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21 mars 2014 15 h 03

Cimenterie : Deux partis rouvriraient l’entente

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CARLETON-SUR-MER – Deux partis politiques, la Coalition Avenir Québec et le Québec solidaire, rouvriraient l’entente annoncée le 31 janvier par la première ministre Pauline Marois, entente conférant un appui de 450 millions $ au projet de cimenterie de Port-Daniel.

Cette entente stipule qu’Investissement-Québec accordera un prêt de 250 millions $ à Ciment McInnis, le promoteur du projet. Le même organisme prendra une participation de 100 millions $ dans le capital-actions de l’initiative d’un milliard $, tandis que la Caisse de dépôt et de placement du Québec consacrera aussi 100 millions $ pour acquérir une part de ce capital-actions.
 
La CAQ renégocierait l’entente

Depuis la fin de janvier, la Coalition avenir Québec (CAQ) a été le plus virulent critique de l’entente, dénonçant notamment le contexte de surcapacité des quatre cimenteries québécoises pour statuer qu’il n’est pas justifié de subventionner une autre usine.
 
Le chef de la CAQ, François Legault, a indiqué lors d’un passage précampagne à Gaspé en février, qu’il respecterait la signature de l’État québécois, s’il est élu le 7 avril, mais depuis le déclenchement officiel des élections, le 5 mars, il ne cesse de s’engager « à annuler tout ce qui n’est pas prioritaire ».
 
Stéphane Le Bouyonnec, député de la CAQ responsable des questions économiques et financières, réitère que son parti « tenterait de renégocier l’entente », plutôt que l’annuler puisque « le respect d’une signature gouvernementale, c’est important ».
 
La renégociation serait néanmoins possible, assure-t-il. « Ce qui a été négocié, c’est une entente de principe, avec pas mal de zones grises. On pense qu’il y a de la place pour des renégociations, comme c’est usuel dans le milieu financier (…) On va profiter du fait que l’entente n’est pas “closée”, pas définitive, pour renégocier », aborde M. Le Bouyonnec, qui représente la circonscription de La Prairie.
 
Les critiques de la CAQ viennent notamment du fait que le parti soupçonne que de nombreuses clauses de l’entente liant Investissement-Québec, la Caisse de dépôt et de placement du Québec, Ciment McInnis et l’État québécois sont encore inconnues. M. Le Bouyonnec rappelle que de nombreux éléments connus de l’entente clochent déjà.
 
« Le prêt de 250 millions de dollars et la participation de 100 millions de dollars d’Investissement-Québec sont pris dans les fonds publics, et non dans les capitaux propres d’Investissement-Québec. Le fonds de développement économique du Québec est de 2,7 milliards de dollars et on y a ajouté 350 millions de dollars. Nous savons aussi que la cimenterie bénéficiera de tarifs préférentiels d’Hydro-Québec. C’est certain. Nous ignorons seulement quelle sera la consommation d’électricité. Nous savons aussi que le projet bénéficierait d’un congé d’impôt de 10 ans, selon le dernier budget du gouvernement québécois », poursuit M. Le Bouyonnec.
 
Il concède, comme le lui fait remarquer Graffici.ca, que ce budget n’a pas été adopté, mais il ajoute que ça donne une indication de ce qu’un gouvernement du Parti québécois est prêt à faire.
 
« Il faut faire le total de ce que ça coûte. L’intérêt du prêt de 250 millions de dollars est cumulable, c’est-à-dire qu’il ne sera payé à Investissement-Québec et au gouvernement qu’une fois le capital remboursé. Le problème, je le répète, c’est la hauteur de l’aide accordée », conclut Stéphane Le Bouyonnec.
 
Québec solidaire réviserait le projet

Patricia Chartier, candidate du Québec solidaire dans Bonaventure, précise qu’un gouvernement formé par son parti ne respecterait pas l’entente « comme elle est négociée. On réviserait le projet, pour que ça cadre dans le développement durable, pour que ce soit moins polluant. Il faudrait un autre carburant (…) Nous ne sommes pas contre entièrement. Il y a une ressource de calcaire intéressante à exploiter, mais pas de la façon dont c’est planifié présentement », aborde-t-elle.
 
« Ce n’est pas l’investissement public qui pose problème, c’est le fait que l’investissement finance de la pollution. Nous, au Québec solidaire, favorisons l’innovation technologique. Ce doit être porteur d’avenir. On voit l’inquiétude du reste de la province. Les lobbys extérieurs vont faire beaucoup de bruit au cours des prochaines semaines. C’est un projet mal ficelé », conclut Mme Chartier.
 
Les libéraux respecteraient le « deal »

Damien Arsenault, candidat libéral dans Bonaventure, a exprimé plusieurs fois depuis le début de la campagne électorale son appui au projet de Ciment McInnis. Quand le Parti québécois a reproché aux libéraux une position ambigüe quant au projet, M. Arsenault leur a fait remarquer qu’il avait diffusé un communiqué le lendemain de l’annonce du 31 janvier pour dire qu’il était satisfait de voir l’initiative avancer. Par ailleurs, son chef Philippe Couillard a appuyé ouvertement le projet notamment lors du débat des chefs diffusé à Radio-Canada le 20 mars dernier.

Le PQ à la défense du projet

Sylvain Roy, député sortant du Parti québécois, en a même fait une question de santé publique, assurant que les « 400 emplois directs et indirects » créés par la cimenterie combleraient les attentes de plusieurs citoyens se sentant un peu exclus depuis que la MRC du Rocher-Percé a essuyé des coups durs, économiquement.
 
Le ton se durcit sur la scène nationale

Sur la scène nationale, le ton se durcit à l’endroit de l’entente du 31 janvier. Mercredi dernier, le Regroupement pour l’équité dans l’industrie cimentière québécoise a été fondé pour inciter l’État québécois à revenir sur sa décision d’appuyer massivement Ciment McInnis.
 
« Notre industrie fonctionne à 60 % de sa capacité. Nous avons commandé une étude dans laquelle il est spécifié que le retour à l’équilibre entre l’offre et la demande n’est prévu que pour 2021. Nous voulons voir les études sur lesquelles le gouvernement s’est appuyé pour prendre sa décision. “Montrez-nous vos chiffres”. S’il n’y en a pas, le public pourra juger », explique Michel Binette, porte-parole du Regroupement.
 
M. Binette et les 25 organismes formant le Regroupement craignent que le projet de Port-Daniel ne débouche finalement que sur un déplacement d’emplois.