que la rétention des jeunes en région est un enjeu et on craint que ça ait un impact sur la décision que prendront les jeunes de rester ou de partir », souligne Amélie Dallaire, enseignante depuis quatre ans à Carleton-sur-Mer.

« En Gaspésie on n’est plus à l’époque des pêches ou de l’exploitation des ressources naturelles, on est dans une société qu’on appelle du savoir. Si on coupe dans l’éducation, on se coupe nous-mêmes. L’éducation ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. C’est ça que M. Couillard devrait essayer de comprendre de même que M. Bolduc. Ne pas investir dans l’éducation c’est synonyme de pauvreté », rappelle Jean-Marie Thibault, professeur d’histoire à Carleton-sur-Mer.

Il a raconté d’entrée de jeu la fable du bûcheron idiot qui a coupé ses jeunes pousses une année qu’il avait moins de rendement dans sa plantation adulte. « Ce qui s’est passé l’année après… Il n’avait plus rien! »

Les mêmes préoccupations se font sentir à Gaspé

« Les coupes budgétaires n’amélioreront pas la situation. Je suis agente de soutien administratif. Il y a eu beaucoup de coupures. On se bat toujours pour garder nos emplois, ça occasionne des surplus de tâches parce qu’ils ne remplaceront plus personne. Là, c’est comme trop », indique Nadia Denis employée du cégep à Gaspé depuis 14 ans.

« À un moment donné, on ne peut plus couper. C’est comme si les régions étaient complètement oubliées. On essaie d’appliquer aux régions les mêmes règles qu’en ville. Je trouve ça révoltant ce qui se passe. Par exemple, les services adaptés. Nous, on est passé du simple au double du nombre d’étudiants qui avaient besoin de ces services. Le cégep doit donner le service sans avoir plus d’argent. Je trouve ça méprisant de la part du ministère de traiter les gens comme ça. Ici, les gens sont vraiment choqués », ajoute Andrée Tremblay, professeure de littérature à Gaspé.

Pour les étudiants qui doivent consulter des conseillers en orientation, les services sont de moins en moins accessibles : « Déjà, on a une liste d’attente jusqu’en janvier et possiblement qu’il y en a que je ne pourrai voir. On est déjà en compressions et les besoins ne seront pas tous répondus ou en tous les cas pas aussi rapidement qu’on pouvait le faire auparavant. On est déjà en sous-effectif par rapport aux demandes », souligne Isabelle Coulombe, conseillère en orientation depuis 12 ans à Gaspé.

Des étudiants inquiets

Les étudiants sont inquiets non seulement pour les services aux élèves, mais aussi pour leur propre avenir.

« Déjà qu’il y a moins de monde dans les cégeps en région, ce serait bien de ne pas faire de compression », Roxane Dufresne, étudiante en première année en sciences humaines à Gaspé.

« Je suis étudiante et je crains que les coupures touchent les services aux étudiants comme le carrefour linguistique ou des étudiants viennent chercher de l’aide en français. Il faut manifester contre ça! », dit Émilie Paquette, qui participait jeudi dernier à la manifestation de Carleton-sur-Mer, où elle portait une pancarte où il était écrit « Le père Couillard a perdu le nord ».

L’impact du Cégep dans la région

Le Cégep de la Gaspésie et des Îles et ses trois centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) procurent 487 emplois de qualité et génèrent des retombées économiques de 26,5 millions $, selon une étude de la firme KPMG-Sécor.  

Depuis 2011, la maison d’enseignement a subi cinq compressions budgétaires totalisant 1 469 406 $.

 

(En collaboration avec Karyne Boudreau)

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